Laurent Martinez : “Briser les tabous permet à toutes celles et ceux qui ont été victimes de pouvoir être reconnus”

Laurent Martinez : “Briser les tabous permet à toutes celles et ceux qui ont été victimes de pouvoir être reconnus”
Publicité

Un homme ayant été victime d’abus sexuels de la part d’un prêtre, quand il était enfant, peut-il trouver l’amour ? Tel est le thème de la pièce que Laurent Martinez présente de nouveau cet été à Avignon, dans le cadre du festival Off.

Entretien avec l’auteur et comédien Laurent Martinez.
.

Ce texte, qui évoque les violences sexuelles sur les enfants, se présente explicitement comme autobiographique : pourquoi avoir choisi d’en faire un spectacle ?

L’effet cathartique de la pièce est indéniable. C’était un énorme pari car le sujet est extrêmement délicat et je n’avais aucune idée de la façon dont il allait être reçu par le public. Aujourd’hui, après notre succès au festival d’Avignon en 2019 et une tournée morcelée par les confinements, grâce à tous les messages de soutien et d’encouragement que nous recevons, je suis déterminé à porter ce message de libération le plus loin possible. Nous avons même pu jouer Pardon ? à la Conférence des évêques de France en février cette année, alors rien ne nous arrêtera.

Comment résumeriez-vous votre pièce ?

Un homme ayant été victime d’abus sexuels de la part d’un prêtre, quand il était enfant, peut-il trouver l’amour ? Gabriel en est persuadé lorsque son regard croise celui de Camille. Mais peut-on guérir de telles blessures ? En parallèle de cette histoire, l’Église catholique s’interroge sur ses prises de position : où est la vérité ? Pardon ? ose parler de la pédophilie et de ses conséquences. Les multiples rebondissements emmèneront le spectateur en dehors de sa zone de confort… jusqu’à remettre en question les préjugés ?

La pédophilie fait aujourd’hui l’objet d’une condamnation unanime, après avoir été tolérée – officiellement ou non – dans des milieux aussi différents que celui de l’Église catholique ou ceux des journaux Libération ou Le Monde. En quoi vous semble-t-il important de continuer à libérer cette parole aujourd’hui ?

En réalité, il n’est pas seulement important mais plutôt essentiel de faire ce travail, c’est même devenu une véritable mission en ce qui me concerne. Les personnes ayant subi ces violences sont enfermées, prisonnières d’un traumatisme, parfois sans le savoir dans le cas d’amnésie traumatique. Briser les tabous permet à toutes celles et ceux qui ont été victimes de pouvoir être reconnus. Or c’est l’essence même de l’existence : la reconnaissance sans la peur du regard de l’autre, de son jugement. Le deuxième impact de ce travail, qui consiste à lever des tabous, est de permettre aux pédophiles, notamment abstinents, de ne plus se cacher, d’avouer leurs attirances et de se tourner vers les organismes spécialisés, qui sont de plus en plus nombreux, pour les aider à lutter sans passer à l’acte.

Après un an et demi de crise sanitaire et de restrictions politiques, vous présentez votre spectacle à Avignon. Où et quand vous retrouver ?

Nous jouerons à 17h35, du 7 au 25 juillet au théâtre Pierre de Lune, à Avignon. Nous y serons en projection vidéo, au même horaire, du 26 au 31 juillet (tarif spécial 5 euros). Réservation sur Billetreduc et ticket’OFF, ou au 04 84 51 22 33. Le livre de la pièce est aussi disponible pour les personnes intéressées et qui n’auront pas la possibilité de voir la pièce.

Propos recueillis par Nadège POTHIER

.



 

 

Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *