RIP. Miriam Colón, mère d’Al Pacino dans Scarface et héraut de la minorité portoricaine aux USA

RIP. Miriam Colón, mère d’Al Pacino dans Scarface et héraut de la minorité portoricaine aux USA
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Sa mort, à l’âge de 80 ans, n’a eu aucun écho dans nos médias français, Pourtant, Miriam Colón est une formidable actrice et une battante : elle fondit le Puerto Rican Traveling Theater à New York City. Celle qui fut surtout connue du grand public pour avoir été la mère d’Al Pacino dans Scarface est décédée d’une infection pulmonaire, selon la déclaration de son mari, Fred Valle. Hommage à celle qu’Obama récompensa en 2015 d’une National Medal of Arts.

Née le 20 août 1936 à Ponce, au Puerto Rico, Míriam Colón Valle grandit à San Juan. Très jeune attirée par le théâtre, elle suit des cours d’art dramatique à l’Université de Puerto Rico, alors qu’elle est encore au lycée. Elle fait ses débuts cinématographiques à 15 ans, dans Los Peloteros, un drame en noir-et-blanc sur le sport. A 17 ans, elle pose un choix décisif : elle quitte son pays pour New York, afin d’y poursuivre une carrière d’actrice.

Miriam Colón (1962)

Une carrière émaillée d’apparitions dans les séries télévisées

Elle est la première actrice portoricaine à intégrer l’Actors Studio. A sa sortie, elle enchaîne de nombreux rôles pour la télévision, média alors émergeant. Son premier rôle est dans la série Danger : dirigée par John Frankenheimer, elle a pour partenaire John Cassavetes.

Entre 1955 et 1961, elle apparaît ainsi dans 25 épisodes de diverses séries, du western Wanted: Dead or Alive avec Steve Mc Queen à la série télévisée d’anthologie Playhouse 90, toujours inédite dans tous les pays francophones, avec Rod Steiger et William Shatner.

Tout au long de sa carrière qui court sur près de 70 ans, Miriam Colón n’a de cesse de faire des apparitions dans les séries télé, comme un fil rouge durant sa carrière, comme un perpétuel clin d’œil à ses débuts aux États-Unis.

Marlon Brando, Meryl Streep et Glenn Close pour partenaires

Elle développe parallèlement une carrière d’actrice au cinéma : elle apparaît dans près de vingt-cinq films, dont le seul long-métrage jamais réalisé par Marlon Brando : La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jack) en 1961. Elle joue par ailleurs, la même année, au côté de Tony Curtis dans The Outsider. Parmi les rôles qui en firent un visage connu du cinéma américain, nous pouvons citer le thriller Possession meurtière (1972) et La Maison aux esprits (1993), avec Jeremy Irons, Meryl Streep, Glenn Close, Winona Ryder, Antonio Banderas et Vanessa Redgrave, film adapté d’un roman d’Isabel Allende.

Elle joue dans Lone Star, western moderne signé John Sayles (1996), dans le remake réalisé par Sidney Lumet de Gloria, de John Cassavetes, ou encore dans De si jolis chevaux, réalisé en 2000 par Billy Bob Thornton à partir du roman éponyme de Cormac McCarthy.

1983 : Le phénomène Scarface

Mais son rôle le plus connu reste évidemment celui de la mère de Tony Montana, alias Al Pacino, dans Scarface. Miriam Colón a 47 ans lorsqu’elle joue ce rôle, tandis qu’Al Pacino avait, au même moment, 43 ans. Des années après qu’elle a joué ce rôle, les fans et les journalistes ont continué d’interroger Miriam Colón à propos de son personnage. « La mère dans Scarface était ma maman, a-t-elle raconté dans une interview pour le programme « Fresh Air » de NPR, en 2003. Ce rôle était comme une robe de couturier qui aurait été faite pour moi : la mère qui travaille très dur, qui est très sévère, qui a des principes dans sa maison. »

Concernant son personnage et celui d’Al Pacino, un dealer de drogue et tueur impitoyable, elle raconte : « Elle est la seule qui le défie, qui soit capable de lui dire : « Fous-moi le camp ! », sans finir avec la tête coupée. J’aime beaucoup les personnages comme ça. »

L’ambassadrice de Puerto Rico au théâtre

Puerto Rican Travelling Theater

Miriam Colón eut une carrière théâtrale mouvementée, entre sa tentative avortée de percer à Broadway avec la compagnie Off Broadway qu’elle fondit – alors toute jeune – avec Roberto Rodriguez en 1953. Quatorze ans plus tard, elle fonde le Puerto Rican Traveling Theater, qui devient et reste « l’une des parures théâtrales de la ville », selon les mots de Mel Gussow dans le New York Times en 1983, venu voir la répétition de The Oxcart.

La compagnie s’installe à la 47e rue (West) de Manhattan, où elle demeure encore aujourd’hui en tant que Pregones Theater Puerto Rican Traveling Theater. Miriam Colón reste la directrice artistique du lieu jusqu’en 2014, avant de devenir conseillère artistique, après la fusion de sa propre compagnie avec Pregones.

Elle épouse en premières noces George Paul Edgar, qui meurt en 1976, dix ans après leur mariage ; elle se remarie avec l’acteur Fred Valle en 1987. En 1993, elle reçoit un Obie Award pour l’ensemble de son œuvre au théâtre Off Broadway. En 2015, c’est au tour du président Barack Obama de l’honorer, par la remise de la National Medal of Arts.

Brice WATTEZ

Correspondant Amérique du Nord

Photo de Une : Miriam Colón et James Arness dans Gunsmoke (1970)

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