“La montée des marches” d’Erwann Créac’h : petit scénario sans conséquence

“La montée des marches” d’Erwann Créac’h : petit scénario sans conséquence
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La montée des marches d’Erwann Créac’h (Éd. Encre Rouge) raconte la montée d’un jeune réalisateur sans expérience, jusqu’à sa sélection au festival de Cannes. Un roman sous forme de scénario sympathique et léger, sans littérature ni conséquence.

Si la couverture criarde et de mauvais goût ne laisse rien présager de bon, le deuxième roman d’Erwann Créac’h se laisse néanmoins lire facilement, comme si nous assistions à une sympathique soirée entre vieux copains du cinéma à qui on ne la fait, qui ressasseraient leurs anecdotes avec d’autant plus de délectation que tous en ont vécu de similaires.

Erwann Créac’h, La montée des marches, Éditions Encre Rouge, 2019La montée des marches raconte l’histoire de Gilles Vendeur, jeune homme à l’aspect rassurant et sympathique, qui se rêve soudain réalisateur et l’affirme comme une réalité à la première jeune femme qu’il rencontre – qui deviendra son amie au long cours, malgré quelques péripéties – sans pour autant rien connaître du métier, n’ayant suivi aucun cursus en ce sens. D’impostures en audaces, des courts-métrages jusqu’au premier long, qui conduit à ce titre à l’exhalation explicitement cannoise, ce Georges Duroy du monde cinématographique grimpe progressivement les échelons, avec un même talent pour la séduction que son aîné, mais non la même assurance intérieure – question d’époque.

Autre différence notable entre le roman réaliste du XIXe siècle et celui que nous propose Erwann Créac’h : l’écriture. Amoureux de la littérature, passez votre chemin ! La montée des marches n’est certainement pas pour vous. Le style est presque constamment oral, à la lisière de la syntaxe écrite, sans distinction entre la narration et les passages dialogués.

L’auteur ne voudrait pas se prendre au sérieux en risquant une belle phrase, comme si la vie d’un récit ne pouvait battre qu’au sein de formulations simples et efficaces, de personnages superficiels et sans épaisseur, d’une gouaille frappée par le jeunisme, qu’il n’écrirait pas autrement.

Il n’y a pas d’acte littéraire dans ce roman, mais l’empilement de mots qui forment un chaleureux bouillonnement narratif ; il n’y a pas non plus de personnages denses et complexes ni d’interactions approfondies, seulement des stéréotypes et de sommaires croisements destinés à ce que le lecteur passe un moment sympathique et frivole.

Cette historiette se lit facilement et tout aussi facilement refermer, comme une parenthèse anecdotique, un scénario sans conséquence.

Pierre GELIN-MONASTIER

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Erwann Créac’h, La montée des marches, Éditions Encre Rouge, 2019, 309 p., 21,50 €.

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