Association Chat noir : Sur la route pour la toute première fois
Jeune troupe d’étudiants, l’association Chat Noir part cet été sur les routes de France pour sa première tournée. L’Eveil du printemps du dramaturge allemand Frank Wedekind raconte les premiers émois de jeunes adolescents confrontés à un corps qui se métamorphose. Rencontre avec Léa Sananes, metteur en scène de la pièce et responsable de la compagnie.
A peine sortis de l’adolescence, les comédiens de l’association du Chat Noir n’en sont pas à leur première expérience théâtrale. Etudiants en hypokhâgne, en classe préparatoire de lettres option théâtre ou à l’école Paul Mathieu, les interprètes de l’Eveil du Printemps de Wedekind, Tania Markovic (Madame Bergmann), Juliette Raynal (Wendla Bergmann), Valentin Besson (Moritz Steifel), Mathieu Husson (Melchior Gabor) et Léa Sananes (Ilse) qui assure aussi la mise en scène, ont déjà tous eu l’occasion de brûler les planches. Au noyau dur des comédiens s’ajoutent également Jules Le Bihan et Hugo Vermeille pour la scénographie et la chorégraphie et enfin Morse le compositeur de la musique originale. Une vraie troupe en somme, qui s’apprête à rencontrer pour la première fois son public à Paris en juin avant de partir cet été en tournée dans les villes de Saint- Malo, Vichy, Clermont-Ferrand puis en novembre à Nice.
« J’ai décidé en début d’année scolaire de monter cette pièce avec des amis. Je l’avais déjà jouée adolescente au Théâtre des Bergeries de Noisy-le-Sec sous la direction d’Alain Farrès. Nous avons créé dans la foulée l’association Chat noir, dont le nom fait référence à un passage de la pièce, car je savais qu’il nous serait difficile de trouver des salles pour se produire si nous n’avions pas de vraie structure. C’est ainsi que nous avons eu deux théâtres parisiens qui ont accepté de nous auditionner, ce qui est déjà pour nous une belle entrée en matière » explique Léa Sananes.
Fils d’un médecin et d’une mère actrice et chanteuse, Frank Wedekind est un dramaturge allemand né à Hanovre en 1864 et décédé à Munich en 1918. Influencé par Ibsen, Nietzsche, Hauptmann, Büchner et Strindberg, son oeuvre profondément anticonformiste annonce l’expressionnisme. Le théâtre de Wedekind conteste la société bourgeoise et les tabous sexuels tout en usant de nombreux procédés dramatiques, de la farce au vaudeville en passant par le drame et le cirque. Ses provocations, souvent libertines lui ont causé d’incessants problèmes de censure, de prison ou d’exil. Aussi il se tourna vers le cabaret, plus permissif , tant du côté de la censure que du financement. L’Eveil du printemps que Wedekind qualifie lui-même de tragédie enfantine, est une pièce qui met en scène des adolescents confrontés à un corps qui se métamorphose et à l’éveil de désirs sur lesquels il est difficile de mettre un nom. C’est face à cette avalanche de questions qu’ils vont tenter de se frayer un chemin vers le monde des adultes. Entre jeunes, ils se confient, confrontent ce qu’ils savent et commencent à éprouver la notion de limite et d’autorité.
« Aujourd’hui, le théâtre est devenu un art total qui mélange toutes les disciplines artistiques. Nous avons tous une formation théâtrale mais nous avons également été formés à la musique, la danse ou la chorégraphie. Il me semble très important que les acteurs soient polyvalents. Et la création de cette troupe nous a permis de mettre en commun tous nos talents afin de mener à bien un projet concret en marge de nos études souvent théoriques » souligne Léa Sananes.
Souhaitons à ces jeunes artistes passionnés et pleins d’énergie de trouver au hasard des routes de France un large public, et pourquoi pas, les premières clés qui les mèneront bientôt au succès…