Killian Couppey : “J’aime l’humour qui traite de tous les sujets à travers les clichés”

Publicité

La compagnie Très Très Drôle débarque au Laurette Théâtre (Avignon Off) avec deux comédies, l’une sur l’homosexualité et l’envie d’enfant, l’autre sur la vie, la mort, l’enfer et le paradis. Vaste programme pour les zygomatiques !

AVIGNON IN/OFF 2021

Originaire de Montpellier, la compagnie Très Très Drôle écrit et interprète des comédies qui se veulent, non sans une bonne dose de second degré, « »rès très drôle ». Les sujets ? Potentiellement, tous les clichés de la vie quotidienne, avec une inclination particulière pour la famille, le couple et l’homosexualité.

Entretien avec Killian Couppey.

D’où est venue l’inspiration de ces deux comédies ?

D’une tranche de vie le plus souvent ! Quand on se rend compte qu’aujourd’hui, adopter un enfant quand on est un couple homosexuel frôle l’impossible, on ne peut pas ne pas en parler. Je voulais le faire en récoltant tous les clichés qu’on entend à ce sujet, les mettre sur scène, en faire une vraie comédie : un couple d’hommes qui tente de se faire passer pour hétéros, une fausse petite amie et une assistante sociale homophobe ; pour terminer par un rebondissement final qui ridiculise tous ces clichés. Quand j’ai écrit Papa(s) tu feras Maman !, j’étais en pleine réflexion sur le coming-out, l’homosexualité, et leur place accordée dans notre société. J’ai bien observé, et je me suis vite rendu compte que ça n’allait pas trop ! J’avais besoin de parler de ce sujet. Que ce soit au cinéma ou au théâtre, l’homosexualité est souvent un sujet dramatique ; or, je n’avais pas spécialement envie de terminer ma pièce avec un suicide ! Préparez-vous, Sebastien et Clément sont prêts à tout, même à devenir hétéros !

Quant à Objection, Votre Honneur !, tout est parti d’un rêve que j’ai toujours eu : être avocat ! N’ayant pas le talent pour réussir une licence 1 (n’avoir été assidu qu’un mois y a peut-être joué), j’ai décidé de créer un procès grandeur nature, où RIEN NE VA : un avocat véreux et machiste, une avocate féministe et, pour pimenter les choses, un ou une Dieu immature, qui prend la place du juge. C’est une vraie pièce interactive qui change tous les jours, et pour cause : en fonction du choix du public, l’avenir de Maître Corbeau change radicalement. Les trois comédiens enchaînent près de vingt personnages sur scène. C’est un mélange entre une télé-novelas et un épisode de « NYC – Unité spéciale » à la sauce Compagnie Très Très Drôle… Alors, autant vous dire que ça va déménager !

Pourquoi vous semble-t-il important de passer par le rire aujourd’hui ? Et quel type d’humour privilégiez-vous ?

Quand vous n’allez pas bien, vous avez toujours cet ami qui tente de vous faire rire, qui vous fait relativiser votre problème. Eh bien, c’est pour ça que je passe par le rire ! Le rire est le moyen le plus efficace pour parler de tout, et pour se moquer de soi et des autres. J’aime l’humour qui traite de tous les sujets à travers les clichés. C’est souvent exagéré, mais ça repose toujours sur quelque chose de très ancré dans le réel. L’excès fait rire, mais a toujours une part de vrai. Si j’exagère un trait de caractère, vous aurez toujours dans votre tête ce petit : « Haha, elle fait pareil Sabrina au boulot », et c’est justement ce que je recherche. Je veux qu’on rigole d’une absurdité offensante, qu’on se retrouve là-dedans, et qu’on se rende compte finalement que… Mais je vous laisse découvrir les pièces !

L’homosexualité est une thématique qui se retrouve dans plusieurs spectacles. Quel sens cela a-t-il pour vous ?

L’homosexualité a une grande place dans mes pièces, oui ! Je crois sincèrement qu’en parler naturellement, comme si de rien n’était ou en utilisant les clichés sur les personnes LGBTQI+, peut faire avancer les choses. Et puis j’avoue, j’en ai un peu marre qu’on ne parle de nous qu’en juin, pour le mois des fiertés, et que le reste du temps, on en parle parce qu’il y a eu un meurtre. Si je n’avais qu’un souhait, j’aimerais qu’on en parle plus. Je n’aurais plus rien à dire dans mes pièces, mais au moins, ça voudrait dire qu’enfin tout le monde a compris. Ce que je suis ne doit pas te gêner. Je ne te juge pas quand tu portes ton marcel et tes tongs, pastis à la main, cochonnet dans l’autre… Laisse-moi donc aimer un garçon du coup (et le Ricard). J’ai de la chance, ma famille m’a vite accepté, mais je pense à tous ceux qui encore aujourd’hui n’osent pas en parler, ou ceux qui ont osé et sont aujourd’hui malmenés ou à la rue. Il faut que ça s’arrête ! Il y a encore deux jours, mon compagnon l’a dit à sa grand-mère de quatre-vingts ans, après plus de quatre ans de relation ; elle a répondu : « Maxou, je m’en fiche, au contraire, ramène-le moi, mais préviens-moi avant, je ferais décongeler du pain ! Je t’aime Maxou. » C’est pour ça que je parle d’homosexualité, c’est pour qu’un jour, tout le monde nous propose juste de décongeler le pain !

Après un an et demi de crise sanitaire et de restrictions politiques, vous présentez vos deux spectacles à Avignon. Où et quand vous retrouver ?

Enfin ! On est à nouveau là, et quel plaisir ! Vous pourrez nous retrouver au festival Off d’Avignon, au Laurette Théâtre, tous les jours du 7 au 31 juillet (sauf les mardis), à 13h20 pour Objection, Votre Honneur ! et à 15h00 pour Papa(s) tu feras Maman !. Ensuite rendez-vous en tournée dans toute la France, en Suisse et en Belgique ! Nous sommes surexcités, et surtout impatients de vous retrouver ! (On n’a pas fait le vaccin pour rien.)

Propos recueillis par Nadège POTHIER

.
En savoir plus : La compagnie Très Très Drôle

.



Crédits : Maxime Granier création



 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *