Sunny Side of the Doc : ou comment tester le caractère exportable de son projet

Sunny Side of the Doc : ou comment tester le caractère exportable de son projet
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Chaque année, Sunny Side of the Doc rassemble producteurs, diffuseurs, décideurs et autres professionnels du documentaire pour quatre jours de rencontres et d’échanges. Si l’événement concerne davantage les projets aboutis qu’en devenir, il veut jouer le rôle de connecteur pour développer la coproduction internationale. Il se déroule cette année du 24 au 27 juin à La Rochelle.

Sunny Side of the Doc n’est pas un festival, mais bien un marché professionnel. « Notre objet, c’est la vente de programmes déjà faits », rappelle Yves Jeanneau, commissaire général et co-fondateur de l’événement. Une exposition qui donne à voir les innovations en termes de production numérique est la seule partie à être ouverte à tous. Mais si Sunny Side s’adresse à un public confirmé, son objectif est bien de démultiplier les opportunités. « Nous voulons réunir dans un même lieu des professionnels du monde entier pour qu’ils se rencontrent, se connaissent et éventuellement travaillent ensemble, souligne le co-fondateur. Cette année, soixante pays sont représentés. Il y a deux cents distributeurs interrégionaux venus vendre leurs films aux acheteurs, qui sont quant à eux au nombre de quatre cents. Ces acheteurs représentent des chaînes de télévision, des plates-formes et tous les nouveaux réseaux de distribution. »

Sélection naturelle

Du fait de cette diversité de regards, Sunny Side permet de jauger le caractère exportable d’un projet. « Certains documentaires ne sont pas faits pour l’étranger, explique Yves Jeanneau. Par exemple, un film sur les initiatives sociales et écologiques de Clermont-Ferrand aura peu de chances d’attirer des producteurs australiens. Dans sa nature, il est domestique. Du fait des sujets qui sont abordés, il y a comme une sélection naturelle. Mais Sunny Side va permettre aux projets français qui ont potentiellement une dimension internationale de vérifier si c’est bien le cas. Tous les ans, des producteurs se rendent compte que leurs documentaires ne sont pas, au final, faits pour le marché étranger. Les raisons peuvent être diverses : soit la présentation n’allait pas, soit il existe déjà des projets beaucoup plus développés… Mais cela permet en tout cas d’éviter de perdre de l’argent et de l’énergie pour rien. »

Ce marché professionnel est aussi l’occasion de se renseigner sur les pratiques, les dispositifs et les financements disponibles à l’international. Cette année, le focus est mis sur l’Allemagne. « Nous avons fait venir tout ce qui bouge dans le pays pour faire comprendre comment fonctionne le système allemand. Les financements sont régionaux par exemple, contrairement à la France. Cela permet aussi de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’Arte, mais aussi des chaînes dont on n’a jamais entendu parler et qui diffusent des documentaires. »

“Learning market”

L’événement aborde aussi le sujet des opportunités liées aux nouveaux types de production, comme pour les musées ou les institutions culturelles et scientifiques. « Ces structures offrent la possibilité de travailler sur des formats complètement différents. Nous organisons des ateliers pour confronter le public à des installions numériques qui viennent d’une dizaine de pays. » Ces installations illustrent comment les outils technologiques les plus récents, comme la réalité virtuelle, peuvent être utilisés dans les documentaires.

Le marché propose aussi une sélection de trente-six projets qui seront “pitchés” c’est-à-dire présentés de façon dynamique et vendeuse en vue de récupérer des fonds. « Les projets doivent déjà avoir au moins 30 % de leurs financements, c’est le critère de sélection, précise Yves Jeanneau. L’objectif, c’est de les aider à atteindre les 100 % mais aussi de leur donner une dimension internationale en attirant l’œil de professionnels étrangers. La meilleure façon d’être diffusé ailleurs, c’est d’être coproduit par un autre pays. »

Six projets ont été sélectionnés dans six catégories différentes telles que l’histoire ou la science. La sélection permet aussi de voir ce qui se fait de plus ambitieux dans l’univers du documentaire. « Il y a un côté “learning market* à Sunny Side, conclut le co-fondateur. L’événement donne à voir ce que le marché veut mais aussi comment subvertir ses attentes. Car s’il y a des exigences, il faut aussi savoir surprendre ! Mais en se confrontant aux décideurs et professionnels du monde entier, on comprend pourquoi tel projet se vend et tel autre se plante… »

Chloé GOUDENHOOFT

* Littéralement : « marché formateur ».



 

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