Devenir comédien dans la région Rhône-Alpes Auvergne

Devenir comédien dans la région Rhône-Alpes Auvergne
Publicité

Quelles sont les possibilités de formation des futurs comédiens dans la région Rhône-Alpes-Auvergne ? Elles sont nombreuses et diversifiées, ainsi que Profession Spectacle a pu le constater. Enquête.

Le samedi 30 novembre a eu lieu la journée “Portes ouvertes” à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT), de Lyon. Par ailleurs, les concours d’entrée aux autres écoles de la région Rhône-Alpes-Auvergne ont ouvert (jusqu’en janvier). L’occasion de revenir sur les diverses possibilités de formation des futurs comédiens dans la région.

Si, comme se plaît à le dire Olivier Py, « le théâtre est une école où l’on apprend à ne pas comprendre », les comédiens, metteurs en scène et directeurs de théâtre s’accordent à encourager les amateurs de théâtre à suivre une formation dans une école.

La région Rhône-Alpes-Auvergne propose ainsi diverses formations. Petit guide à l’usage des apprentis comédiens…

Le choix de la formation classique : les conservatoires

Les conservatoires s’adressent à la fois aux amateurs et aux aspirants à une carrière professionnelle. Celui de Lyon a rouvert ses portes en 2006 et celui de Saint-Étienne fait partie des établissements historiques puisqu’il accueille des élèves depuis plus d’un siècle.

Le conservatoire offre deux parcours : un parcours débutant et un parcours professionnel. Le premier, le cycle d’enseignement initial, est ouvert aux 16-20 ans – les lycéens doivent avoir seize ans révolus. Tout débutant n’ayant jamais fait de théâtre peut passer une audition et entrer au conservatoire : la passion, la motivation et l’amour du jeu sont les seuls prérequis. L’orientation professionnelle n’est en revanche accessible que sur concours, à partir de 17 ans.

Le second parcours, le cycle d’orientation professionnelle, est destiné aux 17-24 ans qui ne sont plus au lycée, ont déjà amorcé une formation à l’art du jeu et envisagent une orientation professionnelle dans le domaine du spectacle vivant.

Les équipes pédagogiques sont composées d’artistes – comédiens, metteurs en scène – et de professionnels. Le cursus ‘‘Art du théâtre’’ est pluridisciplinaire puisqu’il intègre à la fois le travail sur l’interprétation, la danse, le chant, l’expression de jeu et l’improvisation, la dramaturgie, la culture théâtrale et les mouvements esthétiques, le théâtre contemporain et l’analyse de spectacles. Cette interdisciplinarité est accentuée par le partenariat entretenu entre le conservatoire et les théâtres de la région.

À Lyon, il existe en outre une convention de partenariat pédagogique avec l’Université Lyon 2, département ‘‘Arts de la scène, de l’Image et de l’Écran’’, qui permet ainsi plus facilement aux étudiants de poursuivre un double parcours théorique et plus pratique.

Le choix de la formation illustre : l’École de la Comédie de Saint-Étienne et l’ENSATT

Les apprentis comédiens de la région ont la très grande chance de compter sur leur territoire deux écoles nationales : l’École de la Comédie de Saint-Étienne, la plus ancienne école située dans un centre dramatique national, dirigée depuis 2011 par Arnaud Meunier, et l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT).

La fameuse école, qui se trouvait rue Blanche à Paris, est en effet désormais située à Lyon depuis 1997. Laurent Gutmann, metteur en scène ayant reçu une formation de comédien auprès d’Antoine Vitez à l’école du Théâtre national de Chaillot ainsi qu’une formation universitaire en droit et philosophie, en est le directeur depuis un peu plus d’un an. Il rappelle qu’une école nationale de théâtre choisit ses étudiants à l’issue d’un concours très sélectif. Selon lui, l’école doit agir comme une sorte de révélateur au sens photographique, c’est-à-dire qu’elle doit révéler, permettre de faire jaillir ce qui se trouve déjà en l’apprenti comédien.

