Maison Béjart à Bruxelles : là où la danse nous mène…

Maison Béjart à Bruxelles : là où la danse nous mène…
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Au deuxième étage d’un immeuble situé dans le cœur historique de Bruxelles, à quelques mètres de la Grand-Place, la présence de Maurice Béjart est encore palpable, dynamique, vivante à travers ses amis et les danseurs qui profitent de son inspiration. C’est que le célèbre chorégraphe y a vécu plus de vingt ans ; il y a pensé ses premiers spectacles, ses premières créations, ses premiers succès.

Reportage photos : Eliott Chalier.

Si Maurice Béjart est né Français, s’il a été naturalisé suisse, c’est pourtant bien la Belgique qui fut sa véritable patrie de cœur, selon son ami intime et biographe officiel, Michel Robert : « Maurice Béjart m’avait donné la mission de présenter sa candidature pour obtenir la nationalité belge. » C’était quinze jours avant sa mort ; il n’en aura pas eu le temps. Il désirait également que ses cendres soient dispersées sur la plage d’Ostende, face à la mer du Nord ; il n’en fut rien. Dans ses mémoires, La vie de qui ?, Maurice Béjart semble néanmoins plus nuancé sur la question : « Il paraît que j’ai habité pendant vingt-cinq ans à Bruxelles. Mais je n’ai jamais vécu à Bruxelles… Je vivais dans des studios de danse, dans des loges, des coulisses, et sur des scènes de théâtre… »

Que reste-t-il de Béjart à Bruxelles ?

Après le départ de Béjart pour Lausanne en 1987, son loft tombe dans l’oubli. Ce n’est qu’au lendemain de sa mort, vingt ans plus tard, que trois hommes créent une Fondation d’utilité publique et acquièrent cet immense loft de 370m2 : Armand De Decker, alors président du Sénat du Royaume de Belgique, son frère Jacques De Decker, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, ainsi que Michel Robert. « Nous avons dû nous battre pour que la Maison Maurice Béjart Huis existe à Bruxelles, se souvient le biographe. Malgré des soutiens officiels, nous avons commencé avec zéro, et même moins que cela. »

Combat après combat, travaux après travaux, le lieu prend progressivement sa forme vitale actuelle. Si le loft accueille d’emblée des danseurs provenant du Béjart Ballet de Lausanne, il faut attendre les années 2012-2013 pour voir la Maison vibrer de tous ses pans : une exposition permanente intitulée « Béjart, Parcours Libre » propose de parcourir à nouveau la vie de l’artiste, de ses jeunes années à ses succès spectaculaires, sur le lieu même où il vécut. Un conservatoire a par ailleurs été refondé, il y a deux ans, dans la salle où Maurice Béjart a répété ses créations les plus importantes avec les danseurs du Ballet du XXe. « Nous ne révolutionnons rien, mais suivons le chemin de la danse tracée par l’histoire, par l’un de ses plus éminents représentants, s’enthousiasme Michel Robert. Nous avons aujourd’hui une quarantaine d’élèves ; les demandes se faisant de plus en plus nombreuses, nos auditions deviennent par conséquent de plus en plus exigeantes. »

Tout disparaît, la danse demeure…

Centre de documentation, de création, d’archives, de rencontres, de résidence, d’accueil, de prospectives, la Maison Maurice Béjart vit au rythme de celui qui disait : « Je vais là où la danse me mène ». Elle soutient diverses initiatives, à commencer par les spectacles de la compagnie Opinion Public, composée de cinq amis formés à l’École-Atelier Rudra-Béjart, et dont la prochaine création est annoncée pour décembre. « C’est la première mais certainement pas la dernière compagnie que nous soutenons, poursuit l’auteur de trois livres d’entretien avec le chorégraphe. Nous envisageons de créer un cabaret pour les jeunes danseurs, afin de favoriser la créativité et l’émergence de nouveaux talents. »

De nouveaux projets voient constamment le jour : les artistes se succèdent, la Maison ne désemplit pas. Seuls les touristes qui se pressent autour du minuscule Manneken Pis (61cm avec talons !) ignorent qu’un lieu atypique, doté d’une grande force artistique, se trouve à deux pas. Ce n’est pourtant pas faute d’énergie : des bénévoles se succèdent pour assurer une permanence et perpétuer la mémoire de l’artiste. « Nous avons appelé ce lieu Maison Béjart, parce que nous récusons celui de musée… Musée est un horrible mot pour la danse : le premier est statique tandis que la danse est toujours mouvement. L’association des deux est impossible par nature. »

La Maison Béjart incarne la définition même que le chorégraphe donnait de l’art, lors d’une conversation avec Michel Robert : « L’art est ce qui reste, quand tout a disparu. » Visiteurs qui passez à Bruxelles, laissez-vous guider vers ce lieu qui demeure, où la danse nous mène…

Pierre GELIN-MONASTIER

Photographies : Eliott CHALIER est actuellement étudiant en photographie à l’ESA LE 75 de Bruxelles.

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La Maison Béjart, un petit pas de danse entre l’hier et l’aujourd’hui.

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Michel Robert, en conversation perpétuelle avec Maurice Béjart, de son vivant et par-delà la mort.

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Le conservatoire reprend la salle où Maurice Béjart a répété ses créations les plus importantes.

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Dans l’ombre du chorégraphe, la lumière de nouveaux talents

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Parce que les chorégraphies de Béjart n’ont jamais fini d’attendre un regard…



 

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