27 janvier 1849 : l’exaltation un brin nationaliste de Giuseppe Verdi

27 janvier 1849 : l’exaltation un brin nationaliste de Giuseppe Verdi
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Instant classique – 27 janvier 1849… 169 ans jour pour jour. Le 27 janvier, qui est une belle date, ne manque pas d’atours dans l’histoire de la musique : c’est entre autres le jour de la naissance de Mozart, il y a tout juste 262 ans, de celle d’Edouard Lalo en 1823 ou celle de Juan Crisóstomo de Arriaga en 1806. C’est aussi l’anniversaire de la création d’un opéra aujourd’hui bien oublié de Giuseppe Verdi, La battaglia di Legnano – « La Bataille de Legnano« .

Cet opéra raconte, avec force anachronismes et avec l’habituelle histoire d’amour contrarié au milieu, la guerre entre la Ligue lombarde et les troupes du Saint-Empire de Frédéric Barberousse, qui finit évidemment par la victoire des Lombards à la bataille (bien réelle celle-là) de Legnano en 1176 et la mort du héros, Arrigo.

« Tu me parles de musique !! Mais que te passe-t-il par la tête ? Tu crois que je voudrais m’occuper de notes, de sons, en ce moment ?… Il n’y a et il ne doit y avoir qu’une seule musique agréable aux oreilles des Italiens de 1848 : la musique du canon !… Je n’écrirai pas une seule note de musique pour tout l’or du monde – je regretterais amèrement de gâcher du papier-musique, il sert si bien à la fabrication des cartouches. Bravo à toi, mon cher Piave, bravo à vous tous, habitants de Venise, rejetez tout intérêt de clocher, donnons-nous tous une main fraternelle et l’Italie deviendra aussi la première nation du monde ! »

Voici ce que Giuseppe Verdi écrit à son librettiste récurrent Francesco Maria Piave (qui n’a pas écrit le livret de cet opéra) le 21 avril 1848, alors qu’il compose son œuvre. C’est dire l’exaltation un brin nationaliste du compositeur, qui a alors 34 ans.

Le projet d’opéra était destiné au San Carlo de Naples, mais la censure des Bourbons n’aurait jamais laissé passer un tel sujet. L’œuvre sera donc créée à Rome, au Teatro Argentina. Mais cette création se déroule dans une atmosphère de grande fièvre : le pape Pie IX, se sentant en danger à Rome en raison d’une profonde agitation républicaine, avait quitté la ville éternelle pour se réfugier à Gaeta. Le 9 décembre 1848, le conseil des députés de Rome approuvait la formation d’une assemblée constituante et Mazzini rentrait d’exil quelques jours plus tard, avant qu’un vote libre – le premier – ne vienne entériner la naissance de la République romaine, le 21 janvier (éphémère, puisque c’est l’armée française envoyée par Louis-Napoléon Bonaparte, répondant à l’appel du pape, qui viendra la briser quelques mois plus tard, autour du Janicule…).

L’annonce de la création de La battaglia di Legnano avait donc, dans ces circonstances, suscité une sorte d’hystérie populaire : tous les billets étaient vendus, mais la foule faisait le siège du Teatro Argentina, tous ceux qui pouvaient entrer se serraient dans la salle, suscitant un chaos indescriptible aux premières mesures du chœur d’ouverture : « Viva Italia ! Sacro un patto stringe i figli suoi ! »

Le triomphe fut mémorable, mais la carrière de cet opéra s’arrêta là, malgré de très beaux moments, car il ne s’agit pas d’un opéra aussi guerrier que le titre pourrait le laisser croire et il mérite qu’on écoute bien des airs où la matière verdienne est reconnaissable entre mille. Ici, le superbe finale, « Per la salvata Italia », avec cette admirable phrase mélodique « Chi muore per la patria alma rea non ha », dans le seul enregistrement de studio de cette œuvre, hélas confié à Lamberto Gardelli, chef un peu mollasson ; mais avec un insolent José Carreras.

Cédric MANUEL



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Rubrique : « Le saviez-vous ? »



Photographie de Une – La Battaglia di Legnano d’Amos Cassioli (1860, Galerie d’art moderne du palais Pitti, Florence)



 

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