« N’intègrent l’école que des apprentis comédiens dont nous estimons qu’ils ont en eux une chose qui ne s’apprend pas mais que l’école aura pour objectif de faire éclore, explique-t-il. Outre des enseignements techniques et des enseignements théoriques inscrivant nos pratiques artistiques dans une Histoire du théâtre, de l’art et du monde, l’école doit être le lieu où des artistes de théâtre en activité partagent avec les étudiants des expériences, des esthétiques, des rapports au monde divers, parfois incompatibles entre eux, offrant aux étudiants l’opportunité de se frayer un chemin singulier. L’ENSATT ne doit pas être à mon sens une école où s’enseigne un théâtre – quel qu’il soit – à l’exclusion de tous les autres. »

L’école permet donc littéralement – selon son nouveau directeur – de faire naître, puis de cultiver, de faire croître une passion, peut-être même une vocation déjà présente en chaque futur comédien. Laurent Gutmann file ainsi la métaphore de l’éclosion lorsqu’on lui demande si son expérience de metteur en scène l’aide dans sa nouvelle fonction : « Elle conditionne fortement ma façon d’envisager ma mission et l’idée que je me fais de ce que doit et peut être l’ENSATT, répond-il. Ma façon de pratiquer la mise en scène jusqu’alors me conduit à envisager l’école comme un lieu d’expérimentation, un outil au service de l’éclosion de jeunes artistes de théâtre qui inventeront le théâtre qui vient, et non pas d’abord comme un lieu d’apprentissage de savoirs constitués. »

Contrairement au conservatoire qui ouvre ses portes aux amateurs, l’ENSATT est destinée à celles et ceux qui souhaitent embrasser la carrière de comédien. Ainsi, Laurent Gutmann conclut-il : « Le conseil que je pourrais donner aux apprentis comédiens tentés par notre concours serait d’interroger honnêtement leur désir, non seulement d’être comédiens, mais aussi celui de mener la vie d’un comédien : une vie magnifique et terriblement exigeante, faite de moments de haute intensité et de périodes plus creuses auxquelles il s’agira de donner un sens et un contenu. »

Le choix de la formation sur-mesure : les écoles privées

Outre ces deux possibilités de formation, existent de nombreuses écoles privées dans la région : l’Acting Studio, le cours Myriade ou encore l’École Premier Acte (Villeurbanne) pour n’en citer que quelques-unes. Nous avons rencontré Arnaud Gagnoud, jeune comédien formé à Lyon, sa ville natale. Son parcours est intéressant puisqu’il a été à la fois formé à l’Université de Lyon 2, à l’école Arts en scène (Lyon 7) et au conservatoire de Paris XI. Un tel chemin de formation permet de montrer qu’une école nationale ou un conservatoire n’est pas la seule voie possible.

Après une licence en études théâtrales, Arnaud Gagnoud intègre l’école privée Arts en scène, qui se qualifie de Centre lyonnais des arts vivants, où il apprend le théâtre, la danse, le clown et le mime. L’école prépare également aux concours des écoles supérieures européennes, nationales ou régionales d’art dramatique et délivre une certification de comédien, acteur enregistrée au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). « Arts en Scène représente le socle de ma formation, reconnaît Arnaud Gagnoud. Encore aujourd’hui, dans mon travail quotidien de comédien, je me réfère aux méthodes apprises à l’école. » Le côté pluridisciplinaire est un véritable point fort selon le comédien qui est aujourd’hui engagé dans de nombreux spectacles de théâtre alliant la danse et les performances. « La formation pluridisciplinaire m’a permis d’enclencher un travail corporel que je mène encore aujourd’hui. »

Par ailleurs, les spectacles de l’école permettent de vérifier la capacité à tenir le rythme des nombreuses représentations. « Les spectacles de l’école se jouent pendant une à deux semaines consécutives, ajoute le comédien. Cela nous oblige à travailler sur la longueur, à trouver le souffle pour enchaîner dix représentations. C’est extrêmement formateur ! » Se former dans une telle école permet enfin de bénéficier d’un réseau important et d’avoir une insertion professionnelle plus rapide.

Si Arnaud complète sa formation au conservatoire de Paris, il reconnaît que ces trois années ne lui ont finalement pas apporté autant qu’Arts en scène, hormis la création d’un réseau parisien. « En mai 2013, alors que j’étais en première année à Arts en Scène, j’ai obtenu mon premier cachet pour un ‘‘vrai’’ rôle. Lors de la deuxième année, les contrats ont commencé à s’enchaîner. À partir de là, je n’ai plus arrêté de travailler, menant de front ma seconde formation au conservatoire et les différents spectacles qui se succédaient à Paris et à Lyon. » Arnaud, actuellement sur un nouveau projet – la mise en scène d’un roman qui l’habite depuis le lycée, Bel-Ami de Maupassant – est l’exemple même de ce dont parlait Laurent Gutmann : la vocation qui jaillit au fil des rencontres, des études et du travail…

Ainsi, la région Rhône-Alpes-Auvergne offre de nombreuses possibilités à ses apprentis comédiens. Que ceux-ci passent la porte d’un conservatoire, de l’ENSATT ou d’une école privée, animés par la passion et encouragés par leurs professeurs, une vie de théâtre peut les attendre…

Virginie LUPO

Correspondante Région Rhône-Alpes Auvergne

.



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *