« The Florida Project » : bienvenue au royaume (pas très) enchanté

« The Florida Project » : bienvenue au royaume (pas très) enchanté
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Moonee (Brooklynn Prince) a six ans à peine et de l’énergie à revendre. Elle passe ses journées à faire des bêtises avec ses jeunes amis. Elle vit dans une chambre d’un motel miteux avec sa très jeune mère qui ne la surveille guère. Halley (Bria Vinaite) a trop de mal à rassembler l’argent de la chambre pour s’occuper de sa fille qu’elle chérit. Seule figure paternelle : Bobby (Willem Dafoe), le manager du motel, veille sur elles.

★★★☆

« Bienvenue au royaume enchanté », annonce l’affiche. Ne vous y fiez pas. L’action a beau se dérouler allée des Sept nains, dans le motel du Château magique, à une encablure du DisneyWorld, on est loin d’une production Disney.

La face cachée du rêve américain

C’est plutôt la face cachée du rêve américain que peint Sean Baker. Dans Tangerine, c’est à Los Angeles qu’il avait posé sa caméra pour suivre une nuit durant un.e travesti.e au grand cœur. Dans The Florida project (il aurait quand même pu se creuser la tête pour trouver un titre plus original), c’est l’Amérique des laissés-pour-compte qui tient encore la vedette, avec les personnages de Halley et de Moonee.

Leur pauvreté est d’autant plus dérangeante que le soleil brille et que les touristes se pressent par millions à quelques kilomètres à peine du lieu même où le film a été tourné, dans des motels à l’origine destinés aux visiteurs que le lumpenprolétariat mal-logé de Floride a investis.

The Florida project a eu sur moi un effet paradoxal. Ce que j’en avais lu et ce que sa bande-annonce m’en avait laissé voir ne me tentaient guère. Je n’étais pas très à l’aise à l’idée de filmer l’extrême pauvreté par les yeux d’une enfant. J’avais peur que la jeune héroïne ne cabotine – comme l’avait fait avant elle celle des Bêtes du sud sauvage – et que les spectateurs soient pris en otage.

Une succession de scènes qui font sens

Mes craintes ont, en partie, étaient confirmées par la première moitié du film. Comme on s’y attend, la jeune Brooklynn Prince multiplie les facéties pendant que sa mère, couverte de tatouages, en débardeur sans soutien-gorge, joue à merveille la white trash américaine. Le tout sous le regard plein de bienveillance de l’immarcescible Willem Dafoe.

Le film enchaîne les saynètes. On dirait qu’il fait du surplace. Mais l’impression est trompeuse. On réalise que la succession des scènes font sens. Prenez par exemple celles où l’on voit Moonee dans son bain – dont je n’ai compris qu’avec retard la terrible signification. L’air de rien, The Florida project a un début, un milieu et une fin.

Seul bémol : les deux dernières minutes filmées, pour des raisons impossible à révéler, avec un Iphone (comme l’avait été Tangerine). Elles se veulent un ultime pied-de-nez, un hymne à la liberté. Un épilogue plus tragique aurait eu moins de panache ; mais il aurait été plus cohérent.

Tony PARODI

 



Sean BAKER, The Florida Project, États-Unis, 2017, 111mn

  • Sortie : 20 décembre 2017
  • Genre : drame
  • Avec Willem Dafoe, Brooklynn Prince, Valeria Cotto, Bria Vinaite, Christopher Rivera, Caleb Landry Jones, Macon Blair, Karren Karagulian, Sandy Kane.
  • Distribution : Le Pacte

En savoir plus sur le film : The Florida Project (CCSF)



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