Pactes culturels : un accord vraiment gagnant-gagnant ?

Pactes culturels : un accord vraiment gagnant-gagnant ?
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Telle est la promesse de cette convention proposée par le ministère aux communes qui s’engagent à conserver le financement de la culture dans leur budget. Au vu du faible nombre de pactes signés, Profession Spectacle se demande toutefois s’il s’agit là d’une solution miracle ou juste d’un cataplasme sur une jambe de bois.

Pacte de compétitivité, de responsabilité, de solidarité… Le pacte est à la mode ; la culture n’y échappe pas. Lancé par Aurélie Filippetti, le pacte culturel a été mis en œuvre par sa remplaçante à la rue de Valois, avec pour objectif de rassurer des acteurs de la culture qui en ont bien besoin en ce moment.

Voilà pour le principe. Dans les faits, il s’agit d’une convention signée entre le gouvernement et les collectivités locales, pour permettre à ces dernières de maintenir leurs efforts consacrés à la culture. En échange, l’État s’engage à stabiliser ses financements pour trois ans, c’est-à-dire pour 2015, 2016 et 2017 (le budget de l’année 2014 étant pris comme référence). Parmi les projets qui pourront être financés grâce à ces pactes, Manuel Valls a notamment cité, en mai dernier, lorsqu’il a reçu les maires d’une trentaine de villes signataires, des lieux comme « les résidences d’artistes du Centre d’Art de Guingamp » ou encore « le centre dramatique national de Normandie à Hérouville-Saint-Clair ».

L’initiative semble bonne, si l’on en croit certaines directrices culturelles interrogées par la Gazette des commune : elles apprécient « la visibilité » sur trois ans qu’apporte un tel dispositif ; celui-ci « sécurise les crédits de la DRAC et du ministère ». Un moindre mal en cette période d’incertitude et de diète à tous les étages.

Un effort pas si considérable que cela…

Mais de quelles sommes parle-t-on ? Prenons l’exemple des deux premiers pactes culturels signés par le ministère de la culture : ils concernent Clermont-Ferrand et Cambrai. L’État s’est engagé à verser 4,5 millions d’euros par an à la métropole auvergnate, tandis que cette dernière a inscrit 17 millions d’euros à son budget culture annuel, qui comprend notamment la masse salariale. Le pacte de Cambrai prévoit quant à lui un financement de 380 000 euros par an de la part de l’État, pour un budget annuel porté à 1,3 million.

Ces montants sont certes conséquents pour les collectivités concernées, mais rapportés au ministère et au faible nombre de communes signataires, ils ne représentent finalement qu’un effort bien léger pour la rue de Valois. Il suffit de mettre en parallèle les 11 milliards d’économies réalisés par l’État avec les baisses de dotation pour comprendre le subterfuge. Autre constat, évident, qui mérite d’être signalé : s’il n’y a pas de baisse des aides, il n’y a pas de hausse non plus !

… et un dispositif déjà essoufflé

L’objectif des 60 pactes signés d’ici l’été (dernier) n’est pas atteint, puisque l’on approche péniblement des 40 cet automne. Autre constat : à part Clermont-Ferrand, Rennes, Rouen ou Strasbourg, ce sont – dans la majorité des cas – des villes moyennes, voire de petites agglomérations qui sont concernées. On attend toujours l’annonce de signatures pour Brest, Nantes, Angers, Créteil, Montpellier… Enfin, comme on pouvait s’y attendre, les communes signataires sont majoritairement de gauche.

Représentation politique des signataires des pactes culturels

 

Mais ce qui frappe surtout, c’est le reste, c’est-à-dire ce blanc sur la carte. Que représentent ces quelque 40 communes en comparaison avec les milliers d’autres qui font le choix de ponctionner le budget de la culture pour compenser la baisse des dotations de l’État ? Cela ressemble donc davantage à une manœuvre politique pour montrer au monde de la culture que le ministère agit et joue son rôle. Si l’on calcule bien, la stabilisation des financements court jusqu’à… 2017, année d’élection présidentielle, comme par hasard.

Jacques GUILLOUX



 

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