« Moi, Tonya » : jubilatoire portrait d’une patineuse « white trash »

« Moi, Tonya » : jubilatoire portrait d’une patineuse « white trash »
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Une petite leçon de rattrapage pour ceux qui, en janvier 1994, ne s’intéressaient pas au patinage artistique et/ou n’avaient pas encore atteint l’âge de raison : à quelques semaines des Jeux olympiques de Lillehammer, la patineuse Nancy Kerrigan était tabassée. Une autre patineuse, Tonya Harding, elle aussi en lice pour la qualification aux J.O., fut  accusée d’avoir fomentée cette agression.

★★★☆

Faux documentaire, vrais personnages

Affiche de, Moi, Tonya, film de Craig Gillespie, avec Margot Robbie, Sebastian Stan et Allison JanneyMoi, Tonya est un faux documentaire qui revient sur un fait divers qui, quelques mois avant l’affaire O.J. Simpson, avait tenu l’Amérique en haleine et marqué les débuts de l’info en continu.

Ses principaux protagonistes, interprétés par des acteurs professionnels, sont interviewés face caméra, comme le seraient les participants à une enquête télévisée.

Mais Moi, Tonya s’intéresse moins à « l’incident » de janvier 1994 qu’à la vie de Tonya Harding. Abandonnée par son père, élevée par une mère violente, trop tôt mariée à un parfait loser, Tonya Harding était une « white trash »* dans un sport qui ne lui a pas laissé sa chance.

Le scénario de Steven Rogers est subtil et évite le manichéisme. Il donne la part belle à Tonya Harding, que campe une Margot Robbie enlaidie, une gageure pour l’actrice sans doute la plus sexy du moment (je ne me suis pas remis de sa scène dans Le Loup de Wall Street).

Mais pour autant, Moi, Tonya n’instruit pas le procès en réhabilitation de l’athlète la plus haïe de l’histoire du patinage artistique. Si Tonya démontre un courage admirable, physique et psychologique, face à l’adversité, elle n’en affiche pas moins un refus buté d’accepter ses responsabilités.

Humour de la fiction et effarement devant le réel

C’est avec un humour jubilatoire, qui rappelle celui des frères Cohen, que ces pauvres types décérébrés et violents sont croqués.

Il faut rester jusqu’au bout du générique, qui nous montre les interviews des véritables protagonistes, pour constater avec effarement que la réalité surpassait la fiction : Tonya, sa coiffure ridicule, ses tenues impayables, son mari bas du front avec son inénarrable moustache, sa mère (interprétée avec une délectation sadique par Allison Jeanney, l’inoubliable porte-parole de la Maison-Blanche dans West Wing), un garde du corps glouton et mythomane…

* Littéralement « déchet blanc », ce terme péjoratif d’argot américain désigne à l’origine la population blanche pauvre, avec un niveau d’éducation bas, de mauvaises manières et un manque général d’intérêt pour les questions de société et la culture.



Craig Gillespie, Moi, Tonya, États-Unis, 2017, 120mn

  • Sortie française : 14 février 2018
  • Titre original : I, Tonya
  • Genre : biographie
  • Classification : tous publics
  • Avec Margot Robbie, Sebastian Stan, Mckenna Grace, Allison Janney, Bojana Novakovic, Julianne Nicholson, Caitlin Carver.
  • Scénario : Steven Rogers
  • Distribution : Mars Films

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