Vladimir Jurowski : “En ces temps difficiles, le monde a besoin de beauté, de musique et de culture”

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Le festival international George Enescu brave la pandémie en fêtant cette année, du 28 août au 26 septembre, un double jubilé : sa 25e édition et le 140e anniversaire de la naissance du compositeur George Enescu, à qui il doit son nom. Pour l’occasion, et en dépit de la pandémie, il proposera pendant un mois une programmation musicale exceptionnelle, avec 4700 artistes roumains et étrangers.

Fils d’un propriétaire terrien moldave et seul survivant d’une fratrie de huit enfants, George Enescu  (ou « Enesco », en français) est probablement le plus grand compositeur de Roumanie, l’un des plus grands violonistes aussi. On voudrait lui donner le titre de meilleur chef d’orchestre, mais le voilà aussitôt en concurrence avec Sergiu Celibidache, qui a d’ailleurs dirigé plusieurs de ses œuvres. Disciple – à Paris, sa ville d’adoption, jusqu’à sa mort en 1955 – d’Ambroise Thomas, Théodore Dubois, Jules Massenet et Gabriel Fauré, il compose de nombreuses œuvres, dont des rhapsodies roumaines qui emportent un vif succès ou encore des symphonies, dont une mystérieuse symphonie de chambre pour douze instruments, sa toute dernière œuvre, qui a un goût d’avant-garde.

Créé en 1992 à Bucarest, le festival international de musique classique s’est naturellement mis sous le haut patronage de George Enescu, s’imposant au fil des éditions comme le plus important événement culturel international organisé par la Roumanie. D’ordinaire, il ne dure que trois semaines. Mais l’année 2021 est particulière, non en raison de la crise sanitaire, mais parce qu’elle marque à la fois la 25e édition du festival et le 140e anniversaire de la naissance du compositeur. La programmation a ainsi été revue à la hausse, s’étalant sur quatre semaines, du 28 août au 26 septembre.

« La musique ne nous sert pas seulement de divertissement, de nourriture pour l’âme, mais elle est aussi un important moyen de communication entre les gens, explique Vladimir Jurowski, directeur artistique du festival. En ces temps difficiles de la pandémie, le monde a besoin de beauté, de musique et de culture. C’est pourquoi le monde a besoin du Festival Enesco. Nous avons à notre tour besoin du public, des artistes, du soutien des autorités et de tous les sponsors. »

Concerts en grand format, musique de chambre, opéras en concret, propositions classiques et contemporaines… Le festival proposera à son public le programme le plus complet d’œuvres d’Enescu de son histoire : quarante-deux œuvres, y compris les cinq symphonies.

« Je vous invite à penser à l’importance de ce Festival, particulièrement cette année, à la fois au regard de son histoire illustre, mais surtout au regard de l’avenir de la culture dans ce monde, poursuit Vladimir Jurowski. La pandémie ne durera pas éternellement. Une fois dans le monde post-Coronavirus, nous ressentirons toujours plus la nécessité de nourrir culturellement nos cœurs, nos esprits et nos âmes. »

ADAPTATIONS LIÉES À LA PANDÉMIE

Pour faire face aux défis posés par la pandémie, le festival Enescu s’adapte et propose diverses modifications. Les soixante-six seront regroupés en quatre séries :
– Grands orchestres du monde (concerts qui auront lieu à la grande salle du palais)
– Récitals et musique de chambre (à l’Athénée roumain, les après-midi)
– Musique du XXIe siècle (à la salle de la radio)
– Enesco et ses contemporains (à la salle de l’auditorium, les matins)

Les organisateurs ont annulé la série de Concerts de Minuit, qui se déroulait traditionnellement à l’Athénée, à partir de 22h30, afin de réduire le flux de personnes dans la salle et de permettre une ventilation et une aseptisation adéquates entre les concerts et les répétitions.

Pour des raisons liées à la pandémie, il est possible que des changements soient apportés au programme jusqu’en septembre. Les incertitudes liées à la situation épidémiologique ont également repoussé l’annonce de mesures plus concrètes à une date ultérieure, et le début de la souscription et de la vente des billets à juin 2021. Le nombre de sièges disponibles dans les salles de concert sera réduit, toujours pour des raisons sanitaires. Pour l’achat des abonnements, un tirage au sort sera organisé, selon les procédures internationales, afin d’assurer l’équité de distribution.

Outre les concerts ouverts au public, le Festival Enesco 2021 offrira un accès en ligne aux spectateurs du monde entier, sur le principe du paiement à la séance.

LES 10 POINTS FORTS DE LA PROGRAMMATION

1/ La présentation la plus complète des compositions de George Enescu : 42 œuvres, y compris l’ensemble de ses 5 symphonies, dans l’interprétation d’orchestres internationaux. Chaque orchestre international qui sera présent au Festival va interpréter une œuvre d’Enesco.

