Le collectif « Hip Hop Citoyens » fédère l’univers hip-hop autour du monde

Le collectif « Hip Hop Citoyens » fédère l’univers hip-hop autour du monde
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Créé il y a 15 ans, le collectif est d’abord le fruit d’une volonté d’engagement politique. Les élections présidentielles réveillent en 2002 l’âme citoyenne de rappeurs et d’activistes qui se rassemblent alors autour de l’univers hip-hop, l’occasion de développer cette approche artistique issue de la vivacité urbaine. Depuis, ils font le tour du monde pour rencontrer les artistes naissants et leur transmettre leur savoir. Chaque année, ils se représentent à l’occasion de leur festival parisien.

Yannick Freytag, membre fondateur de « Hip Hop Citoyens », évoque l’univers hip-hop avec passion et assure que, « partout où il y a de l’urbain, il y a du hip-hop » : c’est-à-dire dans le monde entier. À Paris, il s’occupe d’organiser chaque année des festivals pour rassembler la scène actuelle du rap, mais aussi les beat-boxers (rythmes avec la voix), danseurs, « graffeurs », qui participent de la diversité artistique de cet univers. Le prochain « Paris Hip Hop Winter » aura lieu au mois de décembre.

Des pratiques internationales enrichissantes

Son partenariat avec le réseau des Alliances françaises et la Fondation Alliance française lui a permis de développer un réseau à l’international et d’inviter des artistes de pays émergents et de tous horizons, source de collaborations parfois improbables. « On s’est retrouvé avec une des premières rappeuses de Mongolie, car on avait envoyé un artiste de graffiti là-bas. On l’a invitée à Paris où elle a fait sa première scène », raconte fièrement Yannick Freytag. L’Inde a également été l’une des destinations étonnamment propices, « car dans la musique indienne, même classique, il y a toute une approche autour de la voix et des rythmes chantés. Le beat-boxer français a réussi à trouver des correspondances intéressantes avec ce style indien ».

Ces rencontres interculturelles sont l’occasion pour le collectif de se confronter à une jeunesse qui a autant besoin de s’exprimer que celle de France ; si les moyens d’expression demeurent propres à chaque pays, les pratiques hip-hop sont un pont naturel entre elles. « Il y a toute une scène de jeunes beat-boxers en Inde qui n’attendent que de pouvoir se représenter, remarque Yannick Freytag. C’est intéressant car aujourd’hui en Inde et en Afrique, les jeunes apprennent le hip-hop par YouTube. Quand nous avons envoyé un danseur en Zambie, c’était la première fois que les jeunes avaient un professeur. Sinon, leur éducation se réduit à la vidéo. »

L’art de la transmission

Au cours de leurs voyages, les artistes du collectif Hip Hop Citoyens ne se contentent donc pas de se représenter et d’exercer leur art respectif. Ateliers, masterclass et conférences sont également organisés afin d’assurer la transmission. Le fait de travailler dans le cadre des Alliances françaises favorise ce terrain d’action tourné vers la diffusion pédagogique et non seulement vers le spectacle, même si cette dimension est aussi très présente lors de leurs festivals.

Ils ont par exemple travaillé avec des Boliviens, grâce notamment à l’Institut français, et des Colombiens dans le cadre de la danse. Au moment de leur venue à Paris, le collectif a donc « organisé des conférences autour de cette expérience pour parler de la pratique du hip-hop et développer un aspect pédagogique ».

Au mois de novembre, « nous faisons partir un graffeur au Ghana avec l’Alliance française, où l’on se rend chaque année depuis quatre ans. Toute l’approche se fait autour de la transmission des pratiques graffiti, avec l’enjeu de s’adapter aux réalités du pays. Pour donner une idée, il n’existe pas de bombes là-bas, comme celles que nous utilisons en France, alors il faut trouver des bombes de carrossier. Mais au moins la relation avec l’artiste peut-elle se réaliser. Ce n’est pas que de la diffusion, mais aussi véritablement de la transmission, puisqu’on y associe des ateliers menés par les artistes eux-mêmes. » L’adaptation et la créativité dans les moyens d’expression utilisés à l’étranger se situent d’ailleurs dans la droite ligne de l’univers hip-hop.

Hip Hop Citoyens se rendra bientôt en Chine et au Mexique, pour travailler le graffiti, la danse et/ou la musique. L’aventure continue et les frontières semblent aisées à franchir pour ces militants de la parole citoyenne, tant le besoin de s’exprimer est identique à tous les peuples.

Louise ALMÉRAS



 

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