"Amaranta" par le Théâtre du Shabano : réparer la filiation par le conte

Le Théâtre du Shabano propose un joli conte sur la filiation, adapté d’une histoire de l’auteur colombien Nicolas Buenaventura Vidal. Un beau spectacle, avec des marionnettes, en tournée dans toute la France et à destination de tous les enfants à partir de cinq ans !

Entre une mère, femme moderne hyperactive et hyperstressée, et un père qui prépare une conférence importante, Amaranta, petite fille éveillée et facétieuse, ne reçoit pas beaucoup d’attention de ses parents. Ce n’est pourtant pas faute de l’aimer… Ils n’ont hélas jamais le temps pour elle.

Le temps, elle aimerait bien le trouver, à côté de ses parents éparpillés. Elle se demande pourquoi les adultes sont toujours si occupés et commence elle aussi à se disperser. Son corps peu à peu lui échappe, elle perd sa concentration.

Le pouvoir de résilience de la parole

En prenant le temps d’écouter une histoire racontée par la voix de la grotte, le récit de bras et de jambes, d’un corps en morceaux dans un lac ensorcelé, de membres qui, par amour, décident tous de s’unir pour épouser la princesse, la petite fille se rassemblera elle-même. Au terme de ce conte, elle parviendra à réunir les parties du corps séparées pour réparer le lien avec ses parents.

Un spectacle qui montre qu’un traumatisme, même s’il est important, n’est pourtant pas inéluctable. L’histoire d’Amaranta propose le rêve et l’imagination comme remèdes. Et la force absolue de la parole.

Un duo complémentaire et aguerri

La Compagnie Shabano, qui s’est fait une spécialité de travailler autour du conte, propose avec Amaranta, adapté d’un récit de l’auteur colombien Nicolas Buenaventura Vidal, un spectacle où la magie des images et la complémentarité des techniques marchent à plein pour créer un univers poétique auquel les projections au rétroprojecteur réalisées sur scène donnent un côté artisanal. De leur côté, les deux interprètes apportent la créativité du corps et celle de la manipulation.

Raquel Santamaria vient de Colombie, Larissa Cholomova est russe. À elles deux, elles forment un duo complémentaire et rompu aux différentes techniques (clown, marionnette, ombres chinoises…) pour permettre à ce conte de toucher les enfants avec un récit permettant le rêve, dans un spectacle qui cumule les surprises et les espaces d’imagination pour les plus petits (à partir de 5 ans). C’est étrange et envoûtant.

Une belle histoire qui aide de toute évidence à se recentrer et propose aux plus jeunes un mélange de langages théâtraux bienvenu.

Nicolas ARNSTAM