Bilan 2016 du CNC : diffusion, diversité, VàD… une vitalité bien réelle et contrastée

Bilan 2016 du CNC : diffusion, diversité, VàD… une vitalité bien réelle et contrastée
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Entre résultats positifs pour le cinéma français et nouvelle politique de diffusion des films, il semble que le CNC ne soit jamais à court d’idées. Tel est le constat à la lecture du bilan annuel de l’année 2016, publié récemment. Les salles françaises sont les plus fréquentées du continent européen grâce à leur nombre et à la diversité de leur programmation. Netflix n’a d’ailleurs pas fait trembler le mammouth à l’occasion de sa présence au festival de Cannes ; la riposte fut rapide. 

La vitalité du cinéma français se confirme par les bons résultats de l’année 2016, mais également par ceux des distributeurs. Par exemple, Moi, Daniel Blake de Ken Loach a fait deux fois plus d’entrées en France qu’en Angleterre. En tout, les cinémas français ont connu 213 millions d’entrées, le deuxième plus haut niveau de fréquentation depuis 50 ans, dû au maillage considérable des salles de cinéma et à leur diversité.

Diffusion et diversité

Une salle sur deux est classée Art & Essai ; le CNC s’engage à homologuer davantage les films dans cette catégorie avant leur sortie, à partir de 2018, pour favoriser leur promotion. Cette mesure vient renforcer l’accord du 13 mai dernier, qui consistait à assurer une meilleure diffusion des films et à offrir un choix plus large de films art et essai.

Frédérique Bredin souhaitait également permettre à chaque film d’avoir une durée de vie plus longue et de trouver son public en lui garantissant deux semaines à l’affiche. Ainsi 40 % des cinémas, soit 60 % des écrans, sont-ils actuellement soumis à l’engagement de programmation et 82 % des engagements de cet accord sont remplis par les plus grands diffuseurs (UGC, MK2, Gaumont etc.). Lutter contre l’uniformisation des films, constatée dans le monde entier, est au cœur de l’engagement du CNC.

Soutien à la promotion nationale et internationale

Le plan anti-délocalisation a fait son œuvre, grâce notamment au crédit d’impôt qui vise à garantir une plus grande vivacité de l’industrie cinématographique sur le territoire. Les investissements étrangers ont également été plus importants.

Un décret est en cours d’examen concernant l’obligation de promouvoir le film diffusé, avec possibilités de sanctions en cas de non respect. Un autre vise à réformer l’agrémentation, inchangée depuis 18 ans, afin de favoriser la diversité de l’exportation des films français à l’étranger et de moderniser le système, notamment pour intégrer le secteur des effets spéciaux. En effet, la commission d’agrément du CNC, qui examine les demandes d’agrément des sociétés de production de longs métrages, se devait de répondre aux nouvelles préoccupations du secteur. La réforme a bénéficié d’un investissement conséquent de 9 millions d’euros de la part du CNC, presque aussi important que le soutien apporté aux distributeurs pour accroître leurs recettes.


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Face au coût croissant des places, l’essor de la VàD

Les efforts ne sont donc pas sans coûts, qui se répercutent directement sur le prix des places de cinéma (11,90 € pour le tarif normal dans un UGC), puisque le CNC prélève à la source pour financer ses initiatives.

L’augmentation de 3 % du nombre de séances pourrait-elle permettre, à terme, une baisse du coût de l’entrée unitaire ? Ce serait assez souhaitable pour obtenir une réelle politique de diffusion des films. Les tarifs d’entrée de plus en plus exorbitants risquent en effet de priver une partie de la population française d’un accès régulier aux salles – à l’encontre des politiques culturelles publiques sur le juste prix.

Il n’est pas étonnant que le public se tourne plus volontiers vers les vidéos à la demande proposées à moindre coût. En effet, le visionnage sur petit écran est plus conséquent encore qu’au cinéma, surtout depuis l’explosion du secteur de la vidéo à la demande – MyTF1, Orange, Netflix… –, dont les recettes ont augmenté de 8,3%.

La réponse à cette augmentation n’est autre que la taxe Netflix, récemment étendue à Youtube et Dailymotion, qui pourrait s’élargir encore à Facebook et Snapchat, afin de les intégrer à l’écosystème du CNC.

Une vitalité contrastée

Néanmoins, le CNC a produit 283 films dont 40 % sont des coproductions avec l’étranger. Un tel nombre place l’organisme français en première position au sein de l’Europe, preuve de l’ouverture et du rayonnement du cinéma français sur le monde.

Le niveau des films en première exclusivité (première diffusion) est assez élevé, selon le CNC, avec 716 parmi les 7 760 films exploités. Si la fiction française s’est distinguée avec un regain de création pour l’année 2016, la France est cependant loin d’une réelle vivacité du secteur en la matière. En outre, la production de films cinématographiques recule légèrement (-5,7 %) parmi les films agréés, de même que ceux d’initiative française, même s’il représente le deuxième plus haut niveau depuis 1952.

Questions en suspens

La concurrence croissante à l’égard du cinéma indépendant, et quelque peu déloyale au vu des moyens mis en œuvre, s’ajoute au rapatriement de la vidéo en ligne. Le CNC ne se met aucune limite pour préserver son rôle de catalyseur, au risque d’intimider les initiatives allogènes, comme par exemple la présence de films produits par Netflix au festival de Cannes, qui a entraîné l’obligation – pour les films présentés – d’avoir un diffuseur au préalable. Doit-on s’en réjouir ou le déplorer ? Le débat est lancé depuis plusieurs mois.

En dépit de ce constat d’une volonté de contrôle, lié à une adaptation nécessaire face à l’émergence des nouveaux marchés, la politique conduite par le CNC n’en demeure pas moins toujours aussi ambitieuse et soucieuse de protéger le cinéma français, de sa production à sa diffusion.

Louise ALMÉRAS

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