COREPS Auvergne-Rhône-Alpes : une nouvelle instance de dialogue pour le spectacle vivant

Publicité

Après plusieurs mois de préfiguration, le Comité régional des professions du spectacle (COREPS) en Auvergne-Rhône-Alpes vient de se constituer, dans le but de favoriser une meilleure interconnaissance des acteurs culturels et proposer des solutions aux problématiques rencontrées ces derniers mois par le secteur

Alors qu’il existe deux COREPS historiques depuis 2004, dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, notamment créés à l’issue de la crise des intermittents de 2003, et tandis que sont en cours de création ou en pourparlers les COREPS des régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie, un nouveau venu parmi eux est celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Quelles sont ses missions et comment est-il organisé ? Profession Spectacle a cherché à en savoir plus sur le rôle et les différents enjeux du COREPS en Auvergne-Rhône-Alpes (AURA).

Le lancement du COREPS

Une première réunion en assemblée plénière entre ses différents membres a eu lieu le 22 octobre dernier, afin de décider de son organisation et des premiers travaux de réflexion. « L’initiative émane d’une demande double, explique Marjorie Glas, chargée de mission à la coordination et l’animation du COREPS. D’une part, des syndicats du spectacle et notamment de la CGT qui, lors de l’occupation de la DRAC en décembre 2020, a demandé que soit remise en place une instance de dialogue social ; d’autre part, d’une organisation qui s’appelle la Plateforme, qui rassemble principalement les employeurs et les réseaux. »

Cette demande a été réitérée pendant la crise sanitaire : « Les COREPS avaient connu une perte d’intérêt, sans doute parce qu’il y avait d’autres commissions qui existaient et que c’est un investissement de temps, reconnaît de son côté Marc Drouet, directeur régional des affaires culturelles en région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec la crise sanitaire, on s’est rendu compte qu’on avait besoin d’une enceinte comme celle-là pour se retrouver. On a des tas d’enceintes dans lesquelles on échange, mais pas dans cette configuration, avec un champ aussi large. »

Les différents partenaires réunis au sein de ce comité, entre soixante et soixante-dix organisations représentées, sont répartis au sein de trois collèges : “État et collectivités”, “Employeurs” et “Salariés”. Le collège “État et collectivités” est composé de la DRAC et de la région AURA, mais également de représentants des différentes associations d’élus comme l’Assemblée des départements de France, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité, l’Association des maires ruraux de France, Villes de France ou encore France urbaine.

Une fenêtre sur les collectifs

Marjorie Glas (© Morgane Macé)

Marjorie Glas (© Morgane Macé)

Sa spécificité est son ouverture aux collectifs d’occupation nés pendant la période de fermeture des salles de spectacles. « Du côté des salariés, on a les syndicats représentatifs du secteur dont la CGT, très investie car elle a une grande part de la représentativité, mais aussi Force ouvrière, la CFDT, la CFE-CGC et SUD », précise Marjorie Glas. On a également intégré certains collectifs d’occupation pour le dialogue social, dont ceux du Théâtre national populaire de Villeurbanne, de la Comédie de Clermont-Ferrand, et puis La Tannerie, un collectif d’occupation à Bourg-en-Bresse. »

Cette particularité permet d’avoir des remontées de terrain en provenance de tout le territoire régional, en associant par ailleurs au COREPS des acteurs moins organisés juridiquement, qui sont malgré tout présents au sein du paysage culturel, et des mouvements revendicatifs. « On a par exemple un collectif de compagnies d’Auvergne, qui tourne en milieu rural. C’est une des difficultés : avoir des personnes qui travaillent en Auvergne et en particulier dans le Cantal. »

Ces collectifs sont associés au COREPS, sans voix délibérative. « C’est une voie consultative, confirme Marc Drouet. Je les ai invités à se présenter lors des prochains renouvellements, soit dans le collège “Employeurs”, soit dans le collège “Salariés”, afin qu’ils puissent mesurer leur représentativité en étant élus. À ce stade, si on les associe, ils auront les informations, mais il faut respecter les votes de désignations des représentants des personnels et des salariés. »

Adapter les différents dispositifs de relance

Les axes de travail sont répartis en six groupes, dont quatre permanents. « On a des thèmes considérés comme urgents, liés à la COVID, et d’autres avec des problématiques plus générales, comme un travail de co-construction des politiques publiques que nous allons tenter de mener », détaille Marjorie Glas. La question des plans de relance fait partie des priorités. « L’État nous dit : on a un nouveau plan de relance de soutien au secteur qui va être lancé début 2022 ; d’ici là, on a besoin d’avoir des échos sur ce qui a fonctionné ou pas, pour répondre et ajuster aussi ces plans au plus près des acteurs », développe-t-elle.

Parmi les principales inquiétudes des syndicats d’employeurs, comme le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (SYNDEAC), qui comprend les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux, le Syndicat national des arts vivants (SYNAVI), qui représente de nombreuses compagnies, ou encore les scènes de musiques actuelles (SMAC) et les labels musicaux, deux sont particulièrement pointées : la désaffection du public et un phénomène d’embouteillage des programmations, qui fragilise la production et la diffusion artistique.

« Les risques de fragilisation sur les années à venir sont accrus et le secteur des musiques actuelles a été extrêmement impacté notamment par la jauge de 75 % qui vient d’être levée, soutient Marjorie Glas. Il y a une baisse des publics généralisée, ainsi que des questions sur les protocoles d’occupation de l’espace public pour le théâtre de rue et les festivals, très affaiblis eux aussi, car leurs modes de fonctionnement est peu subventionné. »

Des évolutions sont par ailleurs notoires dans les changements d’habitudes des publics. « Les spectateurs arrivent de plus en plus à la dernière minute, assure la coordinatrice du COREPS. Les lieux doivent donc réorganiser leurs outils de vente et leurs budgets prévisionnels. »

Favoriser le dialogue social et permettre une meilleure implantation des artistes sur le territoire est le rôle du COREPS AURA, qui souhaite ainsi œuvrer en faveur d’une meilleure interconnaissance parmi les professionnels du spectacle vivant, mais aussi à permettre une plus grande efficacité des politiques culturelles, aussi bien dans l’urgence qu’à long terme, en considérant les enjeux structurels de la culture.

Morgane MACÉ

.
En savoir plus : COREPS Auvergne-Rhône-Alpes

.



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *