Coronavirus : l’ODIA Normandie a soutenu les compagnies à hauteur de 185 000 euros

Coronavirus : l’ODIA Normandie a soutenu les compagnies à hauteur de 185 000 euros
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L’Office de diffusion et d’information artistique de Normandie a pris des mesures financières exceptionnelles afin de limiter les effets des annulations et garantir les rémunérations des équipes artistiques. Aujourd’hui, l’organisme veut utiliser le changement dû au contexte pour repenser la diffusion artistique et expérimenter de nouvelles pratiques.

À l’annonce du confinement, l’Office de diffusion et d’information artistique de Normandie (ODIA) a agi tout de suite. « Les premières mesures ont été financières, précise Caroline Lozé, directrice de l’agence culturelle. Nous avons voulu faire en sorte de maintenir nos aides et de continuer l’accompagnement des compagnies. » Sur la période de mars à fin août, 71 dossiers d’aides ont été concernés pour un soutien de 185 835 euros – des garanties financières attribuées avant l’irruption de la COVID-19 et sur lesquelles ont été proposées des mesures exceptionnelles. Selon l’ODIA, aucune des représentations soutenues n’a eu à subir d’annulation sèche. Ces mesures ont consisté à payer les frais engagés sur l’année ainsi que le salaire des artistes quand le recours au chômage partiel n’était pas possible et à fournir de nouveau des garanties d’aides dans le cas de report de dates. « Nous avons fait un travail de dentelle pour savoir qui pouvait faire appel à d’autres structures et faire en sorte que l’argent public soit utilisé à bon escient », précise-t-elle. Grâce à cette approche, l’agence n’a pu utiliser que 20 000 euros supplémentaires par rapport à son budget prévisionnel. Ce travail a été réalisé main dans la main avec les équipes artistes et les lieux de diffusion.

Fonds d’urgence

Pour évaluer les effets du confinement, l’agence a aussi réalisé une sorte de photographie de la situation des lieux de diffusion et des équipes artistes. « Nous ne sommes pas missionnés pour l’observation et ce que nous avons produit ne valait vraiment que sur l’instant où cela a été réalisé. Mais nous avons obtenu 166 retours, ce qui est très positif, et cela nous a permis de comprendre où étaient les difficultés. Par ce biais, nous avons pu accompagner les collectivités de Normandie dans la construction de leurs fonds d’urgence. »

Une analyse future devrait être réalisée au moment de la clôture des comptes de chaque structure. Des rencontres avec les centres de ressource nationaux tels que le Centre national de la danse, ARTCENA ou encore le Centre national de la musique ont aussi été organisées pour apporter des informations juridiques et techniques sur les aides et ressources disponibles. Deux temps de réflexion ont enfin permis aux équipes artistiques et aux responsables de lieux de diffusion d’échanger. « Des problématiques ont été mises en partage, ce qui a permis de mettre en lien des responsables de création et des artistes, mais aussi des salles culturelles qui gèrent en parallèle d’autres domaines comme le sport et la jeunesse et qui se sont retrouvées assez isolées. »

Quant à la reprise, l’ODIA a pu s’appuyer sur sa propre expérience. « Nous avons repris le pilotage de la manifestation Avis de Grand frais, qui aura lieu du 20 au 22 octobre dans l’agglomération de Caen, explique la directrice. Nous avons ainsi compris les difficultés rencontrées par les lieux de diffusion. La manifestation a pour objectif la visibilité professionnelle et s’adresse surtout aux programmateurs. Début septembre, nous avons été rassurés par le fait que les artistes puissent jouer sans masque. Mais quand le Calvados est passé en zone rouge, nous nous sommes confrontés aux problématiques des temps de convivialité et de la jauge. Avec un public de professionnel, il faut laisser un fauteuil libre sur deux. »

Expérimentation

Dans sa mission d’accompagnement, l’ODIA a travaillé pour faciliter les répétitions et la reprise des échanges entre artistes. L’agence réfléchit désormais à l’avenir. « Cette période nous a stimulés dans notre façon d’envisager l’après car la crise a révélé les failles et la très grande précarité de la profession. C’était déjà en œuvre mais le changement de contexte nous a permis d’expérimenter certains projets et d’accélérer le processus. Par exemple, nous avons proposé à des lieux culturels éloignés de travailler avec des artistes associés pour qu’ils cheminent avec les équipes sur place pendant un ou deux ans. » L’agence travaille aussi avec la DRAC sur l’accessibilité des œuvres pour les personnes en situation de handicap et sur l’adaptation des œuvres au moment de la création.

Enfin, si de mauvaises nouvelles devaient de nouveau tomber à cause d’une recrudescence de l’épidémie, l’agence compte bien sûr se positionner de nouveau au côté des artistes, mais peut-être en agissant différemment. « Au printemps, nous nous sommes mis la pression pour répondre dans la rapidité, rappelle Caroline Lozé. Là, nous voulons prendre le temps de l’analyse sur la base de ce que nous avons appris lors de cette crise. Toutes les projections ont été remises en cause et il a fallu constamment réinterroger ce qui avait été mise en place. Il n’y a pas de modèle. »

Chloé GOUDENHOOFT

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Photographie de Une – ODIA / Journée Maquettes 2018 (© Arnaud Bertereau)



 

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