À Castres, Cédric Chapuis se situe « au-dessus de la mêlée »

À Castres, Cédric Chapuis se situe « au-dessus de la mêlée »
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La ville de Castres, dont le club Castres Olympiques est un fleuron, a accueilli dans son théâtre municipal le spectacle Au-dessus de la mêlée, de Cédric Chapuis. Toulousain d’origine, l’artiste était déjà venu présenter Une vie sur mesure. Avec un spectacle sur le rugby, dans une ville si fière de son équipe, ce comédien s’assurait un public : des enfants et adolescents, quelques femmes, ainsi que des supporters plus âgés, que l’on retrouvera au prochain match sur les bancs, munis de l’écharpe du club, un verre de bière à la main.

Tous sont là pour assister à cette détonante association : le théâtre au service du rugby.

Grâce au personnage central, Bastien, Cédric Chapuis privilégie un point d’entrée individuel dans le monde du rugby. Initié par son papa, poussé à l’entraînement à cinq ans et demi, le voilà « tombé dedans quand il est petit ».

Un seul en scène polyphonique

Seul en scène, le comédien incarne également et alternativement différents personnages types du monde du rugby : l’entraîneur évidemment – grosse voix et moustache –, les co-équipiers – voix bourrues, réflexions pas toujours élevées, grand cœur – et divers personnages annexes : la maman, la « copine »… Cédric Chapuis offre un panel d’expériences sur le rugby, nées d’une même passion et développées de manière diverse. L’artiste emprunte au théâtre le rythme des scènes, pour échelonner la vie sportive : entraînements, matchs, vie quotidienne et traditionnelle « troisième mi-temps », jusqu’à ce que Bastien se retrouve devant le ballon posé sur le tee, prêt à engager une finale décisive pour son équipe.

Face au défi d’assumer tous les personnages, l’acteur assure tout de même une fluidité au spectacle. Chaque situation et/ou personnage invite le public à partager les émotions autour du rugby, avec un recul critique. La cohésion, valeur la plus mise en lumière par tous les passionnés, voit son expression positive lors des entraînements autour du coach (position de rugbymen, voix et tournures typiques), mais est questionnée en creux lors de l’inhumation de ce dernier, victime d’un arrêt cardiaque lors d’un match. Les joueurs, successivement mimés par le comédien, tous vêtus du maillot et d’une veste de blaser, déposent le ballon qu’ils ont signé. Si Bastien raconte l’événement, haletant, les autres préfèrent l’humour et partagent leurs émotions, ensemble. La musique des Lacs du Connemara en fond, souvenir d’un voyage de l’équipe en écosse, participe de l’ambiance mitigée – le réconfort d’être ensemble et la disparition de l’un des leurs.

Théâtralisation de l’enthousiasme sportif

Avec profondeur et humour, Cédric Chapuis illustre la place que peut prendre le rugby, dans le parcours d’un jeune garçon notamment. À son apothéose, Bastien, neuf ans désormais, victime de racket, exécute un Hakka mécanique pour effrayer les « grands » de l’école. La transformation progressive du personnage central qui, en se positionnant au sein de son équipe, s’affermit dans sa vie sociale, valorise l’éducation par le rugby.

Cédric Chapuis utilise les termes de la culture rugbystique pour partager son enthousiasme, en faisant l’économie d’un discours explicatif. La scène la plus illustrative est sans doute l’échauffement du coach dans les vestiaires avant ce match crucial ; une victoire leur permettrait de monter en « première série », qualification jamais atteinte par le RC Brignac jusqu’à aujourd’hui. Le personnage de l’entraîneur, face au public, position de mêlée, nourrit son élocution de comparaisons propres au milieu, afin d’encourager ses « garçons » – ses « poulets », comme il les appelle. À ces mots, bien des rugbymen de la salle ont dû vibrer.

Engagement passionné ou équilibre personnel ?

Les décors et personnages recréés par Cédric Chapuis et Mira Simova, fondés sur les clichés bien connus dans la culture du rugby, forment un monde autant attirant que clos. Si le comédien rend le sport chaleureux et attrayant, il nous en montre ses limites – ainsi la crise cardiaque du coach qui n’abandonne pas son poste, car « il n’a jamais été aussi loin ». Même le docteur qui le suit, Brignacois enraciné, ne peut le faire revenir à la raison.

L’annonce de la naissance de la fille d’un joueur, interrompant le coup d’envoi de la finale et clôturant la pièce, interroge par ailleurs les choix posés par des passionnés. Une même valeur – qui collige le don de soi, l’endurance, la cohésion et la fraternité – est mise en équilibre par le choix opéré dans une vie personnelle. Ici, les trois murs de la scène apparaissent aussi comme les parois d’un petit « monde » ; Cédric Chapuis nous invite à y entrer, pour appréhender la délicate mesure à trouver entre le sport d’équipe, riche en valeurs et en chaleureux moments, et sa pratique concrète, en lien avec l’univers personnel et familial.

Joséphine RABANY



DISTRIBUTION

Auteur : Cédric Chapuis

Metteur en scène : Mira Simova

Avec : Cédric Chapuis



DOSSIER TECHNIQUE

Informations techniques

  • Durée : 1h20
  • Public : à partir de 7 ans
  • Compagnie : Scènes plurielles
  • Diffusion : Alexia au +33 6 61 57 99 32 et alexia.contact@yahoo.fr


OÙ VOIR LE SPECTACLE ?

Tournée :

  • 30 avril 2017 : Théâtre Donald Cardwell de Draveil (91)
  • 2 mai 2017 : Pôle culturel du Marsan de Saverne (67)
  • 12 mai 2017 : Théâtre De Nieuweregentes de La Haye (Pays-Bas)
  • 13 mai 2017 : Espace Gérard Philipe de Feignies (59)

Toutes les dates sur le site de la compagnie.



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