Le carnaval Rio vibre au rythme de la samba et des revendications politiques

Le carnaval Rio vibre au rythme de la samba et des revendications politiques
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Le défilé des écoles de samba du carnaval de Rio de Janeiro a débuté hier soir, entre samba et messages politiques pour dénoncer la corruption, la violence et la pauvreté qui touchent le Brésil. Dans le Sambodrome, enceinte monumentale en forme d’avenue entourée de gradins, 72 000 spectateurs assistent au défilé de chars immenses et richement décorés et vibrent jusqu’à l’aube au son des percussions assourdissantes.

Le carnaval est le lieu de la fête, de tous les excès, en même temps qu’il est un espace pour porter des revendications politiques, sociales et culturelles. L’édition 2018 n’a pas manqué à la tradition.

Il y a quelques mois, Profession Spectacle publiait un vaste état des lieux de la politique culturelle – et plus largement humaine – au Brésil, deux ans après le coup d’État institutionnel qui a vu tomber Dilma Rousseff, la présidente de gauche, sans qu’aucun délit de corruption, enrichissement illicite, détournement de fonds ne lui soit reproché.

Première cible : le maire Marcelo Crivella

Notre correspondante, Kakie Roubaud, évoquait également les difficultés entre les organisateurs du carnaval et les institutions, notamment le maire de la ville de Rio et ancien pasteur évangélique, Marcelo Crivella.

L’édile est notamment accusé de vouloir gâcher la fête de tous les excès à cause de ses convictions religieuses. C’est ce qui expliquerait la division par deux des subventions octroyées aux écoles.

Cette mesure, vivement critiquée à l’époque, a de nouveau fait l’objet d’attaques, entre dénonciation et humour. Il a été étrillé par l’école Mangueira, dans une chanson qui disait notamment : « Le péché, c’est de ne pas s’amuser au carnaval ».

Deuxième cible : le président Michel Temer

Outre le maire de Rio, le président Michel Temer en prend également pour son grade. Il faut dire que l’actuel président poursuit, depuis près de deux ans, un bras de fer particulièrement intense avec la communauté artistique.

En mai 2016, il annonce ainsi que le ministère de la culture disparaîtra et que les questions culturelles seront dorénavant traitées par le ministère de l’éducation. À Rio, les artistes envahissent le Palais de Capanema, suivis par les artistes de 21 capitales qui occupent les antennes du MinC (ministère de la culture).

Marche arrière de Michel Temer, du moins en apparence. Car avec 43 % de coupes dans le budget national et quatre ministres en un an, les artistes ont rapidement déchanté.

Cette année, c’est l’école Paraiso do Tuiti qui s’y colle. « Je suis un vampire censé représenter le président de la République », explique Léo Morais, professeur d’histoire de 39 ans, le visage grimé en blanc, qui portera de grandes ailes noires sur le dos pour incarner la version d’outre-tombe de Michel Temer. « Les écoles de samba ont un rôle social. Elles expriment ce que les gens normaux ressentent. »

La France à l’honneur

La France a été mise à l’honneur par l’école Sao Clemente, qui a évoqué une mission artistique arrivée à Rio en 1816, avec des peintres comme Jean-Baptiste Debret, auteur d’œuvres emblématiques qui décrivent la nature et la vie quotidienne du Brésil de l’époque.

Dans un tout autre registre, l’école Vila Isabel a misé sur des décors futuristes, avec des chars truffés d’ampoules led et des effets visuels époustouflants qui sont la marque de son directeur artistique, Paulo Barros.

Nadège POTHIER

[avec AFP]


 

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