Les marionnettistes se fédèrent massivement en Auvergne-Rhône-Alpes

Les marionnettistes se fédèrent massivement en Auvergne-Rhône-Alpes
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Un collectif d’artistes marionnettistes s’est créé en région Auvergne-Rhône-Alpes, soutenu par l’Association nationale des théâtres de marionnettes et arts associés, THEMAA, qui accompagne les acteurs de la marionnette dans chaque région autour de projets communs. Une première étape dans une vision à long terme.

Si l’Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) est pour l’instant dotée d’une seule scène conventionnée d’intérêt national “Création marionnette et cirque”, à Bourg-en-Bresse, les compagnies de marionnettistes et les lieux dédiés à cet art ne manquent pas dans cette région, en particulier à Lyon où la marionnette de Guignol fait figure d’ambassadrice historique au MAM, Musée des arts de la marionnette.

Directrice du théâtre le Guignol avec sa compagnie M.A depuis cinq ans, Emma Utges est l’une des membres de ce nouveau collectif œuvrant pour une meilleure reconnaissance de la marionnette sur le territoire. Elle revient sur les objectifs et projets en cours du réseau.

Une première phase de structuration

« Tout a commencé en juin 2019, sur l’initiative de deux personnes qui font partie du collectif, raconte-t-elle. On a fait une première réunion au Musée des arts de la marionnette. On essaie toujours de trouver des lieux cohérents en région : plus récemment, on était à Porte-lès-Valence et, encore avant, au théâtre de Bourg-en-Bresse. La prochaine se fera à Roanne le 8 février. »

Quarante-sept structures ont répondu à l’appel de ce collectif dont le statut juridique n’est pas encore défini. « Officiellement, nous ne sommes pas structurés, reconnaît Emma Utges. Nous sommes pour l’instant un groupe de personnes – artistes marionnettistes, metteurs en scène, auteurs, constructeurs, administrateurs et chargés de diffusion – accompagnées par THEMAA. L’association est vraiment importante parce qu’elle soutient, cherche et réfléchit pour une meilleure représentation de la marionnette. »

Cette volonté de se rassembler est ainsi née d’un constat. « Nous avions besoin de rendre visible les arts de la marionnette sur notre région, détaille la directrice du théâtre le Guignol. Nous devons donc faire un état des lieux des besoins et des ressources pour savoir comment tisser des liens ensemble et être plus forts. »

Entre folklore et marionnette contemporaine

Dans cette région qui compte douze départements, fédérer autour d’événements est un défi. « Que ce soit dans le but plus tard d’avoir un centre national des arts de la marionnette ou pour imaginer un festival, nous devons le faire dans une logique de co-construction, poursuit Emma Utges. Il nous semble important de créer des événements rassembleurs, qui permettraient de rendre visible toute la diversité de la marionnette. »

Entre le spectacle jeune public, la marionnette traditionnelle ou contemporaine et le théâtre d’ombre, le genre artistique présente une diversité manifeste mais encore mal connue, d’après Emma Utges, la marionnette étant communément identifiée au “jeune public”. Un autre préjugé cantonnerait également l’art de la marionnette à une esthétique burlesque, figée dans sa dimension grotesque, notamment au travers du personnage de Guignol, créé à Lyon au XIXe siècle dans le but de critiquer le pouvoir en place et dont l’image a été lissée par la suite avec la censure « jusque dans la transformation de son visage, représenté depuis lors avec un sourire niais ».

Les arts de la marionnette évoluent cependant entre folklore, tradition et modernité, parfois introduits à l’Opéra. « Cela arrive à certains membres du collectif… Je pense à Émilie Flacher de la compagnie Arnica, qui est dans l’Ain, à Émilie Valantin en Ardèche ou encore à Johanny Bert du théâtre de Romette à Clermont-Ferrand. »

COREPS, Marché de la connaissance et SODAM

Cette année le collectif est invité par THEMAA à être représenté au COREPS Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous sommes inscrits dans quatre des cinq groupes de travail, sur la production et la diffusion, l’emploi et la formation, les politiques publiques, les territoires et les habitants. » En plus de cette implication dans un réseau plus large, le collectif développe de son côté des outils tels que le Framacalc, un tableur collaboratif en ligne, pour élaborer une carte des compagnies régionales.

L’association THEMAA leur a également proposé de participer aux Rendez-vous du Commun, le 4 novembre dernier, ainsi qu’aux Assises de la marionnette qui auront lieu en 2023 et 2024. « Le cycle de réflexion proposé est “Créer pour qui ? Créer dans un écosystème en déséquilibre, en mutation. Créer au sein d’une communauté”. Nous l’avons rattaché à notre thématique phare : “Visibles/invisibles les arts de la marionnette en AURA”. »

Tandis que le collectif doit par ailleurs se pencher sur le programme de la Journée mondiale de la marionnette, qui aura lieu le 21 mars prochain, d’autres projets se préparent, comme l’organisation d’un Marché de la connaissance pour favoriser la transmission des savoirs. « En partant du principe que tout le monde sait quelque chose qu’il peut troquer, l’idée d’un festival a été relancée, tout comme la question du lancement d’un SODAM, schéma d’orientation pour le développement des arts de la marionnette, développe Emma Utges. Ça s’est fait pour les musiques actuelles et le cirque : ce schéma permet de savoir vers quoi on souhaite aller et comment on se structure. »

Ainsi, la participation du collectif marionnettes Auvergne-Rhône-Alpes aux Rendez-vous du Commun, son implication au sein du COREPS et sa structuration juridique à venir dans l’éventualité du lancement d’un SODAM lui permettraient d’obtenir les soutiens nécessaires pour créer des événements et promouvoir durablement les arts de la marionnette sous toutes ses formes esthétiques.

Morgane MACÉ

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En savoir plus : THEMAA et collectif AURA

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Collectif marionnettistes en AURA (©Morgane Macé)

Collectif des marionnettistes en AURA (©Morgane Macé)

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Crédits photographiques : Morgane Macé



 

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