Trois questions sur le label national pour les arts de la marionnette

Trois questions sur le label national pour les arts de la marionnette
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Un label national consacre désormais cette discipline artistique millénaire, « registre d’excellence pour la France ». C’est quoi et cela concerne qui ? Profession Spectacle vous éclaire sur cette annonce d’Audrey Azoulay et laisse la parole aux professionnels du secteur, enthousiastes et prudents.

Pour le présenter, quoi de mieux qu’une visite à Charleville-Mézières (Ardennes), sur le chantier des futurs locaux de l’École nationale supérieure des arts de la marionnette ? La ministre en profite pour annoncer que l’inauguration de ces nouveaux locaux aura lieu le 17 septembre prochain lors de l’ouverture du Festival mondial des théâtres de marionnettes.

Que contient ce plan ?

Concrètement, Audrey Azoulay évoque une rallonge de 800 000 euros sur l’enveloppe annuelle de 5 millions d’euros accordée au secteur. Voici comment est ventilée cette aide :

  • les compagnies et les équipes artistiques conventionnées vont toucher 200 000 euros supplémentaires ;
  • les structures dédiées à la marionnette ne sont pas oubliées, avec 195 000 euros en plus pour les lieux de compagnonnage dirigés par les artistes et 185 000 pour les scènes conventionnées ;
  • 80 000 euros seront également versés pour aider à l’organisation du célèbre Festival mondial des théâtres de marionnettes, ainsi que de la Biennale qui se tiendra cette année du 16 au 24 septembre ;
  • enfin, l’École nationale supérieure des arts de la marionnette (ESNAM) n’est pas oubliée, puisque 149 000 euros de soutien lui seront versés ; pour la première fois, l’école accueille en effet, dès cette année, deux promotions simultanément.

Un label national ça change quoi ?

« C’est le même principe que ce qui a été fait pour les arts du cirque », explique à Profession Spectacle Eloi Recoing, directeur de l’Institut de la marionnette et de l’ESNAM. C’est aussi – surtout – le moyen de reconnaître enfin une profession et un art souvent considéré, à tort, comme mineur. « Ce label vient aussi récompenser les efforts qui nous ont permis de structurer toute notre profession, avec les scènes conventionnées, les festivals ou encore le compagnonnage », ajoute Eloi Recoing.

Concrètement, des pôles vont être désignés ; c’est en priorité vers eux que se concentreront les aides. Si le directeur se réjouit de cette décision, il note tout de même que ce label risque de poser des difficultés par la suite, lorsqu’il faudra notamment le délivrer à un pôle. II faudra alors faire des choix. « La crainte concerne le malthusianisme de cette politique : on redistribue plus, mais à un plus petit nombre. »

Comment réagit la profession ?

« C’est une reconnaissance que l’on espérait plus », se réjouit Jean-Louis Heckel, directeur de la Nef – Manufacture d’Utopies à Pantin (Ile-de-France), contacté par Profession Spectacle. Cette annonce fut inattendue pour les professionnels qui, comme lui, se battent depuis des années pour obtenir une telle reconnaissance. « C’est venu sur le tard, j’avais fait mon deuil, confie-t-il. C’est un gage de reconnaissance et de professionnalisme très important, notamment pour tous ceux qui veulent étudier l’art des marionnettes. »

Joëlle Noguès est de cette avis. Pour la co-directrice d’Odradek / Pupella-Nogès à Quint-Fonsegrives (Haute-Garonne), un Pôle de création et développement pour les arts de la marionnette, c’est forcément une bonne nouvelle… mais elle reste prudente. « Il faut attendre de voir ce que cela va donner, quels pôles vont être labellisés. Tout concentrer n’est pas forcément l’idéal. On voit ce que cela donne aujourd’hui avec le cirque et les arts de la rue. Ces pôles labellisés sont des moteurs mais, quelques années plus tard, ils s’essoufflent. »

Eloi Recoing savoure quant à lui, ces bonnes nouvelles en série : « Je vis une période exceptionnelle avec une double promotion, de nouveaux bâtiments pour l’ESNAM, ce label, sans oublier l’inscription, dans la loi de création (votée en 2016), du métier de marionnettiste. » Mais il reste prudent lui aussi : dans deux mois, après l’élection présidentielle, ce sera sûrement l’alternance ; il faudra donc rester vigilant sur l’application de ce label.

Jacques GUILLOUX

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