VGE et la Culture : 4 exemples du discret héritage culturel de Valéry Giscard d’Estaing

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Il était entré à l’Élysée à 48 ans et avait inscrit son septennat sous le signe de la modernité. Côté politique, ses grandes réformes sont clairement identifiées : autorisation du divorce par consentement mutuel, dépénalisation l’avortement et abaissement de 21 ans à 18 ans l’âge de la majorité. Mais qu’en est-il de son héritage culturel ? Il est beaucoup moins marquant, mais il existe.

À l’occasion de la mort de Valéry Giscard d’Estaing, Profession Spectacle vous éclaire sur ce pan de cette histoire.

1/ Rétrogradation du ministère des Affaires culturelles au rang de secrétariat d’État

« De tous les présidents de la Ve République, Valéry Giscard d’Estaing est celui qui a le moins imprimé sa marque personnelle sur la politique culturelle », note le Journal des Arts. Bien loin de la modernité incarnée par Georges Pompidou, grand amateur de poésie, de littérature, de musique et d’art contemporain, VGE est quant à lui plus classique, préférant le XVIIIe siècle, l’opéra ou encore Maupassant.

Une fois à l’Elysée après son élection en 1974, celui qui restera longtemps comme le plus jeune président de la République de la Ve République donne le ton : il supprime le ministère des Affaires culturelles et le transforme en simple secrétariat d’État à la Culture. Et pendant les années qui vont suivre, les secrétaires d’État vont se succéder à un rythme rarement atteint, preuve d’un manque de volonté politique clair. Michel Guy tient deux ans (1974-1976), avant d’être remplacé par la journaliste Françoise Giroud (1976-1977), la première femme à se voir confier ce poste, avant d’être remplacée sept mois plus tard par Michel d’Ornano (1977-1978). C’est avec lui que la Culture redevient un ministère à part entière.

2/ Un budget de la Culture en repli

Sous sa présidence, le budget de la Culture est loin d’être une priorité. Sa part dans le budget général de l’État passe ainsi de 0,61 % en 1974 à 0,56 % les trois années suivantes, pour fléchir à 0,52 % en 1979 puis à 0,47 % en 1981, et donc revenir à son taux de 1972.

Et à quoi servent ces sommes ? À financer un des grands axes de la politique culturelle giscardienne : la préservation du patrimoine.

3/ Le bras de fer perdu sur Beaubourg et la naissance du musée d’Orsay

VGE un classique ? Démonstration avec deux musées et des décisions (dans un premier temps pour certaines) qui reflètent cette politique. Dès son arrivée à l’Elysée, le jeune président veut ainsi mettre un terme au projet cher à son prédécesseur : le Centre Beaubourg. Un lieu imaginé au cœur de Paris pour devenir une institution culturelle originale entièrement vouée à la création moderne et contemporaine où les arts plastiques voisineraient avec les livres, le dessin, la musique ainsi que le cinéma. Cette décision d’abandonner le projet est prise trois mois à peine après son arrivée à l’Élysée. Il faut la persévérance et toute la force de persuasion de Jacques Chirac, alors Premier ministre, pour sauver le projet. L’inauguration sera finalement présidée par VGE en janvier 1977.

Dans le même temps, l’accent est mis sur le sauvetage du patrimoine et de monuments, parisiens principalement. Ainsi, le musée d’Orsay est construit à partir du sauvetage de la gare d’Orsay. Il s’agit, comme chacun sait, d’un lieu consacré à l’art du XIXe siècle. Le projet de la Cité des sciences et de l’industrie est né également du sauvetage, en 1979, des abattoirs de la Villette.

4/ Loi-programme sur les musées et chartes culturelles

Elle est votée le 11 juillet 1978. Son but ? Fournir des financements pour des projets de musées. Celui du futur musée d’Orsay bénéficie ainsi d’une aide de 363 millions de francs.  Autres établissements aidés : le musée du Louvre, le château de Versailles, les musées de Fontainebleau, de Compiègne, de Pau, d’Écouen, ou encore de Saint-Germain-en-Laye.

Au niveau territorial, sous l’impulsion de Michel Guy, les chartes culturelles sont lancées. Le principe ? Le ministère, la ville, la région qui y souscrivent s’engagent sur plusieurs années en matière d’investissement et de soutien aux activités culturelles et artistiques. « La Vieille Charité à Marseille devra son sauvetage à la charte signée par la ville et l’État », relève l’historien Gérard Monnier, cité par le Journal des Arts.

5/ Absence de vision dans la perspective d’un second mandat

Quand s’achève son septennat et l’heure de faire campagne pour en briguer un second, le bilan culturel est bien maigre. Et la lettre qu’il adresse au Figaro en réponse à un article critiquant sa politique laisse présager que le projet culturel n’est toujours pas au centre de son programme. Pas d’annonces, de temps forts, de gestes concrets, la culture reste une belle ambition creuse.

Mais reconnaissons-lui une capacité de prévision remarquable. Interrogé par Jean François Kahn en 1981 sur le faible budget accordé à la culture, Valéry Giscard d’Estaing se projette sur ce que pourrait être selon lui un budget trop conséquent : « Que diriez-vous d’un ministère de la Culture qui disposerait de 2 ou 3 % du budget de l’État et qui dissiperait ses crédits pour faire fonctionner un appareil bureaucratique omniprésent, tatillon et indiscret, ou qui l’utiliserait à la pénétration d’une culture officielle d’État ? » Une analyse qui résonne aujourd’hui. À méditer.

Jacques GUILLOUX



Portrait officiel de Valéry Giscard d’Estaing
© La Documentation française. Photo Jacques-Henri Lartigue
Source : L’Élysée



 

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