30 juillet 1862 : la sérénade de Richard Wagner pour Mathilde Wesendonck

30 juillet 1862 : la sérénade de Richard Wagner pour Mathilde Wesendonck
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Instant classique – 30 juillet 1862… 156 années jour pour jour. En 1848, alors qu’il se trouve à Dresde où il exerce les fonctions de “kapellmeister” à la Cour du roi de Saxe, Frédéric-Auguste II, Richard Wagner se passionne pour le printemps des peuples européens et prend fait et causes pour les libéraux.

Le parlement de Francfort, épicentre de l’activité de ce qui souhaite devenir la nouvelle Assemblée nationale allemande, est alors composé d’une majorité de saxons. Cherchant à unifier l’Allemagne, ils proposent la couronne d’un nouvel empire au roi de Prusse, qui refuse en avril 1849. Dans le même temps, le roi de Saxe réagit et décide de réprimer les activistes, amenés notamment par Bakounine. Dresde se hérisse de barricades.

Richard Wagner, qui avait écrit dans la presse des articles enflammés, n’est pas le dernier à participer au soulèvement. Mais ce dernier est écrasé par l’armée et Wagner, recherché, s’enfuit vers Zurich avec sa femme Minna. Là, en 1852, il fait connaissance d’un industriel mélomane, Otto Wesendonck, qui acceptera de le financer. On sait que Wagner, toujours à court d’argent, ne dédaignera pas cette manne. Otto Wesendonck est marié à Mathilde, une jeune femme qui a alors 23 ans et qui est passionnée par l’art et la musique. Cinq ans plus tard, Richard et Minna s’installent dans un très joli pavillon de jardin, mis à leur disposition par Wesendonck, tout près de leur villa.

Wagner a un grand projet qui le hante : écrire un opéra sur la légende de Tristan et Yseult. S’installe chez lui le chef d’orchestre Hans von Bulow et sa toute jeune femme, Cosima, la fille de Franz Liszt… qui quittera bientôt son mari pour Wagner. Mais en attendant, ce dernier éprouve un violent coup de foudre pour… Mathilde, à qui il offre le livret de Tristan.

En 1857, au cœur de leur liaison, Mathilde écrit plusieurs poèmes pour Richard, qui les met aussitôt en musique, sous forme de lieder. C’est l’une des rares occasions où il compose sur un texte qu’il n’a pas écrit lui-même. L’un de ses projets était de faire jouer le dernier lied du cycle, « Träume » sous les fenêtres de Mathilde pour son anniversaire, en décembre 1857. Mais il faudra attendre le 30 juillet 1862 pour que le cycle pour piano et soprano soit chanté intégralement pour la première fois en public avec comme titre Cinq lieder pour voix de femme. Si Wagner a transcrit lui-même « Träume » pour orchestre, c’est un chef d’orchestre très fidèle au compositeur, Felix Mottl, qui orchestrera le reste du cycle, qui deviendra bientôt le cycle des Wesendonck-Lieder. Deux ans plus tard, la crise des couples Wagner et Wesendonck éclate. Wagner rompt avec Mathilde et avec Minna.

En voici la version originale avec piano, chantée ici par Jessye Norman.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



Photographie de Une – Jessye Norman (crédits : Carol Friedman)



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