La France rend hommage à Claude Lanzmann, passeur de mémoire avec « Shoah »

La France rend hommage à Claude Lanzmann, passeur de mémoire avec « Shoah »
Publicité

La France a rendu hommage jeudi à Paris à Claude Lanzmann, le réalisateur de « Shoah », qui a traversé le XXe siècle avec la volonté irréductible de témoigner de l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis.

« En ce jour, Claude Lanzmann, vous n’êtes pas seul : nous sommes tous avec vous ; ces morts sont tous avec vous. Ils vous maintiendront vivant à jamais », a déclaré le Premier ministre français Edouard Philippe lors de cet hommage national, le président Macron étant retenu à Bruxelles.

« Vous avez fait exister ceux qui ne sont plus, et il n’est pas impossible que vous ayez réussi à faire exister beaucoup de ceux qui sont ici », a-t-il souligné à propos de l’ancien résistant, décédé à l’âge de 92 ans.

Face au cercueil recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge, Bernard-Henri Lévy a évoqué, visiblement ému, la figure d’Orphée –le poète revenu des enfers– pour saluer celui qui fut écrivain, philosophe, journaliste et surtout mémoire de l’Holocauste et de ses victimes.

Figure marquante du XXe siècle, Claude Lanzmann est décédé il y a une semaine. « La grande épreuve a été de perdre notre fils (Félix) des suites d’un cancer, en janvier l’année dernière, c’était notre fils unique », a confié sa veuve à l’AFP. « Mon mari ne s’en est pas remis, sinon il aurait vécu cent ans ».

Après cet hommage, il a été inhumé dans le caveau familial au cimetière du Montparnasse, non loin de Simone de Beauvoir, avec qui il partagea une partie de sa vie.

Claude Lanzmann laisse derrière lui ce documentaire-monument sur l’extermination des Juifs d’Europe, qui fait autorité. « Shoah, c’est une oeuvre unique pour un crime unique, ce sont des visages, c’est un cri. Un refus aussi : celui de l’oubli », avait souligné le Premier ministre français aux Invalides.

Le film est entré dans l’histoire du cinéma par sa durée (9H30), sa forme (pas d’images d’archives) et son propos : raconter « l’indicible ». Sa réalisation fut une aventure de longue haleine, puisque la préparation et le tournage s’échelonnèrent de 1974 à 1981, avec un montage qui dura presque cinq ans.

Son dernier film, « Les quatre soeurs », est sorti en salles il y a une semaine. Il s’agit d’un nouvel éclairage sur l’extermination des juifs par les nazis, avec les trésors amassés lors du tournage de « Shoah ».

De nombreux rushes, conservés au mémorial de l’Holocauste à Washington restent à la disposition des chercheurs, a rappelé sa veuve Dominique.

 

[avec AFP]



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *