Les Trans Musicales font acte de résistance

Les Trans Musicales font acte de résistance
Publicité

La 37e édition des Trans Musicales débute aujourd’hui à Rennes. Avec 60 000 spectateurs attendus, c’est le premier « grand » rendez-vous culturel français au programme depuis les attentats de Paris. Malgré ce contexte pesant, le festival breton a été maintenu avec, bien sûr, des mesures de sécurité renforcées mais surtout, loin de toute psychose et de la peur.

« On ne s’est même pas posé la question ! » La réponse de Béatrice Macé, co-directrice des Trans Musicales, est directe et sans détour. Jamais les organisateurs des Trans Musicales n’ont songé à annuler le festival malgré les attentats du 13 novembre. Bien sûr, le choc a été dur pour tous en Bretagne, et particulièrement pour le monde culturel. Béatrice Macé l’admet volontiers, « il y aura un avant et un après Bataclan ». Le festival doit d’ailleurs faire face à de nombreuses demandes d’interviews ces derniers jours, mais « très peu pour parler de musique ». Une attention médiatique « pesante mais inévitable et logique » au vu du contexte sécuritaire actuel.

Une sécurité renforcée

Depuis quinze jours maintenant, les organisateurs sont donc sur le pont pour accueillir et rassurer le public. « Dire qu’il n’ y a pas d’appréhension serait malhonnête », concède Béatrice Macé. « Le risque zéro n’existe pas. On y pense », mais des annonces ont été faites pour renforcer la sécurité. En collaboration étroite avec la préfecture d’Ille-et-Vilaine, il y aura une présence policière visible ou en retrait, ainsi qu’un renforcement des fouilles et des palpations à l’entrée des salles de concert ; celles-ci ouvriront plus tôt pour éviter les longues files d’attente. «Habituellement, nous avons un agent de sécurité pour cent personnes, comme le veut la loi. On va passer à un agent pour 85 personnes », détaille Béatrice Macé.

Ce qui va inévitablement engendrer des surcoûts pour le festival, faisant gonfler le budget sécurité de 140 000 euros à environ 200 000 euros, pour un budget global estimé à 2,9 millions. Ces dépenses supplémentaires sont difficiles à gérer : « Nous allons devoir monter un dossier auprès de l’État pour obtenir de l’aide », annonce Béatrice Macé, en référence au fonds d’aide d’urgence de 4 millions d’euros annoncé par le gouvernement pour soutenir le secteur du spectacle après le drame du Bataclan.

Un net ralentissement de la billetterie

Beaucoup de questions se posent également sur la billetterie. Le public va t-il répondre présent ? Avec 64 000 spectateurs l’an dernier, les Trans Musicales avaient battu leur record d’affluence, notamment lors des soirées du vendredi et du samedi, au Parc des expositions de Rennes à guichets fermés. Ce n’est pas le cas pour le moment. « Je vais être franche, il y a un net ralentissement des réservations depuis le 13 novembre ! » reconnaît Béatrice Macé. « Nous avions de très bons chiffres avant les événements. On était même en avance par rapport à l’an dernier à la même époque ». Le festival s’attend à un bilan négatif tout en misant sur des réservations tardives, voire de dernière minute aux guichets.

« La musique comme résistance » 

Créé en 1979, le festival des Trans Musicales est « un exemple parfait de ce qu’il faut défendre », plaide Béatrice Macé. Pour cette édition 2015, le festival rennais reste fidèle à son ADN. Comme chaque année, la quasi-totalité de la programmation est, sur le papier, inconnue du grand public mais elle sent toujours bon le mélange des cultures.

On peut citer le blues-rock des Américains de Vintage Trouble que l’on a pu voir en 1ère partie d’AC/DC en France cette année. Ils côtoieront par exemple les Finlandais de Steven’s Seagulls, la fanfare thaïlandaise de Khun Narin’s, l’électro des Sud-Coréens d’Idiotape, le rap Sud-Africain d’Okmalumkoolkat ou le punk venu de Madagascar de The Dizzy Brains.

Au total, ce sont plus de 80 groupes de onze nationalités différentes qui seront sur scène de mercredi à dimanche, répartis dans six salles de la ville. « Nous le revendiquons : la différence et l’inconnu valent la peine d’être connus et valorisés », souligne Béatrice Macé. « En ce moment, c’est un message porteur ».

De notre correspondant en Bretagne,

Xavier GRIMAULT

*Les Trans Musicales, du 2 au 6 décembre à Rennes. Pour découvrir la programmation complète, rendez-vous sur http://lestrans.com/

Transmusicales 2015 photo

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *