Soutien du ministère au jeu vidéo : un beau geste, mais…

Soutien du ministère au jeu vidéo : un beau geste, mais…
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À la Paris Games Week, le mercredi 26 octobre dernier, la ministre de la culture Audrey Azoulay a annoncé le renforcement des soutiens de l’État dans le cadre du Fonds d’aide au jeu vidéo (FAJV), cofinancé par le CNC et la Direction générale des entreprises. Un engagement important et louable, qui n’est toutefois pas sans questionnements ni inquiétudes. Décryptage..

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Les deux mesures renforçant le soutien au jeu vidéo sont clairement énoncées : la création d’une aide à l’écriture et une augmentation des aides à la production. Audrey Azoulay souhaite notamment que ce soutien puisse être déplafonné en ce qui concerne les productions importantes. En effet, l’aide est actuellement limitée par la commission européenne à 200 000 euros sur trois ans pour une même entreprise – une somme dérisoire pour les plus grosses productions.

Enjeux économiques croissants, efforts progressifs consentis

Audrey Azoulay jeu vidéoLa volonté du gouvernement actuel de mener une politique culturelle qui se tourne vers les nouveaux médias est indéniable ; certaines formes de création et de partage sont encore parfois incomprises par les anciennes générations. Si nous applaudissons à ces efforts, nous soupçonnons néanmoins que cette soudaine attention particulière soit la conséquence d’enjeux économiques désormais trop importants pour être ignorés.

L’éventuel décloisonnement du plafond du crédit d’impôt pour les grosses productions françaises est un pavé dans la mare : cette mesure importante pourrait avoir un impact décisif sur la relocalisation des productions françaises de jeux vidéo. Le Québec, souvent cité pour son attractivité en ce qui concerne la production, permet un crédit d’impôt jusqu’à 37,5 % des dépenses admissibles, quand la France n’en concède qu’à hauteur de 20 %. Un effort avait déjà été fourni en 2015, lorsque les aides furent débloquées pour les jeux vidéo catégorisés « 18+ », auparavant exclus du dispositif.

Des aides qui risquent encore… d’aller aux puissants !

Après la récente extension du crédit d’impôts pour le cinéma, la France montre qu’elle est prête à faire davantage pour la relocalisation de ses productions et son attractivité internationale. L’objectif économique est louable. Mais nous attendons encore du ministère de la culture la manifestation d’une véritable vision des politiques culturelles numériques.

La création d’un fonds d’aide à l’écriture pour les jeunes développeurs de jeux vidéo peut convaincre de cette volonté de soutenir la création, autant que de séduire les gros poissons. Mais l’enveloppe annoncée – à peine 100 000 euros – fera sans doute pâle figure face aux subventions qui pourraient être consacrées aux très grosses productions. C’est déjà un problème au Québec, où les petits studios se sentent quelque peu délaissés

En France, les difficultés entre gros requins et petits poissons sont sensiblement les mêmes. Quand on sait que Vincent Bolloré, déjà patron tout-puissant des médias et de la culture, lorgne du côté d’Ubisoft, on se prend à désespérer que tout cet argent public finisse systématiquement dans les mêmes mains.

Maël LUCAS

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