« La fatigue », un concept large et souvent mal connu des artistes…

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Lorsque nous suivons les professionnels du spectacle, nous sommes régulièrement confrontés à des personnes qui se plaignent de fatigue. Toutefois, ce terme fréquemment utilisé est méconnu et ce symptôme est considéré comme anodin alors qu’il est à l’origine de troubles de la santé.

Définition

La fatigue n’est pas uniquement un « inconfort » pour l’activité artistique. C’est la mise en œuvre d’une série d’adaptations dès le début d’un mouvement avec pour objectif principal de maintenir le plus longtemps possible la performance. Toutefois, au delà d’un certain seuil, la fatigue entraine une diminution de force, de puissance, de vitesse et d’endurance. Ce phénomène peut être donc défini comme une augmentation progressive de l’effort requis pour la production d’une force désirée suivie d’une incapacité progressive à maintenir cette force de manière continue ou répétée.

Un phénomène local et général

La fatigue générale est due à des phénomènes aussi variés que le manque de sommeil, l’inconfort (douleurs, lourdeurs…), la prise de médicaments et les pathologies. Elle correspond à une diminution de la commande motrice par le cerveau, ce qui a pour objectif de protéger les muscles lorsque ceux-ci ne peuvent plus répondre à l’intensité de l’effort exigé.

La fatigue périphérique induit une diminution de l’activation du muscle et des réserves énergétiques, ainsi qu’une accumulation de lactate et l’apparition de micro-lésions. Le muscle ne fournit alors plus l’effort requis pour réaliser le mouvement. C’est, par exemple, le cas du preneur du son qui, à partir d’une certaine durée de maintien d’une position, a des difficultés à soutenir sa perche sans crampe et ni tremblement.

Lors d’une activité artistique prolongée, la fatigue périphérique est maximale au début alors qu’à partir du troisième jour, c’est la fatigue centrale qui prédomine avec une performance qui diminue. Les risques d’accidents sont donc plus importants dès le troisième jour de répétition, alors que la récupération complète apparait seulement après six jours de repos.

Contexte d’apparition

Dans le milieu artistique, la fatigue est favorisée par des conditions environnementales variables et une charge de travail inconstante. Tout mouvement est planifié et réalisé dans un principe d’économie d’énergie qui est, entre autre, lié à l’activité réflexe. Or, la fatigue provoque une diminution des réflexes qui engendre une augmentation du travail musculaire et donc une aggravation du phénomène de fatigue. Pour limiter ce cercle vicieux, un mécanisme astucieux apparait: la variation de la stratégie de mouvement. Nous avons tous un « répertoire moteur » qui, pour un objectif gestuel identique, fait varier l’utilisation des muscles afin de maintenir l’effort plus longtemps.  L’augmentation du nombre de stratégies motrices s’acquière lors de la répétition des mouvements artistiques. Ainsi, le novice fatiguera plus vite que l’expert pour 2 raisons, d’une part la planification initiale sera moins économe par méconnaissance du mouvement et d’autre part, le débutant aura un répertoire de stratégies motrices plus pauvre.

Conséquences

La fatigue génère principalement une diminution de la vigilance et une sur-sollicitation musculaire dans un contexte où le muscle est affaibli. Dès lors, d’un point de vue local, ce phénomène est favorable aux chutes, aux entorses, aux fractures ainsi qu’aux lésions musculaires.

D’un point de vue général, la pathologie de surentrainement peut apparaitre. C’est un effort dont l’intensité, le rythme, la durée sont tels que les possibilités physiologiques (physiques et psychiques) d’adaptation et de réaction de l’organisme sont dépassées. Les artistes sont alors confrontés à des douleurs d’effort, des troubles du sommeil, des traumatismes chroniques et des troubles psychologiques.

La prévention des pathologies liées à la fatigue est directement liée à la mise en place d’une planification stricte et anticipée des charges de travail, respectant des temps de repos adaptés à l’effort imposé par l’activité artistique.

Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.

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