20 février 1816 : Rossini et « Le Barbier de Séville », une histoire de trois semaines

Instant classique – 20 février 1816… 202 ans jour pour jour. Trois semaines. C’est le temps que s’est donné Gioachino Rossini pour écrire un opéra entier sur la base du Barbier de Séville de Beaumarchais, dans une version très édulcorée qu’avait déjà un peu utilisée Giovanni Paisiello pour son propre opéra, trente-quatre ans auparavant. Assez proche de celle-ci néanmoins pour que Rossini demande une forme d’autorisation à ce dernier, toujours vivant au moment de la création.

Rossini s’était donc engagé, fin décembre 1815, à remettre sa partition pour la mi-janvier en vue d’une création pour le carnaval suivant. Et il réussit, le diable. Avec un opéra dramatiquement très déséquilibré entre les deux actes, moult reprises d’opéras précédents (dont la célébrissime ouverture, recopiée intégralement de son opéra Elisabetta, regina d’Inghilterra, beaucoup moins drôle que celui-ci).

Et pourtant, le génie du cygne de Pesaro fait mouche : des tourbillons de vocalises, des airs devenus légendaires, des situations cocasses, des finali vertigineux, tout y est.

La création au Teatro Argentina de Rome, il y a donc tout juste deux siècles et deux ans, est un four calamiteux. Mais dès la seconde représentation, tout se renverse et plus rien n’arrêtera une œuvre devenue à elle seule le symbole de l’art de l’opera-buffa rossinien, qui allait en donner encore quelques brillants exemplaires, à commencer, moins d’un an plus tard, par La Cenerentola.

Mais à tout seigneur, tout honneur, puisque c’est son bicentenaire (ou presque), largo al factotum della città !

Photographie de Une – Le Barbier de Séville, opéra de Rossini, avec Peter Mattei, direction Maurizio Benini (Metropolitan 2006)