Au cinéma – « Le Portrait interdit » : cité et portrait interdits

Au cinéma – « Le Portrait interdit » : cité et portrait interdits
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À Pékin, au cœur de la Cité interdite, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un peintre jésuite peint le portrait d’une princesse mandchoue à la cour de l’empereur de Chine. Charles de Meaux est tombé par hasard sur une curieuse peinture au musée des beaux-arts de Dôle. Il s’agissait du portrait à l’occidentale d’une princesse chinoise. Son auteur est Jean-Denis Attiret, un jésuite employé à la cour de l’empereur.

★☆☆☆

À partir de ces faits réels, le réalisateur et son co-scénariste ont inventé une histoire. Elle met face à face le jésuite et son modèle. L’un comme l’autre braveront des interdits : le jésuite Attiret (Lacan aurait adoré ce patronyme) manquera de peu de tomber amoureux de son modèle et de trahir ses vœux ecclésiastiques, la princesse, qui veut reconquérir l’amour perdu de l’empereur, ne réussira en fait qu’à se l’aliéner.

Thématique du tableau

La réalisation d’un tableau est un thème qui a été souvent utilisé en littérature et au cinéma. Zola en fit un roman, Balzac en avait fait une nouvelle cinquante ans plus tôt que Rivette adapta au cinéma. La Belle noiseuse est un chef-d’œuvre révéré. Je me souviens l’avoir vu au Max Linder un dimanche matin, à l’automne 1991. Ses quatre heures m’avaient semblé interminables. Je m’y étais copieusement rasé, seules les courbes girondes d’Emmanuelle Béart réussissant à me maintenir éveillé.

Autre source d’inspiration pour Le Portrait interdit : Silence qui traite, avec quelle maestria, de l’impossible évangélisation du Japon par les Jésuites au XVIIe siècle.

Pâle copie

Le film de Charles de Meaux pâtit de l’inévitable comparaison avec ces deux monuments. Il veut traiter ces deux sujets ; mais il le fait moins bien que ces deux prédécesseurs. Sur l’irréductible fossé entre les cultures qu’aucune entreprise d’évangélisation ne réussira jamais à combler, il faut voir ou revoir le chef-d’œuvre de Martin Scorcese, sans doute l’un des meilleurs films de l’année qui s’achève. Sur la création artistique et ses apories, il faut peut-être donner une seconde chance au film de Rivette.

Tony PARODI

 




Charles de MEAUX, Le Portrait interdit, France-Chine, 94mn

  • Sortie : 20 décembre 2017
  • Avec Fan Bingbing, Melvil Poupaud, Shie-Jye Jin, Yue Wu, Thibault de Montalembert, Féodor Aktine.
  • Scénario : Charles de Meaux et Michel Fessler
  • Distribution : Rezo Films

En savoir plus sur le film : Le Portrait interdit (CCSF)



 

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