TchatActivisme ou comment penser la création après le coronavirus

TchatActivisme ou comment penser la création après le coronavirus
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Le théâtre du Châtelet et les Magasins généraux se sont associés pour lancer une série de conversations filmées. Le thème : comment penser la création et agir face aux différentes crises provoquées par la pandémie de la Covid-19. D’un format de 45 minutes, chaque vidéo propose un échange qui touche différents champs de la création et tente d’évoquer des idées concrètes pour inventer le monde de demain.

Dans le monde de l’art et de la culture, certains pensent qu’il y aura un avant et un après coronavirus. La question, pour beaucoup, est de savoir comment sortir grandis de cette expérience, voire transformés. C’est d’une envie similaire que l’idée de TchatActivisme est née. Le concept consiste en une série de conversations filmées de quarante-cinq minutes pour aborder les problématiques du futur et des changements au sein de la création, face aux différentes crises – sanitaire, économique, sociale… – auxquelles se confronte désormais le monde.

À l’origine du projet, et dans le rôle des « animatrices » de ces entretiens : Ruth Mackenzie, la directrice artistique du théâtre du Châtelet, et Eugénie Lefebvre, directrice générale des Magasins généraux. « Cette idée est née d’une volonté commune, précise cette dernière. Avec Ruth Mackenzie, nous nous sommes appelées dans la première quinzaine de mai et nous nous sommes dit qu’il était temps, pour des lieux comme les nôtres, de se lancer dans des programmes beaucoup plus engagés d’un point de vue sociétal. Il fallait prendre en compte le sujet du confinement, toutes les remises en question fondamentales que l’on sentait poindre dans le secteur de la création, des prises de conscience sur nos modes de vie, de fonctionnement, etc. »

Paris, Pantin

C’est donc ensemble que « l’Anglaise du Ier arrondissement parisien » et la « Française de Pantin » décident de créer un espace de discussion entre acteurs de la création, mais aussi à destination du grand public. « Nous sommes à la tête de structures très différentes, ce qui constitue l’un des intérêts de notre démarche commune, poursuit la directrice générale. Le théâtre du Châtelet est un bâtiment du XIXe siècle lié à l’imaginaire du grand théâtre parisien. Les Magasins généraux sont une structure hybride pour un public avant tout local. Ils se trouvent derrière le périphérique et ont une programmation d’exposition, d’art contemporain… Les champs de la création que chacun de nous aborde sont complémentaires. »

Le concept est pensé de façon assez rapide et, dès le 17 juin, le premier enregistrement est réalisé. Le choix du terme « activisme » souligne la volonté pour les deux fondatrices de traduire en actes les idées qui seront échangées et de ne pas en rester à la conversation de salon. « Je me reconnais totalement dans ce terme parce que le rôle d’un lieu de culture, c’est aussi d’avoir une forme d’engagement », estime Eugénie Lefebvre.

Du côté des invités, le choix a été éclectique : des chorégraphes et danseurs (Jérôme Bel, Mathilde Monnier), des spécialistes des arts (le galeriste Kamel Mennour, le directeur de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris), des professeurs (l’historien Patrick Boucheron, le sociologue Éric Fassin), l’architecte Nicola Delon, la compositrice et cheffe d’orchestre Uele Lamore, le designer et fondateur de RF Studio Ramy Fischler, ou encore la directrice des éditions Actes Sud, Françoise Nyssen.

Pérennisation du programme

Si la plupart de ces conversations ont été réalisées autour d’un invité, deux séquences font, pour l’instant, exception. La séquence du 30 juillet rassemble trois jeunes du Red Star Lab, la formation sportive de Seine-Saint-Denis, et deux diplômés de l’école de mode Casa 93.

La rencontre avec le directeur des Arts décoratifs, qui sera diffusée le 24 septembre, a quant à elle été réalisée en présence de trois étudiants de l’école qui devraient être diplômés à la rentrée. « L’un de ces étudiants s’est retrouvé confiné à la campagne chez ses parents, raconte Eugénie Lefebvre. Il a dû troquer ses supers ateliers de l’école contre la ferme familiale et les matériaux qu’il avait à disposition. Cela l’a forcé à se poser la question de l’économie d’un projet artistique. Cette expérience permet de s’interroger sur la création de demain mais aussi sur notre rapport aux objets, sur l’accumulation de choses et sur la façon dont un objet peut devenir multiusage. »

Les vidéos TchatActivisme seront diffusées chaque jeudi sur les réseaux sociaux à 18 heures, sauf au mois d’août. Elles seront ensuite disponibles sur les sites internet des deux lieux de création. Les deux directrices réfléchissent déjà à une façon de pérenniser le programme.

Chloé GOUDENHOOFT

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Photographie de Une – Entretien avec l’historien Patrick Boucheron
Crédits : Les Magasins généraux



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