En France, on n’a pas de petrole mais…

En France, on n’a pas de petrole mais…
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« La culture fait partie de notre ADN. C’est peut-être la seule chose qu’il nous reste de fort et de vivant en France. Notre pétrole, c’est la Culture. » C’est Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point, qui s’exprimait ainsi le 19 juin dernier sur Europe 1. Voilà qui rappelle le fameux « En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Ribes dit vrai. Il fallait bien la France pour que la notion « d’exception culturelle » trouve un écho. Exception à quoi ? A la marchandisation généralisée. Mais l’argent étant ce qu’il est, il revient en force dès qu’il vient à manquer. Alors, avons-nous des idées pour la Culture ? Oui, bien sûr. En témoignent les propositions du comité de suivi, qui ont été superbement ignorées par le gouvernement.

Bien évidemment, la question des « idées pour la Culture » dépasse largement le règlement du régime des intermittents ou encore le budget des subventions. Dans une tribune publiée dans Le Monde le 18 juin, Nathalie Heinich évoque le « fantasme, largement utopique, d’une avant-garde qui serait à la fois novatrice et populaire ». Et la sociologue de souligner que « les publics les moins cultivés sont aussi les moins ouverts à l’innovation artistique ». Elle décrit peut-être là, en langage sociologique, un certain théâtre contemporain moqué par Vincent Delerme dans sa chanson “Le monologue shakespearien” : « Pas de décor, pas de costume, c’était une putain d’idée ; aucune intonation et aucun déplacement ; on s’est dit pourquoi pas aucun public finalement ». Je pourrais évoquer encore Aznavour : « Ce n’est pas ma faute mais celle du public qui n’a rien compris ».

Ah, ce peuple qui ne comprendra jamais rien à rien ! Pourquoi une certaine forme de création ne trouve-t-elle pas de public populaire – donc suffisamment nombreux – et se retrouve-t-elle invariablement condamnée à quémander quelques Louis d’or auprès du Prince ? Peut-être parce que l’élite avant-gardiste développe une sorte de culture hors-sol et désincarnée quand le peuple profond est substantiellement enraciné. L’enracinement : voici un thème à penser, avec à la clef – pourquoi pas? – quelques idées novatrices pour la Culture.

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