Sarah et Stéphane Lyonnet : de l’errance à l’intermittence

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Les marches de l’interminable escalier en colimaçon, ces vieilles pierres restaurées d’une tourelle du vieux Lyon nous susurrent des légendes d’autrefois. Nous nous laissons imprégner par cette atmosphère qui s’infiltre jusque dans la cuisine aux tomettes fissurées, où des ustensiles en étain côtoient les grands décors en osier, fabriqués minutieusement, spectacle après spectacle.

 

SarahetStephane

 

Un thé à la menthe plus tard, l’histoire se déploie, sous la faconde de Sarah, entrecoupée de bribes que laisse sporadiquement échapper Stéphane, la

cigarette au coin de la bouche. Ces deux-là se connaissent bien, très bien même, pour avoir vécu tant d’aventures que leur vie se transforme en une longue épopée dont nous tentons vainement de reconstituer le fil. Ils  se rencontrent en 1996, lors d’un voyage en stop jusqu’à Sarajevo où ils jouent de la musique au milieu de champs de ruines : il est accordéoniste autodidacte ; elle est diplômée du conservatoire d’Aix-en-Provence en violon et musique de chambre.

 

 

De la précarité…

D’errances en errances, ils vivent en France, à Prague, à Lisbonne… C’est alors qu’une rencontre avec une famille de Fino-irlandais bouleversent leur vie : « Avec leurs cinq enfants, en roulotte, ils vivaient intensément la réalité du temps, selon le rythme du cheval, des saisons et des rencontres. Les valeurs du voyage étaient inversées, parce qu’ils se trouvaient dépendants des personnes rencontrées, souvent pauvres. » Le virus est pris : ils achètent un cheval de trait et construisent des roulottes en Isère pendant trois années, avant de se séparer un temps, Stéphane pour se former au bandonéon avec César Strosio, au conservatoire de Gennevilliers, Sarah pour apprendre la voltige au contact de Patrick Grüss, dans le château de Piolenc, et s’occuper de son écurie d’une douzaine de chevaux.

Réunis à nouveau, ils se produisent où ils peuvent : expositions, fêtes, cérémonies… Leur vie est précaire, entre la Ferme du bonheur, sorte de « favela de théâtres » tenue par Roger des Prés à Nanterre, et le campement des gitans à la Butte Pinson, sans eau ni électricité, en Seine-Saint-Denis. C’est à cette époque, en 2004, qu’ils découvrent le théâtre d’ombres : « Le théâtre d’ombres répondait à notre quête, à notre désir de trouver un langage de l’au-delà, comme une vérité audelà de l’apparence, selon la parole du Petit Prince : ″On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux.″ »

 

… à la reconnaissanceSans titre-3

Cette découverte concorde avec leurs débuts dans l’intermittence : « Ce fut une chance pour nous. L’intermittence nous donna un statut qui reconnaissait enfin notre travail, nous permettant d’avoir accès à un logement et à une rémunération régulière. » Ce statut leur a également permis de se consacrer à une aventure autrement plus belle : un mariage en 2008, une famille, des enfants. « Avoir un enfant peut certe être un handicap, puisque nous travaillons ensemble ; mais nous touchons une indemnité. Le système d’intermittence ne nous empêche pas d’avoir des enfants, même s’il nous faut travailler intensément dans la foulée pour cotiser le nécessaire. » La solution réside dans l’alternance du statut d’intermittents, tantôt elle, tantôt lui. Il y a deux ans, les Lyonnet lancent un nouveau spectacle, à partir du Prince heureux d’Oscar Wilde :  « La naissance de notre dernière fille a  ralenti notre production, mais nous avons une proposition de la jouer à Avignon. Nous y réfléchissons… ». Ce ne sont pas les projets qui manquent pour ce couple qui chante aussi régulièrement des polyphonies tirées des répertoires arménien, corse et de la Renaissance.

 

Deux blogs :

http://ruedes4saisons.over-blog.fr/pages/La_Cie_Sous_le_Ciel-4970590.html

http://leprinceheureux.over-blog.com

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