2/ L’organisation d’un dialogue Enescu-Stravinsky, pour la commémoration des 50 ans de la mort d’Igor Stravinsky :
La Symphonie n° 5 d’Enesco (finalisée par Pascal Bentoiu) figure au programme aux côtés de deux œuvres de Stravinsky qui seront présentées pour la première fois en Roumanie, The Flood (« Le Déluge ») et Les Noces, dans un concert donné par l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin dirigé par Vladimir Jurowski et le Chœur de la Philharmonie Georges Enesco Bucarest. Les Noces est une œuvre difficile à organiser, étant écrite pour quatre pianos. Les solistes sont quatre jeunes pianistes roumains : Daniel Ciobanu, Andrei Licaret, Mihai Ritivoiu et Alexandra Silocea.
La Symphonie n° 2 d’Enesco figure à côté du Concerto pour violon en Ré Majeur de Stravinsky, présenté par l’Orchestre Philharmonique de la Mer Baltique.
– Le programme du deuxième concert donné par l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin, sous la direction de Vladimir Jurowski, comprend le Concerto pour piano de Stravinsky, dont le soliste sera le lauréat de la section Piano du Concours Enesco 2020/2021.

3/ De grands orchestres se produiront au festival : l’Orchestre Philharmonique George Enescu de Bucarest jouera lors du Gala d’ouverture sous la direction de Paavo Järvi ; l’Orchestre National de France, dirigé par son nouveau directeur musical, Cristian Macelaru ; l’Orchestre Philharmonique de Munich sous la direction de Valery Gergiev ; l’Orchestra Del Teatro Alla Scala di Milano, avec un programme spécial sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, invité pour la toute première fois au Festival et en Roumanie ; Les Dissonances, avec David Grimal comme directeur artistique et soliste ; l’Orchestre et le Chœur du Théâtre Mariinsky, dirigés par Valery Gergiev ; London Symphony Orchestra, Royal Philharmonic, London Philharmonic Orchestra, Academy of St. Martin in the Fields, Philharmonia London, Simfonia of London, London Mozart Players; l’Orchestre Philharmonique d’Israël se produira sous la direction de son nouveau chef, Lahav Shani ; le Concertgebouworkest, avec deux chefs différents pour leurs deux concerts – Daniel Harding et Alan Gilbert.

4/ Des solistes de renom : Maxim Vengerov ; Patricia Kopatchinskaja ; la violoncelliste américaine Alisa Weilerstein, qui effectue sa première visite en Roumanie, avec son orchestre de chambre The Trondheim Soloists ; Renaud Capuçon (violon) et Gautier Capuçon (violoncelle) ; les violonistes Leonidas Kavakos et Dmitry Sitkovetsky ; le contre-ténor Philippe Jaroussky ; la mezzo-soprano Joyce DiDonato et la soprano Sonya Yoncheva ; des pianistes de grande renommée déjà venus au Festival : Martha Argerich, Jean Yves Thibaudet, Yuja Wang, Khatia Buniatishvili, Maria João Pires, Kirill Gerstein.

5/ La série Musique du XXIe siècle : l’Orchestre Symphonique de Bucarest, sous la direction de John Axelrod, interprétera un programme comprenant la symphonie Istanbul du pianiste et compositeur Fazıl Say, le Concerto latin pour piano et orchestre de la pianiste Gabriela Montero, et Setlist avec Avisahi Cohen. La série comprend également des prestations de la violoniste Carolin Widmann, qui jouera à Bucarest et à Bacau, du violoncelliste Raphael Wallfisch et du baryton Sir Simon Keenlyside.

6/ Premières d’opéra : Der Zwerg (« Le Nain ») d’Alexander Zemlinsky, Die tote Stadt (« La Ville morte ») d’Erich Wolfgang Korngold. L’Orchestra dell’Accademia Nazionale Di Santa Cecilia, sous la direction de Daniele Gatti, interprétera une œuvre exceptionnelle – Requiem pour orchestre à cordes – du compositeur Tōru Takemitsu.

7/ Deux œuvres à narrateur : Robert Powell (célèbre pour le rôle titulaire de Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli, 1977) jouera le rôle du narrateur dans Oedipus Rex de Stravinsky, interprété par l’Orchestre et le Chœur du Théâtre Mariinsky sous la direction de Valery Gergiev, et dans la suite Peer Gynt de Grieg.

8/ Présence roumaine au festival : l’Orchestre et le Chœur de la Philharmonie George Enescu de Bucarest, l’Orchestre et le Chœur Académique de la Radio, les orchestres philharmoniques de Iasi, Timisoara, Bacau, Sibiu.

9/ Des concerts dans toute la Roumanie avec les artistes du festival : Timisoara, Iasi, Cluj-Napoca, Sibiu, Bacau.

10/ Promotion des artistes lauréats du Concours Enesco 2020/2021 dans des concerts aux côtés d’artistes établis.

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En savoir plus : programme complet du festival ici

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