ISTS – L’importance d’une formation continue pour les techniciens du spectacle vivant

ISTS – L’importance d’une formation continue pour les techniciens du spectacle vivant
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Fondé il y a trente ans par Alain Crombecque en soutien technique du festival d’Avignon, l’ISTS est aujourd’hui – et tout à la fois – un organisme de formation, le deuxième en France quant au volume d’activités, un centre de ressources et d’expertise sur les métiers techniques du spectacle et un lieu d’accueil pour de nombreuses rencontres professionnelles, essentiellement dans le cadre du festival d’Avignon.

En 1985, Alain Crombecque prend la direction du festival d’Avignon. Il se rend aussitôt compte que les techniciens et régisseurs du festival, formés à l’analogique, ne sont pas prêts à appréhender les nouvelles technologies digitales. Pour répondre aux aspirations des artistes que le festival entend accueillir et programmer, il organise une formation destinée aux techniciens et régisseurs du festival, pour qu’ils actualisent un certain nombre de compétences.

Le succès de cette initiative est tel qu’est créé en 1987 un organisme de formation, lié au festival d’Avignon : l’Institut supérieur des techniques du spectacle (ISTS). Peu à peu, l’institut accueille des techniciens venus de toute la France, au-delà du seul festival. À la fin des années 90, l’ISTS prend une forme d’autonomie au regard du festival, notamment à l’occasion de commandes de formations sur sites, par des scènes nationales, des CDN, des CCN…

70 % des élèves sont intermittents, 15 % demandeurs d’emploi

La formation continue, à Avignon, consiste aujourd’hui en des stages (une à quatre semaines) répartis en trois niveaux de compétence. Les formations diplômantes, sur cinq à six mois s’adressent aux professionnels qui peuvent justifier au moins deux années d’exercice. Aujourd’hui, il y a notamment quatre formations diplômantes : régisseur et chef machiniste (bac + 2), régisseur général (licence) et directeur technique (master), ces deux dernières en partenariat avec l’université.

Ce sont ainsi de 45 à 60 actions de formation qui sont organisées chaque année, de fin août à fin mai. L’ISTS compte en moyenne 400 à 500 élèves chaque année, jusqu’à 700 en période de changement de réglementation. 70 % d’entre eux sont intermittents du spectacle et 15 %, des demandeurs d’emploi. Si Avignon accueille toujours 60 % des formations données, des sessions sont également organisées sur la base de commande, hors-les-murs.

L’ISTS, ce sont 16 permanents et 100 à 120 formateurs embauchés chaque année. « Nos formateurs sont avant tout des praticiens, ayant un rapport constant au terrain, explique David Bourbonnaud, directeur de l’ISTS, sociologue et auteur d’une thèse sur la circulation de la production théâtrale française à l’étranger. C’est pour ça que nous n’embauchons pas nos intervenants de manière permanente. »

Une expertise reconnue dans toute la France et à l’étranger

Le théâtre Chaillot, le CDN de Valence, le Grand T à Nantes, le TNT à Toulouse… Le volume d’activités de l’ISTS en fait le deuxième centre en France, après le CFPTS à Bagnolet. « Nous n’avons ni la même identité, ni la même histoire, précise David Bourbonnaud, puisque le CFPTS a été créé sur l’initiative du syndicat des théâtres privés parisiens et de la CGT, quand nous sommes un organisme créé par le festival d’Avignon, manifestation culturelle du secteur public subventionné. Nous sommes donc rarement en concurrence. »

Autre différence : l’ISTS a très tôt investi à l’international. Tout au long des années 2000 se sont multipliées les sollicitations à l’étranger, que la crise de 2008 a un peu ralenties. Ce fut une grosse activité pendant près de quinze ans. « Par rapport à d’autres organismes de formations aux techniques du spectacle, nous sommes certainement le plus expérimenté pour répondre aux besoins à l’international », confirme David Bourbonnaud.

Création d’un CFA à Marseille

L’ISTS a mis en place un CFA à Marseille en 2015. Quarante jeunes sont formés pendant deux ans en alternance (40 % en formation, 60 % en entreprise) : plateau, lumière, son, vidéo… La première promotion a été diplômée en juin ; la seconde vient tout juste de commencer.

« Dans les métiers du spectacle, il n’y a pas la culture des métiers d’apprentissage, pointe Fabrice Bongiorni, secrétaire général de l’ISTS. Nous sommes davantage dans un processus de formation sur le tas, sans codifications. C’est donc un pari. Notre objectif, quand nous formons des apprentis, est qu’ils aient de vrais débouchés professionnels, soit en étant embauchés en CDI, là où ils ont fait leur apprentissage, soit en ayant cultivé un réseau professionnel qui va leur permettre d’ouvrir le droit à l’intermittence. »

Un institut polyvalent et ouvert toute l’année

L’ISTS fonctionne avec un budget de près de deux millions de budget annuel : 50 % de ressources propres, 50 % de subventions (ministère de la culture, région, ville d’Avignon et, dans des proportions moindres, département).

« S’il n’y avait ce contexte à la fois exceptionnel et génétique du festival d’Avignon, dont l’ISTS ne saurait être dissocié d’aucune manière, n’importe quel organisme de formation fermerait ses portes à la fin du mois de juin, poursuit Fabrice Bongiorni. La nature hybride de l’ISTS fait que ce n’est pas le cas. »

L’ISTS gère notamment à l’année la Chapelle des Pénitents blancs et le théâtre Benoît XII, en lien avec le festival d’Avignon qui les utilise pour leur programmation. Durant le festival, il accueille enfin la Maison professionnelle du spectacle vivant, qui rassemble quelque vingt-cinq organismes professionnels, du Syndeac à Audiens, en passant par le ministère de la culture et l’association de la critique TMP.

Pierre GELIN-MONASTIER



Galerie de photographies

Le cloître Saint-Louis, au cœur d’Avignon, accueille les bâtiments de l’ISTS.

L’ISTS gère notamment à l’année la Chapelle des Pénitents blancs et le théâtre Benoît XII

70 % des élèves sont intermittents, 15 % demandeurs d’emploi

45 à 60 actions de formation sont organisées chaque année, de fin août à fin mai.

L’ISTS a mis en place un CFA à Marseille en 2015 : 40 jeunes sont formés pendant deux ans en alternance.



Crédits des photographies : ISTS



 

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