« 3 Billboards » : un excellent film ? Oui. Un chef d’œuvre ? Non

« 3 Billboards » : un excellent film ? Oui. Un chef d’œuvre ? Non
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Mildred Hayes est en colère. Sa fille a été violée, tuée et brûlée à quelques mètres de chez elle et ses meurtriers courent toujours. Pour sensibiliser l’opinion publique, elle décide de louer les trois panneaux publicitaires qui se dressent sur les lieux du crime et d’y afficher un message bien senti, exhortant la police locale et son chef à l’action.

★★★☆

3 Billboards : les panneaux de la vengeance a fait carton plein aux Golden Globes. Frances McDormand a emporté le prix de la meilleure interprétation féminine. Le film de Martin McDonagh compte parmi les favoris aux prochains Oscars. On voit mal comment la statuette pourrait échapper à l’héroïne de Fargo (co-réalisé par son époux Joel Coen) et de la mini-série Olive Ketteridge – même si Meryl Streep a ses chances, au moins autant pour son rôle dans Pentagon papers que pour ses prises de parole de l’année écoulée contre Donald Trump et Harvey Weinstein.

Un scénario qui déroute

filmSans doute 3 Billboards est-il un excellent film qui mérite amplement ses trois étoiles. Frances McDormand – on l’a dit et redit – y livre une interprétation magistrale. Le rôle de sa vie. Celui d’une femme révoltée. Révoltée contre son mari qui la battait et qui l’a quittée pour une cruche de dix-neuf ans. Révoltée surtout par la mort terrible de sa fille qu’elle n’a pas su protéger et dont elle ne sait aujourd’hui comment défendre la mémoire sinon dans la quête vengeresse de ses assassins.

Mais 3 Billboards ne se limite pas seulement à un one-woman show. C’est l’histoire d’une petite ville perdue dans le MidWest – comme aiment à les peindre les frères Coen – avec ses flics caricaturaux et ses citoyens attachants : un nain au grand cœur (Peter Dinklage), le directeur de l’agence de publicité moins pleutre qu’on ne l’aurait cru. Le scénario semble s’engager sur une voix toute tracée : l’acharnement de Mildred Hayes va convaincre le chef Willoughby (étonnant Woody Harrelson) de rouvrir le dossier du meurtre de sa fille et permettra d’en identifier les auteurs. Mais le scénario nous prend à contre-pied au milieu du film, qui emprunte alors un cours inattendu jusqu’à un dénouement qui n’en est pas un et qui laisse les options ouvertes – même si, à y bien réfléchir, elles ne le sont pas tant que cela.

3 Billboards vs Dunkerque

Un excellent film. Mais pas un chef-d’œuvre inoubliable. Les jurés de L.A. n’ont pas toujours eu la main heureuse. Ils ont parfois désigné des films qui, sans démériter, ne méritaient pas de rentrer dans l’histoire du cinéma : ainsi de Argo en 2013, Chicago en 2003, Un homme d’exception en 2002 et, bien sûr, Moonlight l’an passé qui a spolié « La La Land » d’une récompense qui lui était acquise (ouille ! je sens que cette énumération va me valoir des commentaires dissidents !). 3 Billboards s’ajouterait selon moi à cette liste peu glorieuse. Surtout si on le mesure à Dunkerque, lui aussi favori avec huit nominations, qui, de mon point de vue, mériterait cette consécration.

Tony PARODI

 



Martin McDONAGH, 3 Billboards : les panneaux de la vengeance, Grande-Bretagne – États-Unis, 2018, 115mn

  • Sortie : 17 janvier 2018
  • Titre original : Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
  • Genre : comédie dramatique
  • Avec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Abbie Cornish, Kathryn Newton, Lucas Hedges, John Hawkes, Kerry Condon, Zeljko Ivanek, Caleb Landry Jones, Peter Dinklage, Samara Weaving.
  • Distribution : Twentieth Century Fox

En savoir plus sur le film : 3 Billboards : les panneaux de la vengeance (CCSF)



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