Festival – Barcelone à l’assaut de la scène théâtrale française

Festival – Barcelone à l’assaut de la scène théâtrale française
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Du 5 au 18 avril prochain, un bon air catalan soufflera dans Paris, pour la première édition « Barcelone en scène », festival de théâtre créé par le tandem formé – dans les coulisses comme à la ville – par Mathilde Mottier et François Vila.

L’an dernier, les directeurs de ce festival franco-barcelonais, ont fondé le festival de t(h)eatre en français de Barcelone. Le pendant n’a pas attendu longtemps. Un an plus tard, après une seconde édition à Barcelone, les voilà qu’ils apportent la dramaturgie catalane dans la capitale française.

Peu à peu, Mathilde Mottier et François Vila mettent en place un pont artistique de plus en plus solide. Force est de constater que le théâtre catalan n’en est qu’à ses débuts. En témoigne la récente adaptation d’Après la pluie de Sergi Belbel : le texte du dramaturge catalan a été mis en scène au théâtre du Vieux-Colombier par la Suissesse Lilo Baur, avec la troupe de la Comédie-Française.

Rencontre avec d’infatigables bâtisseurs de rencontres.

Comment avez-vous pensé cette première édition de « Barcelone en scène » ?

François Vila – « Barcelone en scène » est né en même temps que le festival de théâtre en français que nous organisons à Barcelone. Nous avions le désir de faire connaître des auteurs francophones à Barcelone et des auteurs catalans à Paris.

Mathilde Mottier – Nous sommes humains. Il était impossible de monter les deux festivals conjointement. Nous avons donc créé le festival de t(h)éâtre en français l’an dernier, et celui à Paris cette année.

Était-ce plus facile de commencer à Barcelone plutôt qu’à Paris ?

M. M. – Les rendez-vous se déclenchent plus facilement à Barcelone qu’à Paris. François connaît très bien la ville, parle espagnol et catalan ; quant à moi, je peux suivre les conversations. À Paris, quand on daigne te répondre, ce sont les questions qui viennent en premier : « vous venez de la part de qui ? », « qui vous finance ? », etc.

Pourquoi avez-vous choisi d’organiser à Paris un festival sur une simple province espagnole, quand vous rapportez dans le même temps tout un pays, voire le monde francophone, à Barcelone ?

F. V. – Il y a déjà un festival parisien qui propose du théâtre espagnol depuis 25 ans. Mais rares ont été les représentations de pièces catalanes. Par ailleurs, les auteurs contemporains de théâtre, qu’ils viennent de la Catalogne ou d’autres provinces espagnoles, ne sont pas du tout connus en France. Le seul nom dont on se souvient, dans un certain milieu, est celui de Juan Mayorga, parce qu’une de ses pièces – Le Garçon du dernier rang – a été adaptée au cinéma par François Ozon : Dans la maison, avec Fabrice Luchini et Kristin Scott Thomas.

M. M. – On ne fait pas un festival pour défendre un pays, une région, ni même une langue. C’est qu’il y a une dramaturgie, propre à ce territoire, qui nous semble intéressante.

F. V. – Sergi Belbel, quand il a dirigé le théâtre national de Catalogne, a initié une nouvelle dynamique, avec une programmation mêlant des grandes pièces reconnues et des jeunes dramaturges émergents. Ce qui fait qu’il y a toute une génération d’auteurs et de metteurs en scène intéressante, à découvrir et à faire découvrir.

Vous avez préféré appeler ce festival « Barcelone en scène », et non Catalogne ou Catalans en scène…

M. M. – Nous ne voulons pas nous situer sur un plan régional. Par ailleurs, le terme « catalan », pour les Français, évoque la situation politique récente. Ce n’est pas du tout ce que l’on veut. Le théâtre est politique par nature, mais nous ne sommes pas des militants.

F. V. – Ce qui nous intéresse, ce sont les artistes, ce qui se passe, s’écrit, se joue… Les dramaturges sont pris dans des réalités politiques, concrètes ; ils l’expriment par leur écriture, ou pas. Ce n’est pas à nous de donner des leçons.

