Les lieux artistiques français sous la menace d’une nouvelle fermeture

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Alors que de plus en plus de pays européens prennent à nouveau des mesures drastiques devant la flambée des cas, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, s’est voulu rassurante… pour le moment.

Vendredi 17 décembre. Mette Frederiksen, Première ministre du Danemark, annonce la fermeture de tous les lieux artistiques du pays : théâtres, cinémas, musées, salles de concert… La vie nocturne, quant à elle, a déjà fait l’objet de restrictions politiques quelques jours plus tôt. « Nous avons besoin de limiter notre activité, déclare-t-elle dans une conférence de presse. Nous devons tous limiter nos contacts sociaux. » Le pays scandinave fait face à une recrudescence rapide du nombre d’infections à la COVID-19, et plus particulièrement au variant Omicron.

Un tremblement européen

Un cas isolé ? Hélas non. Le soir même, Micheal Martin, Premier ministre irlandais, révèle qu’un couvre-feu est instauré à 20 heures dans les bars, les pubs et les restaurants jusqu’à la fin du mois de janvier. Le lendemain, c’est au tour des Pays-Bas d’annoncer un nouveau confinement de la population : mis en place dès le dimanche 19 décembre, il se prolongera « au moins », de l’avis du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, jusqu’au 14 janvier. Outre les lieux artistiques, les bars et les restaurants ont également fermé leurs portes, tandis qu’il est interdit de se réunir à plus de deux personnes (sauf Noël et Nouvel An).

Depuis, l’inquiétude s’accroît et s’installe un peu partout. La Belgique a réduit la jauge des événements se déroulant à l’intérieur : un cinéma ne peut aujourd’hui que deux cents personnes au maximum, et à condition que celles-ci soient assises et masquées.

L’Allemagne prévoit de durcir les restrictions politiques très prochainement (une annonce devrait être faite aujourd’hui même par Olaf Scholz), en fermant notamment toutes les discothèques. Même si notre voisin fédéral affirme ne pas envisager pour l’instant un arrêt total de la vie artistique, ce n’est pas jouer les Cassandre que de rappeler qu’une telle mesure contre la vie nocturne a souvent entraîné la cessation de toute vie artistique dans la foulée.

Roselyne Bachelot veut rassurer…

Côté français, la logique est presque similaire : suspension de la vie nocturne mais nulle interruption de la vie artistique et conviviale. Le gouvernement a par ailleurs décidé de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, de sorte qu’il n’existe presque plus de possibilité pour les non-vaccinés d’exercer leur libre arbitre quant aux différents vaccins à ARN messager – il serait intéressant de savoir néanmoins si cela jouera un rôle dans la fréquentation des salles. Bientôt, la vaccination sera également accessible aux enfants de cinq à onze ans.

Plane ainsi le spectre d’une nouvelle fermeture des lieux artistiques… Les deux dernières années ont suffisamment montré qu’en dépit des discours rassurants, notamment du gouvernement, ce dernier pouvait changer d’avis du jour au lendemain, en fonction de sa perception des évolutions de la crise sanitaire. Que penser, dès lors, de l’intervention de Roselyne Bachelot au micro de CNews, hier matin ?

« La fermeture des lieux de culture et la diminution des jauges n’est pas à l’ordre du jour », affirme-t-elle, avant d’ajouter que cela dépendra évidemment de la bonne tenue des Français à l’occasion des fêtes de fin d’année : « Nous sommes les patrons de cette affaire-là ! Finalement, la vaccination, le respect des gestes barrières, le fait de ne pas se retrouver à vingt-cinq dans une pièce pour fêter le réveillon, c’est quand même nettement, développe-t-elle. Nous sommes les patrons, nous le sommes tous ! Il n’y a pas que le gouvernement en face de la pandémie ; les Français sont en face de la pandémie… Ils sont aussi responsables. »

De nouveau, sous couvert de responsabilisation des Français – une responsabilisation qui passe uniquement par l’obéissance aux directives gouvernementales (on peut le saluer ou le déplorer, c’est ainsi) –, c’est comme si les mesures prises au fil des mois n’étaient pas un choix réfléchi et assumé par le gouvernement, mais une fatalité tranchante, venue de quelques contrées célestes lointaines, auquel il ne pourrait que se soumettre. Il y a donc fort à parier que cette fatalité s’abattra de nouveau impitoyablement, si les statistiques ne s’améliorent pas, sur les lieux artistiques. La faute en reviendra bien évidemment aux Français… Qui d’autre ?

Maussano CABRODOR

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