2 décembre 1990 : A Farewell to America

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Créateur d’un style spécifiquement « états-unien », Aaron Copland a sorti la musique américaine de l’ombre. Cet incontournable compositeur est mort il y a 31 ans jour pour jour.

On mesure mal, de ce côté-ci de l’Atlantique, ce que représente la musique d’Aaron Copland en Amérique. Et pourtant, davantage encore que Leonard Bernstein, son ami de toujours (et peut-être davantage), il est le créateur d’un style spécifiquement « états-unien ». Il a, selon ce dernier, « sorti la musique américaine de l’ombre ». Le 2 décembre 1990, Aaron Copland meurt d’une insuffisance cardiaque, lui qui était diminué depuis des années par ce qu’on appelle aujourd’hui la maladie d’Alzheimer. Il disparaît moins de deux mois après Leonard Bernstein et laisse l’Amérique orpheline de ses deux principaux piliers musicaux du XXe siècle.

Copland naît à Brooklyn de parents émigrés juifs de Lituanie, comme Bernstein (dont les parents sont des Juifs ukrainiens). Comme Bersntein, il se rend à Paris se perfectionner auprès de Nadia Boulanger dans les années 1920. On peut voir d’ailleurs, cinquante ans plus tard, un reportage émouvant où Copland raconte à la télévision, devant une Nadia Boulanger très âgée, très droite avec son air terriblement sévère et ses lunettes fumées, tout ce qu’il lui doit.

Pourtant, le style Copland est, comme toujours, le résultat de plusieurs hésitations et de nombreuses influences : le jazz, la folk music, la musique française des années 1920, Schönberg… mais aussi les musiques populaires latino, afro-américaines etc. Il fait une sorte de synthèse qui débouche sur des partitions souvent destinées à l’orchestre, sa formation favorite, et qui font invariablement penser aux grands espaces. Copland écrit également des musiques de film (Des souris et des hommes de John Ford ou encore L’Héritière de William Wyler, qui lui vaut un Oscar) ou des musiques de scène. Progressiste, comme Bernstein, inutile de dire ce qu’il aurait pensé d’un certain président sortant…

À la fin de sa vie, délaissant un peu la composition pour la direction d’orchestre, son écriture évolue vers davantage de dodécaphonisme et d’abstraction. D’ailleurs, si je faisais comme d’habitude lorsque je commémore la disparition d’un compositeur, je devrais vous proposer sa dernière œuvre. Celle de Copland est une courte pièce pour piano intitulée Proclamation. C’est une partition très complexe, elle-même très inspirée de la musique contemporaine. Selon moi, elle n’est pas représentative de ce qui fait le style Copland

Il faut plutôt aller chercher une partition pour orchestre, et pourquoi pas la plus célèbre, qui lui a valu le prix Pulitzer en 1945, son fameux Appalachian Spring, une suite ici interprétée par son ami Bernstein à la tête du New York Philharmonic. Vous verrez des paysages se dessiner devant vous, même si cette œuvre est moins spectaculaire que d’autres de son auteur.

Cédric MANUEL



Un jour… une œuvre musicale !
Rubrique : « Le saviez-vous ? »



 

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