SYNAVI : “Le pass vaccinal n’est pas une solution, c’est un nouveau problème”

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Le Syndicat national des arts vivants dénonce une mesure discriminatoire, qui risque de faire subir au spectacle vivant « des dommages irréparables ».

Le passe vaccinal, adopté par les députés le 6 janvier dernier, est dorénavant à l’étude au Sénat. En l’absence de réels contrepouvoirs depuis le début de la crise sanitaire, tant du côté politique que de celui médiatique – en dépit de quelques rares voix discordantes de certains médecins et virologues, telle Alice Desbiolles qui dénonce, sur Europe 1 et dans Le Figaro, une mesure probablement inefficace –, le vote et l’application de cette mesure ne sont qu’une question de jours.

Du côté des artistes, il y a comme une résignation. Nul n’ose véritablement s’exprimer sur l’action gouvernementale et les restrictions politiques, sauf quand les mesures mettent en péril le secteur, provoquant ainsi une colère que le gouvernement a tôt fait de calmer par quelques aides ponctuelles.

Une ingérence dans la vie privée

Le SYNAVI, dans un communiqué, dénonce de son côté le nouveau transfert de responsabilité qu’implique le pass vaccinal, puisque ce sont les établissements qui auront la charge de la vérification des documents. Nihil novum sub sole. C’était déjà le cas avec le pass sanitaire.

Le syndicat d’employeurs dénonce par ailleurs cette « obligation vaccinale » qui contraint les salariés et les publics à « se faire vacciner » ou « perdre leur emploi », ce qui entraînera automatiquement, selon lui, « des dommages irréparables, tant au sein des équipes artistiques et techniques que dans leurs relations avec le public ». Si l’enjeu est de forcer – on dit aussi, selon les humeurs, « inciter fortement » ou « emmerder » – la vaccination de ceux qui estiment que les vaccins n’ont pas encore prouvé leur fiabilité sur le long terme, faute de recul, le SYNAVI parle quant à lui d’une « obligation vaccinale pure et simple », qui atteint la quasi-totalité des salariés des entreprises culturelles, et dénonce de ce fait « une ingérence dans la vie privée » et des « inégalités de traitement qui résulteront ».

Sans s’attaquer directement à la pertinence du pass vaccinal dans le contexte actuel, le SYNAVI s’appuie sur une étude de ComCor mené par l’Institut Pasteur qui dit : « En revanche, aucun sur-risque n’a été documenté pour les lieux culturels, les commerces (hors commerces de proximité), les restaurants (à une période où beaucoup opéraient en extérieur et avec aération), les lieux de culte, les activités sportives, et les rassemblements familiaux (hors mariages pour lesquels un sur-risque a été documenté). Ces résultats soulignent l’importance du respect des gestes barrières, et notamment du port du masque et de l’aération en lieux clos. »

Un écosystème artistique désorganisé, perturbé, ébranlé

Le SYNAVI ne souhaite pas nier la gravité de la pandémie et la nécessité de protéger ses salariés, mais regrette qu’« aucune organisation professionnelle de notre secteur d’activité n’a[it] été concertée », alors même que « six mois après l’instauration du passe sanitaire, le bilan est terrible pour le secteur du spectacle vivant ». C’est bien l’argument professionnel – économique et social – qui est au cœur de son communiqué.

« Nous ne pouvons pas accepter que nos activités soient, une fois de plus, stigmatisées et qu’il ne soit tenu aucun compte de l’impact de telles mesures, poursuit le syndicat d’employeurs, qui cite des baisses importantes de fréquentation, des annulations de contrats, des suspensions de programmations et des conséquences terribles sur les emplois. Par la nature des emplois, longs à pourvoir et impactant le travail de tous les autres membres du collectif artistique, c’est tout l’écosystème de la création et de la diffusion qui s’en trouve désorganisé, perturbé, ébranlé. » Une situation qui ne peut, selon ces employeurs, que s’aggraver avec l’instauration d’un pass vaccinal.

Face à une telle « discrimination », le SYNAVI demande « l’abandon du projet de loi en faveur de la mise en place d’un passe vaccinal, la remise en œuvre des protocoles expérimentés avec succès [et] le retour à la gratuité des tests pour tous et toutes afin de continuer à prévenir la propagation du virus au sein de nos équipes et auprès du public. »

Maussano CABRODOR

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