“Doubles vies” : bienvenue dans l’ère du livre électronique

“Doubles vies” : bienvenue dans l’ère du livre électronique
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Alain (Guillaume Canet) est le nouveau directeur d’une maison d’édition respectée mais fragile. Pour la moderniser, il vient d’engager Laure (Christa Théret), en lui confiant le soin du développement numérique et a bientôt une liaison avec elle.

Sa femme Selena (Juliette Binoche), une actrice devenue célèbre grâce à une série policière, trompe Alain avec l’un de ses auteurs, Léonard (Vincent Macaigne). Léonard est en couple avec Valérie (Nora Hamzawi) qui travaille auprès d’un parlementaire. Léonard vient de terminer son dernier roman, un “feel-bad book” selon ses propres termes, inspiré de sa vie. Mais l’insuccès de ses précédents romans, des “worst sellers”, conduit Alain à refuser de le publier.

Tout dans Doubles vies rappelle Woody Allen : son titre, son affiche, son intrigue passablement alambiquée, comme la lecture des lignes qui précèdent en témoigne. Doubles vies a des airs de vaudeville bourgeois. Mais, à la différence des films de Woody Allen qui n’ont d’autre ambition que de faire rire leurs spectateurs, celle d’Olivier Assayas est de les faire réfléchir.

Son titre est trompeur. Son sujet n’est pas la duplicité du monde de l’édition mais plutôt les défis auxquels il est aujourd’hui confronté : “La Fin du papier” ou “Bienvenue dans l’ère du livre électronique” auraient été des titres plus appropriés. Car c’est de cela dont il s’agit : la fin du livre-papier, la prolifération des blogs où chacun s’auto-proclame l’historiographe de son temps, la répugnance paradoxale des consommateurs à payer pour la culture – alors qu’ils paient sans barguigner pour acheter un ordinateur ou s’abonner à Internet.

À ce stade, deux jugements également pertinents peuvent être articulés. Le premier dénoncera la cuistrerie du propos, les longs tunnels dialogués horriblement artificiels (dans lesquels la malheureuse Christa Théret se noie alors que l’étonnante Nora Hamzawi éclate), l’horrible nombrilisme de ces élites germanopratines qui pratiquent l’adultère par ennui et l’auto-flagellation par fausse modestie.

Le second au contraire soulignera la finesse du propos : Doubles vies est semé de réflexions pertinentes sur les paradoxes d’une époque où, quoi qu’on en dise, on n’a jamais autant lu ni autant écrit, sur le riche avenir du livre, édité en papier hier et accessible en ligne demain, sur le narcissisme des auteurs qui s’exhibent dans leurs livres auto-fictionnels mais qui finalement se réalisent en transmettant la vie.

Tony PARODI

 



Olivier Assayas, Doubles vies, France, 2018, 108mn

Sortie : 16 janvier 2019

Genre : comédie dramatique

Classification : tous publics

Avec Guillaume Canet, Christa Théret, Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Pascal Greggory

Scénario : Olivier Assayas

Photographie : Yorick Le Saux

Musique : Yorick Le Saux

Distribution : Ad Vitam

En savoir plus sur le film avec CCSF : Doubles vies

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