Friche Babcock : un espace hors-norme pour le spectacle vivant

Friche Babcock : un espace hors-norme pour le spectacle vivant
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En 1898, la société américaine Babcock & Wilcox, spécialisée dans la fabrication d’énormes chaudières industrielles, installait une usine dans la plaine de la Courneuve, à quelques kilomètres au nord de Paris. Mais à la fin des années 70, l’immense complexe, fleuron de l’architecture industrielle, périclite et est presque laissé à l’abandon. Cependant, en 2012, la Banque de France rachète le terrain et ses monuments : une partie de l’ensemble doit accueillir des locaux ; mais il reste à trouver une fonction aux gigantesques bâtiments classés historiquement.

Réhabiliter une friche

À quelques kilomètres de là, la MC93, dont les locaux sont en travaux, se voit alors proposer d’investir une des halles monumentales de la friche Babcock afin de l’intégrer à ses lieux de programmation. L’immensité du lieu et les volumes étonnants convainquent rapidement la direction de la MC93 de tenter l’aventure en ce début d’automne 2016. La mission patrimoniale du projet, qui consiste à faire redécouvrir ce haut-lieu de l’histoire économique, bastion des combats sociaux pendant tout le XXe siècle, encourage La Courneuve et Plaine Commune d’investir dans ce projet. Une halle, la plus grande, est mise à disposition de la MC93 afin de monter trois spectacles entre septembre et octobre, avant que la température ne rende le lieu plus difficile à occuper.

Friche Babcock« C’est un projet monumental, l’affaire de plus d’une année de travail », explique Patrick Devendeville. Ce que veut faire comprendre le directeur technique de la MC93, c’est que se lancer dans ce genre d’aventure est avant tout se confronter à une montagne de contraintes. « La mise aux normes nous a demandé des mois de travail et de vérifications méticuleuses ; nous avons dû contrôler la solidité et la viabilité des lieux. Avec des espaces comme celui-là, on est toujours à la limite de la norme de toute façon, mais on ne pouvait pas prendre de risques. Et je ne parle pour l’instant que de l’aspect sécurité. Il y a ensuite tous les travaux nécessaires pour faire du lieu un endroit adapté à la représentation théâtrale. »

À commencer par l’acoustique : des velours ont été discrètement disposés à certains endroits pour étouffer l’écho naturel de cette cathédrale industrielle. Les gradins ont été disposés de façon à ne pas envahir l’architecture et ont donc été placés en longueur. La création d’une nouvelle salle en harmonie avec le lieu a ainsi nécessité de nombreuses expertises dans tous les domaines : « Le but n’était pas de créer un espace fermé, un caisson cachant l’essentiel du lieu. Cela aurait été pourtant la solution de facilité ; mais nous voulions pouvoir utiliser la profondeur du bâtiment », précise Patrick Dandeville. En tout, c’est « une centaine de professionnels » qui a été mobilisée pour ce projet.

Créer un espace pour l’inattendu

L’aboutissement de ce grand défi technique, logistique et social ? Une très spectaculaire représentation… des Frères Karamazov de Fédor Dostoïevski, mise en scène par l’allemand Frank Castorf. Une œuvre monumentale dans un lieu monumental. Et là encore, les travaux sont gigantesques : construction d’une église en dur, d’une piscine d’eau chaude, de deux tours hautes de deux étages, de corridors… et évidemment de tous les aménagements nécessaires à l’accueil des spectateurs (billetterie, buvette). « Faire venir des gens de banlieues et de Paris jusqu’ici, c’est déjà un beau défi », affirme Patrick Devendeville. Et une expérience en tant que telle. Le spectateur débarquant dans la friche se fait soudain tout petit : il longe les magnifiques bâtiments de la friche alors que, de l’autre côté, d’immenses grues à l’arrêt préfigurent de nouveaux bâtiments.

Deux autres spectacles sont prévus cette année : Secret Temps 2 par Johann Le Guillerm et Danse de nuit par Boris Charmatz. Après, la municipalité réinvestira les lieux pour lui donner une nouvelle portée culturelle, un nouvel élan. Mais si on peut s’attendre à de grandes choses, cette histoire-là n’est pas encore écrite…

Camille DALMAS

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1 commentaire

  1. C est avec tristesse que je vois cela j y ai travaille en temps que chaudronnier de 1967 a fin 68

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