15 février 1884 : Tchaïkovsky en technicolor

15 février 1884 : Tchaïkovsky en technicolor
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Instant classique – 15 février 1884… 134 ans jour pour jour. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. À deux reprises, Tchaïkovsky avait présenté des opéras à grand spectacle, Opritchnik puis La pucelle d’Orléans. Sans aucun succès. Il en ira autrement avec sa nouvelle œuvre, Mazeppa, créée ce 15 février au Bolshoï, à Moscou. C’est une fois de plus Alexandre Pouchkine qui va inspirer le livret de l’œuvre, avec son poème Poltava, qui datait de 1828.

L’histoire de ce personnage, en partie légendaire, a inspiré bien des écrivains et des compositeurs, et Piotr Ilitch Tchaïkovsky va en faire son miel. Il réalise une partition grandiose, que le Mariinsky de Saint-Pétersbourg et le Bolshoï de Moscou vont s’arracher. C’est Moscou qui gagne et l’œuvre y fait un triomphe, sans réussir à s’imposer ailleurs, ce qui n’a pas changé depuis.

Résumé

Mazeppa, c’est un page du roi de Pologne qui, s’affranchissant de son maître, va devenir soldat en Russie puis, au terme d’une ascension fulgurante, gouverneur d’Ukraine. Complotant contre le tsar au service des Polonais et du roi de Suède, Charles XII, il est battu à Poltava et fuit en Turquie. Ça, c’est pour l’histoire officielle.

L’opéra est élaboré sur l’amour du vieux Mazeppa pour Maria Koutchoubei (histoire également en partie vraie), fille du gouverneur de Poltava. Elle est fascinée par ce guerrier prestigieux et le préfère à Andrei, son jeune soupirant. Mais Koutchoubei ne veut rien savoir.

Mazeppa emploie donc les grands moyens et enlève Maria, dont la mère crie vengeance. Koutchoubei sait que Mazeppa complote contre le tsar aux côtés de Charles XII de Suède et des Polonais ; il envoie Andrei le dénoncer au tsar. Pas de chance, ce dernier n’y croit pas et livre Koutchoubei au gouverneur d’Ukraine, qui essaie en plus de lui arracher le secret de son trésor caché, en vain. Maria ignore le sort de son père et ne le découvre, horrifiée, que lorsque sa mère vient supplier Mazeppa de sauver Koutchoubei. En pure perte, ce dernier est exécuté.

Mais à Poltava (grand tableau symphonique très militaire), Mazeppa et ses alliés sont écrasés par le tsar Pierre le Grand. Andrei, sur le champ de bataille, cherche Mazeppa pour se venger de lui. Mais c’est Mazeppa qui le tue.

Maria, désespérée, a perdu l’esprit et erre elle aussi. Mazeppa ne réussit pas à l’amener avec lui et s’enfuit. Maria trouve Andrei et, croyant bercer un enfant qui s’endort, lui chante une romance sublime, qui clôt l’opéra.

C’est cette berceuse très célèbre qu’on entend ici, chantée merveilleusement par la grande Galina Vichnievskaya, l’épouse de Rostropovitch. Cet opéra à grand spectacle s’achève donc dans un souffle, sur un tapis de cordes aiguës.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



Photographie de Une – Dmitri Skorikov dans le rôle de Koutchoubei



 

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