Les intermittents : bouc émissaire du MEDEFigaro

Les intermittents : bouc émissaire du MEDEFigaro
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À la lecture de l’article d’Anne de Guigné paru aujourd’hui dans le figaro.fr, on a la déplaisante impression qu’après le combat des intermittents du spectacle et de l’audiovisuel, beaucoup n’ont rien appris ni rien compris. Pourtant, une mission parlementaire émanant de la commission des affaires culturelles et sociales avait déjà renvoyé la Cour des comptes à ses chères études (comptables) ; elle récusait, dans un rapport fourni et documenté, l’importance du déficit dénoncé par les détracteurs du régime spécifique : « Un régime qui couvre uniquement des contrats de courte durée est par nature déficitaire », avait déclaré le député Jean-Patrick Gille.

Du milliard spectaculaire annoncé par la Cour des Comptes et mis en scène par le MEDEF, soutenu par une presse à sa solde, la commission parlementaire, plus réaliste, est revenue à un déficit de 320 millions. Ce n’est certes pas rien, mais très loin du chiffre médiatisé qui ne tient pas compte du coût réel des artistes s’ils passaient au régime général.

Par ailleurs, Profession Spectacle avait aussi souligné, en ce temps-là, une absurdité dans le traitement du monde du spectacle : celui-ci est en effet partagé arbitrairement entre professionnels permanents, qui cotisent au régime général et dont le solde de cotisation est largement bénéficiaire, et les professionnels intermittents qui effectuent le minimum de 507h pour être indemnisés.

« Du milliard spectaculaire annoncé par la Cour des Comptes et mis en scène par le MEDEF, soutenu par une presse à sa solde, la commission parlementaire, plus réaliste, est revenue à un déficit de 320 millions. »

Ceux qui connaissent un peu les spécificités du monde du spectacle sont effectivement en droit de s’étonner de cette distinction stigmatisante entre professionnels permanents et intermittents sur la seule base du nombre d’heures effectuées.

Il s’agit en réalité du même monde professionnel, qui travaille ensemble autour d’une même œuvre ; sans intermittents, il n’y aurait pratiquement plus de spectacles. Nous l’avons vu quand ces derniers ont fait grève à Avignon : le festival était complètement arrêté. C’est pourquoi nous demandons depuis longtemps, comme le prophète qui crie dans le désert, qu’un seul régime spécifique soit attribué, réunissant les petits et les grands dans la même caisse. Nous verrions alors disparaître, comme par enchantement, le déficit qui affole tant Le Figaro.

« Nous demandons depuis longtemps, comme le prophète qui crie dans le désert, qu’un seul régime spécifique soit attribué, réunissant les petits et les grands dans la même caisse. »

Cette solution aurait néanmoins l’inconvénient de montrer que les causes du déficit de l’assurance chômage sont ailleurs, ce dont personne ne veut entendre parler. Il est tellement plus facile, en effet, de taper sur un bouc émissaire tout trouvé, et dont personne ne comprend le régime.

On s’appuie notamment, pour le faire, sur l’abus d’utilisation des intermittents dans l’audiovisuel, notamment par les chaînes publiques de France Télévision (soulignons-le) : ces intermittents qui travaillent toute l’année sont appelés par dérision les « permittents ». Mais ça, ce sont des choix d’employeurs dont un certain nombre participent… au MEDEF. Bien sûr qu’il faudra éradiquer ces abus, mais c’est l’affaire des maisons de production, pas des salariés.

« Exigeons un « Grenelle » des professions du spectacle… »

Le problème étant mal posé, les réponses ne peuvent être que faussées.

Le premier ministre souhaite qu’on y travaille ? Soit ! Mais ne nous contentons pas d’une négociation stérile sur le nombre d’heures minimum. Exigeons un « Grenelle » des professions du spectacle grâce auquel nous mettrons à plat toutes ces questions, sans jouer les parangons d’une pseudo égalité, afin de restaurer une vraie solidarité dans le monde du spectacle et de l’audiovisuel.

Olivier FRETTOIS

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