Les troubles musculo-squelettiques des violonistes et altistes

Les troubles musculo-squelettiques des violonistes et altistes
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Un contexte particulier

La pratique des instruments à cordes implique une combinaison d’actions comprenant des mouvements rapides, compliqués et répétés des doigts nécessitant un effort considérable pour les muscles, les ligaments et les os. Les violonistes et les altistes jouent dans 3 conditions différentes : le lieu de répétition, la scène et la fosse d’orchestre. Alors que les lieux des répétitions sont modulables, les 2 autres situations imposent une posture adaptée à la pratique de l’instrument, à la vision du chef d’orchestre et à la lecture de la partition. Pour répondre à ces contraintes, la position est très asymétrique et pas toujours optimale, d’autant plus en situation d’orchestre où le feedback auditif est moins bon. Ce contexte expose particulièrement les instrumentistes à cordes au développement de pathologies.

 La posture

La pratique du violon et de l’alto est possible en position debout ou assise. Dans les 2 cas, le musicien place son épaule gauche en rotation externe maximale avec le bras en élévation et l’avant bras en supination afin de produire les  mouvements adéquats au niveau de la main et des doigts. Du côté droit, la tenue de l’archet nécessite une épaule en abduction et rotation interne impliquant une sursollicitation des muscles rotateurs externes pour soutenir le poids du bras et de l’archet. Afin de stabiliser l’instrument, la tête est placée sur la mentonnière grâce à une flexion / rotation de la nuque. Lorsque l’instrumentiste est assis, le dos et le bassin ont une mobilité diminuée ce qui renforce les contraintes au niveau de la nuque et des membres supérieurs.

 Origines des pathologies

Les troubles musculo-squelettiques ont pour origine la répétition de gestes et les postures inappropriées dans un contexte de stress et de sur-utilisation des articulations. La position du violoniste et de l’altiste est favorable aux déséquilibres musculaires (certains muscles trop forts et d’autres trop faibles) ce qui induit des conditions biomécaniques non optimales générant des tensions musculaires et des sur-sollicitations. Lorsqu’elles persistent, ces perturbations musculo- tendineuses sont favorables à la blessure. De plus, le poids de l’instrument augmente les contraintes ce qui explique que les altistes sont plus confrontés aux pathologies que les violonistes, ainsi que l’enfant qui change de taille d’instrument (ex: passage d’un trois-quarts à un entier). La durée des répétitions, le changement de répertoire, le manque de luminosité d’une pièce, les exercices inadéquats (manque d’échauffement, étirements incorrectes,…), et le traitement inadapté des blessures sont également reconnus comme causes fréquentes de blessures.

 Pathologies observées

69% des musiciens présentent des troubles musculo-squelettiques lors de la pratique du violon et/ou de l’alto. Les perturbations les plus fréquentes sont liées à la sur-utilisation des articulations lors d’une posture non optimale (tendinopathies, conflits d’épaules,  …), au syndrome de compression nerveuse et à la dystonie. La main gauche a 2 fois plus de pathologies que la main droite du fait de la position exigeante nécessaire aux mouvements des doigts. 25% des musiciens ont des douleurs mandibulaires liées à un excès de pression pour maintenir l’instrument. La position asymétrique de la nuque génère des tensions musculaires pouvant engendrer des névralgies, des acouphènes et des maux de tête.

 Prévention

L’analyse ergonomique des violonistes et des altistes doit comprendre une analyse de la posture adoptée par le musicien et de la relation avec l’instrument afin d’obtenir un alignement du corps ainsi qu’une position de la nuque et du membre supérieur moins contraignante. La stabilité posturale comprenant une bonne répartition des appuis optimise le contrôle moteur et la précision des mouvements lors de l’exécution instrumentale, ce qui permet de diminuer la force développée pour réaliser un mouvement complexe. L’instrumentiste doit donc réaliser des exercices visant à rééquilibrer les muscles des membres supérieurs et à diminuer les tensions musculaires. Cet apprentissage doit être accompagné de la mise en place systématique d’un échauffement, de périodes de repos, d’exercices d’étirements, d’hydratation régulière et du choix d’habits adéquats pour jouer dans des conditions optimales. Par ailleurs, les blessures doivent être traitées précocement afin de limiter les compensations pouvant générer d’autres lésions.

Les informations et conseils proposés s’inscrivent dans une logique de prévention. Ils ne peuvent en aucun cas se substituer à la consultation d’un médecin ou d’un professionnel de santé pour l’établissement d’un diagnostic précis et la prescription d’un traitement adapté.

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