Le Centre chorégraphique de Bourgogne-Franche-Comté se fait “Dancing” tout-terrain

Le Centre chorégraphique de Bourgogne-Franche-Comté se fait “Dancing” tout-terrain
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Le CDCN de Bourgogne-Franche-Comté fait peau neuve : nouveau nom anglicisé, nouvelle implantation, nouveau format pour son fameux festival Art Danse qui débute ce samedi 14 mars (soirée maintenue malgré la pandémie), changement de direction et d’équipe depuis l’an dernier… Tour de piste d’un haut de la danse.

Nouveau nom pour le Centre de développement chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté (CDCN) rebaptisé le Dancing, nouveau format pour son festival Art Danse qui devient un événement printanier, changement de direction et d’équipe depuis janvier 2019, implantation toute récente dans l’annexe de la mairie du quartier des Grésilles à Dijon… Une reconfiguration qui se veut une promesse à de beaux jours à la danse contemporaine à Dijon et dans la région.

Nommé en janvier 2019 par Franck Riester à la tête du CDCN de Bourgogne-Franche-Comté, l’ex-artiste-interprète Frédéric Seguette a réaffirmé l’identité d’une structure bien ancrée dans le territoire régional pour y développer la création contemporaine, accompagner les artistes régionaux et assurer son rôle de diffusion, de formation et d’éducation artistique. L’association Art Danse, créée en 1988 par Marie-Jo Gros et renommée Le Dancing, met en œuvre un projet d’ouverture au territoire, dédié à la pratique de la danse dans l’espace public, afin d’interagir avec différents contextes comme des jardins, des places publiques, des centres d’art ou encore des supermarchés… Focus sur un projet dédié à la danse in situ.

Du théâtre au jardin

Ancien élève du Centre national de danse contemporaine d’Angers et artiste depuis une trentaine d’années, Frédéric Seguette s’est ensuite tourné vers l’accompagnement de la création artistique avec un intérêt particulier pour les projets de danse située.

« J’ai souhaité orienter mon parcours vers l’espace public et surtout les jardins, raconte-t-il. Travailler dans un théâtre, c’est travailler dans une boîte noire et un peu isolée du monde. J’ai donc voulu créer un festival de danse qui se déroulerait dans un espace extérieur. J’ai découvert le Potager du Roi à Versailles et surtout l’École nationale supérieure de paysage, puis j’ai initié en 2007 l’événement “Plastique Danse Flore” qui est devenu un rendez-vous assez identifié par le public. »

Le lien entre Frédéric Seguette et le festival dijonnais “Entre cour et jardins” s’est ensuite fait naturellement : « Nous nous connaissons depuis de nombreuses années avec Frédéric Bonnemaison, ancien directeur du festival, notamment depuis que j’ai créé avec d’autres partenaires le réseau Nos lieux communs dont Entre cours et jardins fait partie. » En 2019, Frédéric Bonnemaison a décidé de confier la direction de son festival au CDCN.

Nouveau nom…

Comme un emblème, le choix du Dancing et sa boule à facettes lui semblait davantage faire sens que l’annexe. En effet, si les douze CDCN portent généralement le nom de l’ancien bâtiment qu’ils occupent, tels le Gymnase à Roubaix ou encore la Manufacture à Bordeaux, le Dancing fait exception. « On aurait pu le nommer “l’annexe”, mais ce n’était pas très porteur, explique Frédéric Seguette. Je voulais que le CDCN soit identifié comme étant un lieu où l’on danse. »

Le Dancing est établi dans un espace attribué par la mairie de Dijon. « L’emplacement est bien défini dans l’annexe de la mairie du quartier des Grésilles, mais le choix des équipements n’est pas encore arrêté, poursuit le directeur du CDCN. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous faut une salle de spectacle permettant d’accueillir le public comme la plupart des CDCN en ont, avec au minimum un studio de danse. »

et nouvelle temporalité

Si le festival Art Danse était jusqu’à présent un rendez-vous hivernal, Frédéric Seguette a jugé bon de créer un événement printanier, recentré cette fois sur la métropole dijonnaise, qui se déroulera du 14 mars au 18 avril.

« Le plus important, c’est l’expérience des spectateurs, détaille-t-il. Il faut leur permettre de suivre plusieurs spectacles car un festival, c’est d’abord une ambiance, une concentration de programmation ; nous devons permettre au plus grand nombre de vivre cette expérience-là. Il m’a semblé plus stratégique d’être au centre de la région pour plus d’accessibilité. »

Parce qu’un CDCN se doit d’être le miroir de la création sur l’ensemble du territoire, son rendez-vous automnal – Entre cour et jardins – est quant à lui itinérant tous les deux ans : sa prochaine édition aura lieu entre Arbois, Salins et Poligny, au cœur du Jura.

Des projets réactivés et recyclables

Pour la 32e édition d’Art Danse, pas moins de vingt-trois spectacles sont proposés au public. La programmation a été faite, entre autres, en prenant en compte la possibilité pour les publics de découvrir des artistes dans différents contextes. L’artiste associé du Dancing DD Dorvillier présentera par exemple deux œuvres chorégraphiques et interviendra pendant deux semaines dans la boutique du FRAC Bourgogne avec l’artiste Damien Briançon.

« Les artistes développent des projets recyclables avec des œuvres qui sont réactivées en fonction du contexte. » Le directeur cite Yaïr Barelli, artiste compagnon du CDCN qui ouvrira le festival avec Sur l’interprétation – titre de l’instant, une œuvre créée il y a plusieurs années mais recomposée à chaque fois en fonction des équipes. « Il l’a déjà présentée à la Nuit Blanche 2019 du musée Picasso, à Bétonsalon ; il la donnera à la MJC des Grésilles. C’est une proposition qui sort du cadre habituel, le public étant invité à investir physiquement cette composition. »

Des liens forts avec le territoire

Le Dancing travaille encore en complémentarité avec le CCN de Belfort, notamment sur la mise en place du pôle de ressources pour l’éducation artistique et culturelle (PRÉAC) “danse et arts du mouvement”, une formation à destination des les enseignants.

« Ce qu’on souhaite aussi mettre en place, ajoute Frédéric Seguette, c’est une formation “danse et paysages” sur la question de la “danse située”, dans un format proche de celui de la formation Prototype à Royaumont, qui propose trois sessions dans l’année chacune portée par deux autres partenaires sur le territoire régional. »

Un travail de repérage est enfin réalisé en partenariat avec le LAB, Viadanse CCN de Belfort et le festival Cluny Danse pour identifier les acteurs chorégraphiques du territoire. « Il y aussi un appel à projet dans le cadre du réseau Nos lieux communs ; nous retenons deux projets qui sont ensuite accueillis en résidence par les différentes structures membres. J’ai à cette occasion identifié des artistes qui n’ont pas été sélectionnés, comme par exemple le Bisontin Léonard Lesage. »

Ainsi l’inscription du Dancing dans le cadre du projet de Frédéric Seguette intitulé “Ouverture” permet-elle d’investir une multiplicité d’espaces urbains, paysagers ou ruraux, ainsi qu’un renouvellement des esthétiques.

Morgane MACÉ

Correspondante Bourgogne-Franche-Comté

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Photographie de Une : Trottoir de Volmir Cordeiro
Crédits photographiques : Arthur Crestani



 

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