3 ans de prison ferme pour Corinne Auguin, ex-régisseuse de l’Opéra de Bordeaux

3 ans de prison ferme pour Corinne Auguin, ex-régisseuse de l’Opéra de Bordeaux
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Corinne Auguin, 54 ans, accusée d’avoir détourné 2,3 millions d’euros des caisses de l’Opéra de Bordeaux dont elle était la régisseuse, vient d’être condamnée à cinq ans de prison, dont trois ferme et deux avec sursis. Son mari Philippe, chauffeur routier âgé de 55 ans, a quant à lui été condamné à trois ans, dont un avec sursis ; le tribunal a néanmoins demandé un aménagement de peine compatible avec l’emploi du condamné. Les deux époux ont enfin été condamnés à verser 2,2 millions d’euros de dommages et intérêts.

La présidente du tribunal, Caroline Baret, a justifié la peine par « la gravité, l’importance de l’infraction, l’impossibilité de réparer le dommage causé, ainsi que la personnalité de la prévenue qui, en onze ans, n’a manifesté aucun remords ». Le délibéré est tombé ce jeudi 7 janvier, en l’absence improbable des deux prévenus et de leur avocate Maître Nathalie Noël ; ils sont finalement arrivés l’un après l’autre, prétextant une erreur concernant l’horaire.

Entre inconséquence et cynisme

« À aucun moment je ne crois au motif de ce coup de théâtre de la présence de l’avocate comme par hasard aux alentours de 15h30 au prétexte d’une erreur d’horaire dans le délibéré, c’est absolument impensable, incroyable et cela participe une fois de plus à toutes ces mises en scène et ces comportements peu loyaux dont les époux Auguin ont fait montre dès l’origine de la procédure. C’est un coup de théâtre complémentaire, additionnel, de trop à mon sens et c’est assez désolant compte tenus des enjeux. L’enjeu était évidemment une peine d’emprisonnement avec mandat de dépôt, c’était une évidence, et ils le savaient pertinemment. » (Maître Caroline Daigueperse, avocate de l’Opéra de Bordeaux)

Une vaste arnaque et beaucoup de failles

Employée de l’opéra depuis 1997, régisseuse depuis 2002, Corinne Auguin avait la réputation d’être très tatillonne dans ses fonctions, regardant chaque dépense au centime près, jusqu’à en devenir rigide selon plusieurs témoignages fournis par ses collègues : « C’est pour ça que c’est une vraie douche froide pour tout le monde », confie Dominique Ducassou, président du Conseil d’administration et représentant de la ville de Bordeaux. Le 22 juillet 2010, au terme d’un contrôle approfondi, la Chambre régionale des comptes n’avait d’ailleurs rien trouvé à redire sur la gestion de l’établissement. Ce sera l’unique contrôle sérieux, alors que le budget annuel de la régie est tout de même de 750 000 euros, provenant pour moitié de l’argent public.

Corinne Auguin passait encore pour compétente et se plaçait au-dessus de tout soupçon… jusqu’à ces deux chèques de 27 000 et 35 000 euros émis au nom de la régisseuse, sans justification. Adossés à aucune facture ni prestation, ils ont aussitôt attiré l’attention des employés de la direction financière de l’institution culturelle. En approfondissant les recherches, les services financiers établissent alors que, depuis janvier, 137 594 euros en espèces et chèques ont été détournés. Très rapidement, ils découvrent que cela ne s’arrête pas là : ce détournement de sommes importantes dure depuis près de dix ans.

Nous sommes en avril 2012 : l’Opéra porte plainte. La coupable est très rapidement démasquée : l’intouchable Corinne Auguin. L’enquête et les aveux de l’ancienne régisseuse de l’Opéra de Bordeaux aboutissent rapidement à la culpabilité des époux, au train de vie improbable : maison somptueuse, avec jardin paysagé, mobilier haut de gamme, piscine et spa, construite pendant les années de détournements de fonds, deux voitures luxueuses de marque allemande… Tous ces biens, ainsi que les sommes saisies sur les comptes des époux, ont été confisqués par le tribunal.

Maintenant que ce procès est achevé (sauf appel), reste à comprendre comment une telle arnaque a pu être possible, déjouant les (trop) rares contrôles que la régisseuse dut affronter.

Michel LE GRETHANC

 

 

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