Pour cette première édition, vous avez choisi de mettre en avant deux auteurs, Pau Miró et Josep Maria Miró qui, précisons-le, n’ont aucun lien de parenté. Pourquoi eux ?

F. V. – Parce qu’ils n’ont jamais été joués à Paris, alors qu’ils sont connus dans le monde entier, traduits dans plus de vingt-cinq langues, joués dans plus de trente-cinq pays…

M. M. – La programmation que nous proposons depuis deux ans à Barcelone est variée, du fait des différents lieux d’accueil. D’une salle à l’autre, il n’y a pas le même style de spectacle, donc pas le même public non plus. Nous allons de la pure comédie au théâtre de texte. La spécificité est que nous privilégions des jeunes compagnies et des auteurs vivants. Nous avons été heureux de voir que le public se déplaçait, qu’il y a une curiosité… À Paris, nous avons essentiellement un seul lieu, le Théâtre 13/Seine, pour les deux pièces : Buffles de Pau Miró et Le principe d’Archimède de Josep Maria Miró. Il faut aussi mentionner La Cage, qui sera joué à l’espace Jemmapes dans La Petite Rotonde : c’est une représentation en français d’un fragment de Nid, pièce écrite par Marc Garcia Coté, qui mettra en scène la comédienne catalane, Aina Tomàs Martorell. Marc Garcia Coté travaille d’ailleurs à Paris et à Barcelone.

F. V. – Outre ces trois pièces, nous aurons une master class de Sergi Belbel, des rencontres avec avec Pau Miró et Josep Maria Miró, ainsi que différentes lectures : Après moi le déluge, de Lluïsa Cunillé, Histoire de Jan Vilanova, Snorkel d’Albert Boronat, l’intégralité de la pièce Nid de Marc Garcia Coté…

Quels sont vos souhaits concernant cette première édition de Barcelone en scène ?

M. M. – Que les gens se rencontrent, que ça suscite des envies de projet en commun… L’an dernier, lors du festival à Barcelone, il y a eu un échange entre le Conservatoire national de Paris et l’Institut del teatre de Barcelona. Anne Sée s’est déplacée, a découvert notre projet et nous a présenté la metteure en scène Anne Monfort. Cette dernière avait pour projet d’adapter au théâtre le roman Pas pleurer de Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, dont l’intrigue se passe à Barcelone. Pour le rôle du fils, nous lui avons suggéré de recruter un acteur catalan parlant français, afin qu’il y ait cet accent particulier dans la pièce. Restait à trouver qui… Nous avons mis quelques mois, et avons fini par lui présenter Marc Garcia Coté. Bingo ! Ils vont jouer ensemble lors de la création de la pièce… peut-être à Barcelone l’an prochain, dans le cadre de notre festival. Susciter ce type de projet est notre souhait profond.

F. V. – PompierS de Jean-Benoît Patricot, que nous avons proposé lors de la première édition à Barcelone, a été traduit en catalan et vient d’être présenté dans deux festivals à Majorque, en octobre dernier. L’actrice a reçu à cette occasion le prix d’interprétation féminine du festival des îles Baléares. La compagnie prépare une version en castillan, afin de poursuivre leur aventure dans toute l’Espagne.

M. M. – Cette première édition est à la fois un test et un appel, afin que le festival prenne de l’ampleur et trouve de nouveaux lieux d’accueil, à Paris ou en Île-de-France.

Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER

Renseignements : Barcelone en scène

Coordonnées :

Quelques dates à retenir :

  • Master class avec Sergi Belbel : lundi 9 avril à 20h (entrée gratuite sur réservation)
  • Buffles de Pau Miró au Théâtre 13/Seine
    • vendredi 6 et samedi 7 avril à 20h
    • dimanche 8 avril à 16h
  • Le Principe d’Archimède de Josep Maria Miró au Théâtre 13/Seine
    • jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14 avril à 20h
  • La Cage, d’après Nid de Marc Garcia Coté à La Petite Rotonde / Jemmapes
    • mardi 17 et mercredi 18 avril à 20h
Téléchargez le programme complet

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