Baisse des subventions en Côte-d’Or : le département dénonce de fausses accusations

Baisse des subventions en Côte-d’Or : le département dénonce de fausses accusations
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Quelques jours après la publication de notre article sur le désengagement financier du département, la rédaction a reçu un démenti par l’attaché de presse de monsieur François Sauvadet, président du Conseil départemental de la Côte-d’Or. Explications.

Quelques jours après la publication d’un article par Profession Spectacle sur le désengagement financier du Conseil départemental de la Côte-d’Or, lequel avait en juillet dernier annoncé par courrier aux représentants de l’Opéra de Dijon et de la SMAC La Vapeur, sa volonté de ne plus leur accorder ses traditionnelles subventions de fonctionnement, la rédaction a reçu un démenti par l’attaché de presse de monsieur François Sauvadet, président du Conseil départemental de la Côte-d’Or.

Dans ce communiqué daté du 13 septembre, François Sauvadet appelait les élus de gauche à stopper la désinformation sur cette affaire, contestant également les propos de Yann Rivoal, directeur de La Vapeur, Laurent Joyeux, directeur de l’Opéra de Dijon et Christine Martin, élue socialiste, adjointe à la culture de la mairie de Dijon et présidente des conseils d’administration des deux structures.

Suite à ce démenti du Conseil départemental, Profession Spectacle, qui avait pourtant déjà contacté sans succès François Sauvadet, a de nouveau souhaité que nos lecteurs soient pleinement informés des positions de chacun. Catherine Louis, vice-présidente en charge de la culture au Conseil départemental de la Côte-d’Or depuis 2007, qui suite à cette polémique a rencontré lundi dernier les représentants des associations en question, a accepté de nous en dire davantage sur la situation. Explications.

Un changement de politique culturelle annoncé un an plus tôt

Dans son communiqué de presse daté du 13 septembre, François Sauvadet a contesté le fait que les deux associations culturelles n’avaient pas été alertées ; le président du Conseil départemental aurait en effet annoncé il y a un an de cela, en septembre 2018 – donc avant que le budget des deux conseils d’administration ne soient votés –, sa volonté de substituer aux subventions de fonctionnement, une logique d’appel à projets.

Sur ce point, Catherine Louis est formelle : « J’ai reçu les représentants des deux structures lundi matin au Conseil départemental et leur ai bien dit que le président avait tenu en septembre 2018 une conférence de presse pour évoquer la demande de l’État de limiter l’évolution de son budget de fonctionnement à 1,2 % et que, du fait de cette contrainte, une logique d’appel à projets allait être substituée aux traditionnelles subventions de fonctionnement. »

Une annonce qui n’aurait pas été clairement reçue par les principales personnes concernées avant le 12 juillet dernier, date à laquelle François Sauvadet avait notifié son intention de changer de politique par écrit à l’intention de Yann Rivoal, Laurent Joyeux et Christine Martin. « À aucun moment, ni les élus, ni les services ne nous ont fait comprendre que ça pouvait être remis en question », nous répond le directeur de La Vapeur.
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Une situation encore en suspens…

D’après Catherine Louis, il n’y a jamais eu fin de non-recevoir. « On s’est rencontrés, on a expliqué ce qu’on souhaitait, c’est-à-dire un vrai partenariat, insiste-t-elle. Je leur ai exprimé la demande du Conseil départemental d’instaurer une logique d’appel à projets, ils peuvent donc nous proposer par écrit les projets dans lesquels ils souhaitent s’inscrire. »

Ce changement de politique pose néanmoins d’autres difficultés. Peut-on en effet substituer si radicalement une logique d’appel à projets à une logique de subvention ? Yann Rivoal n’hésite pas à dénoncer l’insuffisance d’une telle politique : « La logique d’appel à projets a toujours existé. Nous y répondons d’ailleurs parfois, dès lors que ça semble avoir du sens par rapport à des actions qu’on veut mener… Mais ce n’est pas la même démarche que d’aider le projet global d’une structure. »

De la même manière, pour Laurent Joyeux, cette démarche ne peut intervenir que pour des projets ponctuels. « La programmation de l’opéra s’adresse à tous les publics, on n’est pas une petite association où l’on peut se dire : “Tiens, on a un nouveau projet cette année”, explique le directeur de l’Opéra. Un projet est par nature éphémère, on a un projet, on donne de l’argent, ça marche ou pas. Si on parle de politique culturelle sur un territoire, cela passe par une aide qui accompagne une structure sur un temps long. L’éducation artistique et culturelle, par exemple, ne peut se faire que sur du long terme. S’il suffisait d’aller dans un quartier difficile, de mener un projet et de se dire qu’on a rempli notre objectif, ce serait trop facile. »

… qui n’est pas irrémédiable.

D’après Catherine Louis, un soutien financier pourra être débloqué en fonction des propositions des deux structures, à condition que les actions menées et que les contreparties soient écrites noir sur blanc. « Il faut comprendre qu’on sollicite de l’argent public, qu’il n’est pas extravagant de demander ce que l’on en fait, ni même autoritaire de demander des contreparties, argumente-t-elle. Je pense qu’une co-construction entre ces deux salles et le département peut être intéressante. »

La vice-présidente en charge de la culture au Conseil départemental de la Côte-d’Or dénonce toute forme de cloisonnement, soulignant que le récent entretien a d’ailleurs montré une volonté de dialogue, partagée notamment par les représentants de La Vapeur. « Les actions qui seront proposées devront simplement être clairement déterminées, par écrit, car elles ne l’étaient pas auparavant, souligne-t-elle. Nous recevrons prochainement des propositions de leur part. Je leur laisse un peu de temps pour préparer cela et ne peux pas encore dire quelle somme sera investie. »

Des arguments contraires

Lorsque nous questionnons Catherine Louis sur le fait que l’attribution des subventions semble inégalement répartie, l’Association bourguignonne culturelle (l’A.B.C.) en ayant par exemple bénéficié à hauteur de 150 000 euros, l’élue affirme sans hésiter le contraire : « L’attribution de subventions ne se fait pas au prorata de la sympathie qu’on peut avoir pour les uns et les autres ; elle est tout à fait égalitaire en fonction des contreparties proposées. » Pour justifier son propos, elle avance que l’A.B.C. assure des missions sur le territoire côte-d’orien auprès des collégiens. Or c’est précisément l’argument avancé par Laurent Joyeux pour signifier son incompréhension devant ce qu’il considère être une profonde inégalité : l’an passé, l’Opéra aurait en effet mené des actions auprès de 64 % des collégiens du département.

Autre argument qui prête à débats. Catherine Louis nous rappelle que les subventions allouées aux structures ne sont pas attribuées tous les ans, de manière systématique. Mais les propos recueillis auprès de Yann Rivoal contredisent pareille affirmation : La Vapeur bénéficie d’une subvention depuis huit ans. Enfin, d’après Laurent Joyeux, le montant de ces subventions aurait diminué d’année en année, ce qui implique qu’elles étaient donc bel et bien attribuées chaque année.

Si la substitution d’une logique d’appel à projets à celle d’un véritable accompagnement par l’attribution de subventions de fonctionnement nous paraît regrettable pour une vision à long terme, voire difficile à comprendre dans le cadre d’une politique culturelle visant à soutenir les structures de manière pérenne, il convient de relever une bonne nouvelle : les discussions entre le Conseil départemental, La Vapeur et l’Opéra sont de nouveau engagées.

Morgane MACÉ

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