L’œuvre virtuose de Wong Kar-wai, fil rouge du 9e Festival Lumière
Il y a vingt ans, se révélait à Cannes son cinéma stylisé et romanesque : le réalisateur chinois Wong Kar-wai recevra les honneurs du Festival Lumière, dont la 9e édition s’ouvre samedi à Lyon avec une programmation de 180 films. Après avoir célébré quelques-unes des plus grandes figures du 7e Art depuis 2009, de Clint Eastwood à Catherine Deneuve en passant par Scorsese, Tarantino et Almodovar, cette manifestation dédiée aux grands classiques restaurés a pour la première fois choisi de tourner son regard vers l’Asie.
[avec AFP]
Une rétrospective proposant l’ensemble des longs-métrages de Wong Kar-wai, 59 ans, à qui l’organisation a également confié une sélection de films chinois, guidera le festival durant huit jours. Celui-ci s’achèvera le 22 octobre avec la projection d’une copie restaurée de In The Mood For Love, drame amoureux d’une poésie infinie qui a consacré en 2000 le réalisateur chinois à l’international.
Une œuvre homogène
« Wong Kar-wai a bâti une œuvre tellement homogène qu’il est difficile d’en extraire un film plutôt qu’un autre. Son travail est toujours en mouvement, toujours imprévisible, ce qui rend extrêmement curieux d’en connaître la suite », souligne Thierry Frémaux, directeur du festival.
En attendant celui qui donnera une masterclass et recevra le Prix Lumière le 20 octobre – accompagné de son chef-opérateur Christopher Doyle -, de nombreuses personnalités du 7e Art viendront à Lyon converser avec les cinéphiles.
Parmi elles, Guillermo Del Toro, récompensé en septembre à Venise, Tilda Swinton, William Friedkin et surtout Michael Mann, qui présentera une version définitive restaurée de Heat (1995), son chef-d’œuvre avec Al Pacino, Robert De Niro et Val Kilmer.
D’Eddy Mitchell à Henri-Georges Clouzot
Côté français, Jean-François Stévenin, Diane Kurys, Vincent Pérez ou encore Anna Karina, icône de la Nouvelle Vague et muse de Jean-Luc Godard, iront à la rencontre du grand public dans la ville des Frères Lumière.
Mais c’est le rockeur et féru de cinéma Eddy Mitchell, invité d’honneur de la cérémonie d’ouverture, qui donnera samedi le coup d’envoi des festivités. Le présentateur de l’émission télévisée culte « Ma dernière séance » se pliera le lendemain à l’exercice de la masterclass et présentera Coup de torchon, le film de Bertrand Tavernier dans lequel il donne la réplique à Philippe Noiret.
La programmation fera également la part belle à la filmographie du maître français du thriller en noir et blanc Henri-Georges Clouzot (Les diaboliques, Le salaire de la peur…), aux westerns des années 1940-60 sur la fondation de l’Amérique, et aux documentaires sur le cinéma.
24 communes, 300 séances, 150 000 festivaliers
L’un d’eux, Five Came Back, réalisé par le cinéaste américain d’origine française Laurent Bouzereau – et raconté par Meryl Streep -, narre la mobilisation de cinq réalisateurs américains (dont Frank Capra et John Ford) lors de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, tandis que le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón viendra présenter La fórmula secreta, un OVNI expérimental de son compatriote Rubén Gámez sorti en 1964, le danois Nicolas Winding Refn, habitué des lieux, dévoilera son prochain projet en avant-première.
Lancé en 2009 par l’Institut Lumière, le festival et son marché du film classique se déploient durant une semaine – et 300 séances – dans les salles de cinéma de 24 communes de l’agglomération lyonnaise. Il est organisé dans le quartier de Lyon où fut inventé le Cinématographe en 1895 et tourné La Sortie de l’Usine Lumière, premier film de l’histoire. Au total, 150 000 festivaliers sont attendus pour cette 9e édition, dont le coût avoisine les 2,5 millions d’euros.