Jérôme Coumet : « La culture peut donner une identité nouvelle au XIIIe arrondissement »

Jérôme Coumet : « La culture peut donner une identité nouvelle au XIIIe arrondissement »
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Alors que Le 13e Art, la plus grande salle du théâtre privé sur la rive gauche parisienne, s’apprête à ouvrir ses portes, Profession Spectacle a rencontré Jérôme Coumet, maire PS de l’arrondissement depuis 2007. Dans la lignée d’un Jacques Toubon, l’un de ses prédécesseurs, Jérôme Coumet s’attache à développer les initiatives artistiques et culturels, de la mise en place de lieux pour le spectacle vivant à l’ouverture prochaine d’un musée consacré au street art. Entretien.

Comment appréhendez-vous la création du 13e Art ?

Toute cette histoire a commencé comme une mauvaise blague. Cela fait dix ans qu’on attendait un devenir pour ce lieu. Dix ans que ce lieu était fermé ! De nombreux projets ont été envisagés, y compris un fitness ! Moi, je voulais absolument qu’il y ait un devenir culturel pour cet espace. Aujourd’hui, nous avons trouvé les bonnes personnes pour investir et pour exploiter. Cela rejoint mon aspiration.

Le 13e Art se pose comme « un théâtre de proximité ». En quoi consiste la proximité de ce lieu, inscrit dans le contexte du gigantesque Italie Deux et du XIIIe arrondissement ?

C’est un théâtre de proximité, et plus largement. Il manquait une grande salle sur la rive gauche. Il y a tout de même d’énormes béances à Paris, avec des salles de spectacles qui sont rassemblés plutôt sur la rive droite, de manière très concentrée. Il ne faut pas oublier que le XIIIe arrondissement, c’est 185 000 habitants. Nous pouvons certes parler de proximité, mais sans oublier que nous sommes de la taille d’une grande ville de France, entre Grenoble et Lille en nombre d’habitants ! C’est pourquoi ce lieu répond à une attente.

Qu’attendez-vous d’un tel lieu ?

Il est volontairement placé au cœur du XIIIe arrondissement. Nous avons ouvert des théâtres, des péniches musicales, en plus des bibliothèques et des maisons d’éditions. Dans le domaine du street art, nous allons inaugurer cette année le grand musée à ciel ouvert, que nous constituons pièce par pièce. Il manquait encore une locomotive, un paquebot qui tire tout cela. Le 13e Art sera, par son importance, sa centralité, sa visibilité et sa programmation, un formidable vaisseau-amiral.

Comment concevez-vous la mission des arts et de la culture, notamment dans le contexte spécifique du XIIIe arrondissement ?

Je pense que les arts et la culture peuvent donner une identité nouvelle au XIIIe arrondissement. Nous parlons de choses qui existent : notre arrondissement est par exemple celui qui compte le plus d’ateliers d’artistes. Mais à partir du moment où vous n’avez pas les lieux d’exposition, tout ça ne se voit pas. Nous développons en ce moment même des galeries. Je suis par ailleurs en négociation avec deux grandes fondations d’art ; nous devrions pouvoir annoncer de nouveaux projets d’ici la fin de l’année civile. Nous allons implanter toute une série de petits lieux culturels : une guinguette numérique pour le Point éphémère, un café culturel à proximité de la place d’Italie… Nous allons lancer un concours « Réinventer Paris » pour un grand bâtiment qui donne sur le parc de Choisy. Tout ce que nous créons est complémentaire de ce qui existe déjà. Je crois aux effets multiplicateurs. Cette synergie est très forte. Nous sommes devenus, au fil des dernières années, le premier arrondissement universitaire, un grand pôle d’innovations, un lieu d’accueil pour les entreprises…

Comme homme et maire, quel horizon culturel visez-vous ?

Dans la vie, il n’y a pas de secret. D’abord, il y a une appétence personnelle : j’ai toujours été un passionné d’art contemporain, un rat de musée et de grande foire, l’ami de nombreux artistes… Quand on est mû par la passion, on trouve forcément plus d’énergie. Ensuite, il y avait cette vision du XIIIe comme d’un arrondissement dortoir. J’ai vécu ce temps où, pour aller consommer de la culture, pour aller la voir, on prenait le bus pour aller dans le Ve arrondissement. Il n’y avait chez nous que quelques cinémas : un porno, une salle spécialisée dans les arts martiaux… J’ai vécu une jeunesse très frustrée de cela.

Il y a tout de même eu l’œuvre de Jacques Toubon…

Je salue le travail réalisé par mon prédécesseur. Jacques Toubon avait effectivement commencé à mettre les choses sur les rails. Lui aussi était mû par la même passion. Je suis aujourd’hui heureux de poursuivre cette œuvre, parce que j’y crois beaucoup. Certaines villes ont fait ce pari : Montréal a changé d’image le jour où s’est créé le festival Juste pour Rire avec Gilbert Rozon. Je pourrais également citer Lille, avec Martine Aubry, ou encore Nantes… Je me suis rendu dans ces villes, comme observateur et en interrogeant divers responsables. Je crois beaucoup à cette dynamique, si bien que je me bats depuis des années sur ce sujet.

Comment vous y prenez-vous ?

Je vais chercher des acteurs, souvent privés. Il y a certes eu des investissements publics, comme le magnifique conservatoire, mais je crois que ce n’est pas suffisant. Il faut trouver les synergies, privées, individuelles, artistiques… Ma mission est de les accompagner, de créer un lien organique. Je souhaite maintenant que les habitants du XIIIe y prennent beaucoup de plaisir, ce dont je ne doute d’ailleurs pas. Ce sont eux qui feront vivre ces différentes initiatives. Quand je vois le début de programmation d’un lieu comme Le 13e Art, je suis assez serein : je pense que cela va créer d’énorme envies et espère que nos concitoyens seront fiers de l’arrondissement, de sa progression.

Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER



Photo de Une – Jérôme Coumet (crédits : Pierre Gelin-Monastier)



 

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