Catherine Breillat « complètement contre » Mai 68
La romancière et cinéaste Catherine Breillat, qui a défrayé la chronique pour ses films abordant le sexe d’une façon très crue (Romance en 1999, À ma sœur ! en 2001 et Anatomie de l’enfer en 2004), avait 19 ans en mai 1968. « Complètement contre » Mai 1968, elle était d’accord avec de Gaulle : « C’était la chienlit ». Extraits.
[avec AFP]
Arrivée à Paris
« J’arrivais des Deux-Sèvres, j’avais le bac, je m’étais inscrite aux Langues orientales à Paris. Avec ma sœur on habitait au Trocadéro, près de la Cinémathèque française, où on passait tout notre temps.
J’avais pris hindi à cause de Krishnamurti. C’était un philosophe indien que je trouvais très beau. Il était maquillé avec du khôl, comme les Égyptiens. C’était ma grande passion, par contre je n’ai pas pu apprendre l’alphabet hindi, parce que c’était hors de ma portée.
Mais en fait je voulais juste être à Paris, je voulais être écrivain et metteur en scène et pour ça il fallait être à Paris. »
Conscience politique
« J’étais complètement contre mai 68, d’ailleurs je suis toujours contre. Je suis d’accord avec le général de Gaulle que c’était la chienlit, des gens inintéressants, sauf (Daniel) Cohn-Bendit que j’aime beaucoup, je le trouve très intelligent. C’est une exception ».
« Le discours politique ne m’intéressait pas, ni le fait qu’on dénonce les professeurs comme des mandarins. Moi, je trouve que les professeurs doivent enseigner et que les élèves doivent se taire, écouter et apprendre. Poser des questions peut-être, mais pas apprendre au maître, je trouve ça grotesque ».
« Qu’est-ce qui aurait bien pu me faire pencher à gauche ? Quand on voyait l’Union soviétique, enfin on voyait ce que c’était quand même ! »
« Je n’avais aucune conscience politique, j’étais individualiste et j’avais conscience par contre que je détestais ce côté grégaire, communiste, trotskyste, maoïste. Ça n’a pas fait du bien d’ailleurs. »
« Toutes les révolutions, et Mai 68 n’y a pas fait exception, ont toujours été faites pour museler les femmes. La Révolution française, dont on se targue tant, c’est quoi ? C’est liberté, égalité, fraternité. Égalité qui veut dire égalité de tous les hommes à l’exception de toutes les femmes. »